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 Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]

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Lily-An McIssac

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MessageSujet: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyVen 12 Fév - 19:46

Pourquoi ?
Parce qu'elle vous concocte toujours des surprises désagréables.


    Cela faisait au moins 15 bonnes minutes qu'un haut-parleur diffusait une voix de femme. Celle-ci se propageait dans l'appartement dont l'occupante somnolait sur un canapé. Aujourd'hui était son jour de congé et Lily-An avait décidé de ne rien faire à part se cloîtrer dans son appartement. Le travail l'occupait bien alors la jeune femme ne voulait rien faire. Sa mère, n'attendant aucune réponse de la part de sa fille, lui faisait la morale. Franchement, ce n'était pas une vie convenable pour une femme. Quand est-ce qu'elle allait enfin s'amuser ? Et puis, il fallait qu'elle surveille sa santé ! An soupira. Son corps changea de position. Heureusement pour elle, sa génitrice appartenait à ces personnes qui savaient très bien tenir une conversation seul. Les réponses d'un interlocuteur ne se révélaient qu'être des bonus. Pourquoi ne se décidait-elle pas à faire des injections de vitamines ? Elle devait être terrassée par la fatigue ! Et voilà, l'hôpital. Franchement, elle n'avait aucune raison d'y aller. Si elle la laissait dormir, elle pouvait très bien récupérer. D'un coup, la voix cessa. Un petit sourire malicieux apparut sur le visage de la petite brune. Fille 1 - maman 0. Du moins, c'était ce qu'elle croyait. Avec les mères, il ne fallait pas se réjouir trop vite, ce que Lily avait oublié.

    Une sonnerie retentit et elle sursauta manquant de tomber du canapé. Pourvu que... Feignant d'entendre le bruit, elle resta immobile un moment. Malheureusement, le visiteur ne cessa pas. Agacée, An se leva et s'approcha de la porte. Ne jetant aucun regard au visiophone, elle ouvrit et avant qu'elle n'ait pu dire quoique ce soit, sa mère avait pénétré dans son appartement. Un sac en main, elle arborait un air triomphant. Tu m'ignorais ma fille, maintenant je suis là. Personne ne pouvait se tromper sur leur filiation. Leur taille était identique ainsi que leur silhouette fine. An tenait de sa mère, ses cheveux sombres assez raides et fins, alors que de son père biologique, elle avait pris la forme des yeux. Regardant la femme s'agiter sur place, elle comprit que rien de bon arriverait. Une de ses amies avait fait appel à elle. Disons que cette femme se trouvait dans une situation désespérée. Lily-An haussa vaguement les épaules avant de se rendre dans sa cuisine. Qu'est-ce qui était entrain d'être tramé dans son dos ? Sa mère continua son récit expliquant que cette dame avait un fils. Oh bien sous tout rapport ! Il était le médecin chef de l'hôpital, beau garçon, bon il n'appartenait plus à la Lux mais pour passer un bon moment, ce n'était pas grave. Lynton Ashlow ! Elle avait forcément entendu parler de lui. Sa vie sentimentale désolait sa pauvre maman. Tout comme elle avec sa petite brune préférée. On arrivait, enfin, au fin de mot de l'histoire. Cependant An crût s'étouffer lorsque sa mère lui annonça fièrement qu'elle lui avait arrangé un rendez-vous.

    « - MAMAN ! »

    Le hurlement fit rire la concernée. Allons, allons, ce n'était pas si grave. Pas la peine de s'énerver, c'était mauvais pour la tension. De toute façon, ça n'engageait à rien et puis elle avait mauvaise mine ces derniers temps, une petite consultation lui ferait du bien. Qui sait peut-être que l'homme lui plairait. L'étincelle malicieuse qui brilla dans les prunelles de sa mère lui arracha un grognement. Quel genre encourageait sa fille à aller coucher avec un individu dont elle ne connaissait rien. Pour elle, c'était clair. Elle n'irait pas. Sa génitrice grogna à son tour en voyant le petit air décidé de Lily. Quel genre de fille n'essayait même pas de faire plaisir à sa mère ?! Ah les reproches, il fallait bien qu'ils arrivent. Les deux femmes se chamaillèrent pendant une bonne heure avant que l'une ne s'avoue vaincue. Ce n'était pas très beau à voir. Surtout que deux caractères bien trempés s'affrontaient. Cependant la mère savait quel argument pouvait s'avérer efficace en vue de faire fléchir sa fille. Son petit tour porta d'ailleurs ses fruits.

    Une dizaine de minutes plus tard, devant son miroir, An s'observa. Elle portait une robe blanche toute simple avec des broderies. Aux pieds, des chaussures blanches, elles aussi. Sa chère maman trépignait. La jeune femme se demanda qui allait réellement au rendez-vous. Le sourire de la plus jeune était crispé, toutefois elle écoutait sagement les consignes. Si Lily pouvait éviter de le mordre dès leur première rencontre, ce n'était pas plus mal. Oui, oui, elle serait gentille. Bien sur, elle disait cela pour lui faire plaisir parce qu'il était hors-de-question qu'elle s'aplatisse devant un homme. Etant donné qu'il ne s'agissait pas que la jeune femme fuit - ce dont elle était tout à fait capable - devant la porte de l'hôpital, sa mère lui attrapa gentiment le poignet après lui avoir fourré un sac orange dans les mains. En voiture, An soupira songeant aux paroles qui l'avaient perdue. Fais au moins ça pour ton pauvre père. Ce dernier ne lui demandait jamais rien mais il espérait que sa fille fasse sa vie, lui donne un petit-fils ou une petite-fille. Néanmoins, le bon vieux Mc Issac n'était pas du genre à forcer sa petite Lily. Il se disait que le bon moment arriverait tôt ou tard. Enfin c'était vraiment bas de se servir de son père et la brunette adressa un coup d'oeil noir à sa mère. Qui n'en fit rien.

    Le véhicule s'arrêta à la hauteur l'hôpital. Le visage de la jeune femme se tourna vers celui de sa mère qui affichait un petit sourire rempli de satisfaction. An émit un couinement avant de lancer un regard suppliant, cette fois, à l'autorité maternelle. Rien à faire. Elle devait y aller. Pour qui passerait-elle auprès de son amie ? Elle lui avait promis. Lily-An jugea que c'était un peu facile d'engager sa parole sans lui avoir demandé son avis avant. C'était la moindre des choses tout de même. La jeune femme roula des yeux avant de lâcher sur un ton amer.

    « - Je suis sure que tu serais capable de vendre ta propre fille ! »

    En réalité, elle ne le pensait pas mais elle devait bien se plaindre. Sa maman avait ruiné sa journée après tout ! Ce fut sur ces paroles agréables qu'elle quitta la voiture. La brune se trouvait dans une bien mauvaise disposition pour un rencontre mais elle savait que derrière elle, une personne la fixait. Une personne qui attendrait le temps qu'il faut pour être sure qu'elle n'avait pas filé. Lynton Ashlow, le bureau du médecin chef. Interpellant une infirmière, An lui expliqua poliment son cas. La femme lui adressa un sourire professionnel et lui pria de la suivre au dit bureau. Sagement, ses mains tenant bien son sac, elle marcha dans le couloir. Elles arrivèrent à la pièce concernée et l'infirmière après avoir annoncé l'arrivée de mademoiselle Mc Issac les laissa. La petite brune entra, les bras croisés. Son expression disait clairement qu'elle n'avait pas l'intention de s'éterniser en ces murs. Après quelques minutes d'observation, elle concéda un point à sa mère. Il était beau garçon mais pas du tout son type d'homme. Il n'avait pas cette aura de sérieux qui lui plaisait. Maintenant qu'elle avait vu le spécimen tant vanté par sa génitrice, autant mettre les choses au clair avec ce dernier.

    « - Bon, si possible, que diriez-vous si nous abrégions cette entrevue ? Je ne voudrais pas vous faire perdre votre temps. »

    La jeune femme s'approcha et se laissa tomber dans le fauteuil du médecin chef. Ce n'était pas des manières mais jouer la petite peste pouvait l'aider. C'était simple, elle faisait mauvaise impression, monsieur se plaignait, disait qu'il ne voulait plus entendre parler d'elle et le tour était joué. An avait toujours utilisé le même principe pour se débarrasser de ses rendez-vous arrangés. Malheureusement cela ne fonctionnait pas toujours. Il y avait des cas plus sérieux que d'autres. Cela dépendait toujours du type d'homme. Enfin, heureusement, sa mère avait tendance à les choisir un peu tous sur le même modèle. Si cet homme-là avait quitté la Lux, il n'avait sûrement pas envie d'avoir une histoire avec une femme de cette loge. Cela simplifiait grandement le tout. An posa son sac sur le bureau et croisa les jambes, le tissu se relevant un peu au passage. Ses yeux sombres glissèrent sur la silhouette du médecin.

    « - Nous pourrions leur dire que nous ne sommes vus, vous dîtes à votre mère que je ne vous corresponds pas, je dis la même chose à la mienne et tout est réglé, qu'en pensez-vous ? »

    Allez d'ici quelques minutes, toute cette histoire était réglée. Elle rentrerait chez elle et tout irait bien. Ou peut-être qu'elle irait se promener puis boire un verre. Maintenant qu'elle était sortie autant en profiter, non ?
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Lynton Ashlow

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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptySam 13 Fév - 22:05

Pourquoi ?
Parce qu’elle vous veut beaucoup, beaucoup trop de bien. Au risque de rater complètement son coup.

    Lançant un énième coup d’œil au papier posé contre sa lampe de travail, Lynton soupira. Depuis la venue se sa mère, il n’arrêtait pas de regarder le damné bout de feuille. Parce que sa génitrice lui avait fait le plaisir de passer ce matin et bien entendu, elle lui avait apportée une surprise. Un rendez-vous arrangé. Bien entendu, elle n’avait pas prit la peine de lui en faire part d’avance, ça aurait été trop beau pour être vrai. Et puis, il fallait le dire, c’était bien son genre de se mêler de la vie des autres. De la sienne surtout et abandonnant le dossier qu’il terminait de rédiger, il attrapa le dit papier. L’heure qui y était écrit approchait dangereusement et un coup d’œil à l’horloge accrochée au mur, lui donna raison. Il n’arrivait pas à y croire, sa mère lui avait arrangé une rencontre avec la fille de l’une de ses amies. Bref, un mauvais plan. Pour lui, pour elle, pour tout le monde. Bien sur, il n’avait pas refusé de rencontrer la jeune femme, sa mère aurait été bien trop vexée tien, mais il n’était pas tellement partant. Il comptait donc sur la dite jeune femme pour lui faciliter les choses. Peut-être qu’elle ne viendrait pas ? Peu probable, si sa mère et la sienne étaient amies, ce devait être aussi difficile de lui refuser quelque chose à elle, qu’à la sienne. Soupirant devant sa propre lâcheté et son manque de chance aussi tien, il repoussa ses lunettes sur son nez et reposa le papier au même endroit. Dans une heure… qu’est-ce qu’il allait faire hein ?

    Tentant tant bien que mal de se concentrer sur autre chose, il avait fait attention à traîner un peu plus longtemps avec les infirmières de son secteur. Discutant avec celles-ci, se montrant plus sage qu’à son habitude, par crainte d’être chassé s’il se montrait trop entreprenant, il fit de son mieux pour oublier que dans peu de temps, il devrait faire face à une jeune femme de la Lux. D’ailleurs, qu’est-ce qu’elle viendrait faire ici hein ? Il n’avait rien à offrir, sauf peut-être une nuit délicieuse mais il doutait fort que c’était le but de leur rencontre. C’était quand même sa mère qui la lui présentait, enfin en quelque sorte. Il n’avait donc aucune intention de jouer cette carte la, ça aucun danger même. Sa mère lui ferait toute une histoire sinon, enfin il supposait sans trop de mal. Sirotant son café, ayant presque peur de retourner dans son bureau, il en finit par se trouver franchement ridicule. On aurait dit un gamin qui allait voir le dentiste avec la peur au ventre. Ce n’était pas une entrevue de mariage nom de dieu ! Ce n’était pas même un réel rendez-vous ! Grognant tout bas, il termina rapidement sa tasse de café, laissant une stagiaire, qui passait par là, rire devant sa conduite. Le docteur Ashlow ne semblait pas dans son assiette cet avant midi, maman lui aurait-elle fait une remarque troublante ? Esquissant un petit sourire charmant à la jeune femme, il se pencha un peu plus vers elle pour parler tout bas.

    « Bien que ma mère soit chère à mon cœur, le mien est celui d’un pirate. Hors, un cœur ne pirate ne saurait ignorer l’appel d’une sirène. Si vous désirez plus d’attention ma chère, il suffit de chanter. »

    Laissant la jeune femme sourire avec un air étrange, mi amusée et mi troublée par ses paroles sans sens logique, il s’inclina joyeusement et rejoignit son cabinet. Enfin, il n’eut pas réellement le temps de se rendre, que déjà une infirmière indiquait son bureau à une jeune femme. Se passant une main sur la nuque, s’assurant que ses cheveux étaient toujours attachés, il préféra ignorer la nouvelle venue. Ce n’était sûrement pas elle. Allons, pas d’inquiétude, il ne devait pas devenir paranoïaque. Mais l’infirmière l’interpella et lui indiqua la jeune femme, qui venait déjà vers lui et il ne put s’empêcher d’écarquiller les yeux. Non, c’était vraiment elle ? Il n’était pas prêt lui !

    Trop tard et elle entrait déjà dans son cabinet, Lynton se contentant de lui ouvrir la porte, un petit sourire contrit aux lèvres. Il ne valait pas grand chose mais c’était le mieux qu’il était en état de lui offrir alors qu’il cherchait encore ce qu’il était sensé lui dire. Pire, ce qu’il devait faire. Qu’est-ce sa mère avait dit déjà ? Ah oui, une jeune femme forte et indépendante, vivant à Raimyo comme lui. Venant d’une famille appartenant à la Lux, c’est vrai que cela changeait mais il lui en fallait plus que ça pour l’épater. Tien, même ça il n’était pas certain que ce sois possible, l’épater. Refermant donc doucement la porte, il se frotta la nuque pour la regarder plus attentivement. Baissant un peu le visage et en tournant légèrement sa tête vers la droite, il se mit à détailler son visage. Réalisant qu’elle était plus que simplement jolie, son sourire devint plus naturel. Sa mère n’avait pas mentie, c’était une très jolie fille. Asiatique non ? Elle en avait les traits du moins et puis elle ne semblait pas avoir de véritable âge. Un chiffre vague mais parfait, la jeunesse dans toute sa splendeur, un entre-deux inégalable. Il l’enviait un peu tien. Redressant le menton, il plissa doucement les yeux, son sourire s’étirant alors qu’il regardait ses bras. Elle était sur la défensive en ce moment, ses bras croisés le laissant clairement comprendre et il en fut follement amusé. S’approchant doucement de la table d’examination, Lynton s’y appuya de sa main libre, le bout de ses fesses s’y posant alors qu’il terminait de détailler son invitée surprise. C’était dommage qu’une aussi jolie demoiselle lui soit présentée sa mère. Vraiment…

    Il s’attendait donc à ce qu’elle lui parle des projets de sa mère, normalement à son âge les jeunes femmes de la Lux dépendaient encore beaucoup de leurs parents, c’était un fait. Hors, elle avait beau ne plus vivre avec ceux-ci, elle pouvait encore leur être très attachée et c’était donc très plausible selon lui. Sauf que non, pas du tout et alors qu’un petit sourire amusé glissait sur ses lèvres, ses yeux détaillant les jambes avec plaisir, elle lança tout autre chose. En fait, le rendez-vous ne lui faisait tout aussi peu plaisir qu’à lui visiblement et elle comptait bien l’abréger au plus vite. Là non plus, sa mère n’avait pas mentie ! C’est qu’elle avait un caractère fort la petite dame. Au moins ils s’entendaient, c’était déjà ça et il sourit avec plaisir, redressant la tête pour la regarder alors qu’elle se laissait tomber sur son fauteuil. Il était déjà tout prêt à lui donner raison et à lui assurer son appui quant à son projet, sois de partir au plus vite, sauf que pour une raison inconnue, à la base du moins, il n’arriva pas à prononcer les paroles correctes. Ce fut un autre amas de mot, qu’il trouva grotesque dès ses lèvres franchies, qui lui échappèrent.

    « Oh mais j’ai tout mon temps et puis sans attentes distinctes, il est difficile d’être déçu miss. Miss quoi d’ailleurs ? Ma mère ne m’a pas fait l’honneur de vous présenter. »

    Non mais il s’en fichait de son nom, il n’avait pas même eu l’intention de la rencontrer. Il avait sérieusement songé à fuir, à être très loin lorsqu’elle arriverait. Pourquoi est-ce qu’il tentait de lui faire la conversation ? Soupirant, il tira sur l’élastique retenant ses cheveux et laissa ceux-ci retomber sur ses épaules. Son autre main parcourut aussitôt la masse de cheveux. Allons, il devait se reprendre. Il n’avait aucune envie de lui sortir son petit numéro de drague et puis quand bien même c’était ce qu’il venait de faire, il y était allé assez faiblement. Aller, un petit effort. Sauf qu’elle bougea et dès que sa jambe se souleva, le bleu de ses yeux s’y intéressa, captivé par le mouvement. Le tissu de sa robe se redressa subtilement, très lentement même et il plissa un peu plus les yeux, comme s’ils étaient devenus soudainement des télescopes et que, qu’en agissant de la sorte, il aurait une meilleure vue. Ce qui ne fut malheureusement pas le cas, fait fort regrettable. Mais tiens, quelle sorte de dessous portait-elle donc sous cette robe ? Quelque chose de léger et de pâle surement. Réfléchissant à la question, imaginant déjà quelques possibilités, il n’écouta que d’une oreille le début de la suite de la jeune femme, très concentré sur la dite question. Parce que ça, voyez-vous, c’était un vilain défaut chez lui. Il ne s’intéressait jamais qu’à des choses futiles et lorsque c’était le cas, il y songeait très sérieusement. Là, c’était les dessous de la jeune femme sans nom. C’était assez loin d’être futile d’ailleurs et cette réflexion lui arracha un petit sourire intéressé, son regard se faisant plus brillant. Pour une fois que sa bêtise légère, cette brise de fraîcheur lui semblait intelligente !

    Ce ne fut qu’au mot ‘mère’ qu’il revint à lui. Pourquoi à ce mot ? Parce que la sienne était terrible, parce qu’il l’aimait malgré cela et que s’il ratait quelque chose à son sujet, ou au celui de celle que la jeune femme possédait, il pouvait être dans de beaux draps. Et pas ceux dont il avait bien envie en ce moment disons. Donc, elle parlait de le laisser dire à sa mère qu’elle ne lui convenait pas ? Il fut surpris par ses paroles, à nouveau. C’est qu’elle ne voulait vraiment pas rester hein ? En temps normal, ce genre d’attitude l’aurait bien arrangé, encore plus si la dite jeune femme n’avait pas grand-chose d’attirant sauf que voilà, celle-là avait un truc en plus. Il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus et ce n’était peut-être qu’une impression mais elle dégageait quelque chose de particulier. Une force que les jeunes femmes bien nantis ne possédaient pas et ne posséderaient peut-être même jamais. Croisant les bras à son tour, il la détailla avec amusement, reprenant son éternel sourire joueur. Et s’il poussait le jeu un peu plus loin ? Parce qu’il devait bien l’avouer, ça ne lui plaisait pas qu’elle laisse sous-entendre comme ça, aussi rapidement surtout, qu’il ne lui convenait pas. Il ne l’intéressait pas même un petit peu ? Ce n’était pas du jeu !

    « C’est vrai, nous pourrions faire comme vous dites… mais ! Ma mère est une femme intelligente et puisque la votre est l’une de ses bonnes amies, à ce que j’ai cru comprendre, elle l’est sûrement tout autant. Hors, ma mère connait bien mes goûts en matière de femme et pour avoir rejeté plus du trois quart de celle qu’elle a osée me présenter jusqu’à aujourd’hui, je puis vous assurer que cette fois, elle ne me croira pas. »

    Vil flatteur ? Un peu sûrement mais il n’en restait pas moins que le spécimen qui se trouvait sur sa chaise lui convenait en tout point. Menue, sans âge distinct mais d’une jeunesse délicieuse, elle avait même ce petit air de défi qu’il aimait chez les femmes. Et puis ses jambes, surtout ses jambes. Ahem, chaque homme à ses faiblesses. Et puis d’accord, les jeunes femmes qu’il avait rencontré par le passé n’étaient pas si moche que ça, sa mère avait fait un minimum d’effort tout de même mais voilà, il n’avait pas réussit à les apprécier plus qu’en surface. Hors, celle-là, la jeune femme sans nom et aux bras croisés, lui plaisait bien. Le coin gauche de sa bouche se redressa un peu plus alors qu’il détaillait les dites jambes, les appréciant autant qu’elles le méritaient et c’est qu’elles en valaient la peine les petites !

    « Et puis je n’aime pas mentir à ma mère. Elle a beau être envahissante, elle ne fait ça que pour mon bien... Non ? »

    Eh si, il osait et ça l’amusait en plus. Est-ce qu’elle allait grogner ? Il avait comme l’impression que de la faire grincer des dents serait amusant, aussi bête que cela puisse sembler. Franchement, avec une moue au visage, elle devait être adorable. Un sourire superbe aux lèvres, se montrant diplomate, il continua d’une voix plus douce.

    « J’ai donc l’audace de rejeter votre requête miss. Commençons par aller déjeuner ensemble, disons… maintenant ? Puis, nous verrons, si comme vous le dites, je ne vous conviens pas. »

    Échec et mate ? Il espérait bien. En plus, c’était l’heure d’aller déjeuner non ? Redressant la tête, il regarda l’horloge et un sourire de vainqueur aux lèvres, redressa son index pour l’indiquer à la jeune femme. Allons, un petit repas en sa compagnie ne lui ferait pas de mal et puis, même s’il se refusait à l’avouer, sa fierté n’avait aucune envie d’être piétinée comme ça. Après tout, les autres jeunes femmes avaient semblées un minimum intéressées. Celle-là n’allait pas lui échapper tout de même ! Sans parler qu’elle avait le bon profil. Il ne restait plus qu’a voir si elle possédait la force de le ‘dompter’ comme disait sa mère. Ça, c’était un atout qu’il était impatient de voir apparaitre.
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Lily-An McIssac

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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyMer 17 Fév - 13:55


    Une moue agacée se dessina sur ses lèvres. Comment ça, il avait tout son temps ? Ses plans paraissaient s'envoler petit à petit. Mais n'était-ce pas étrange de la part du médecin chef de sembler aussi libre ? Ses yeux sombres le détaillèrent un moment alors qu'elle réfléchissait à un possible échappatoire. En plus, s'il n'avait pas d'attente, cela compliquait passablement les choses. Silencieuse, Lily jugea étrange que la mère de l'homme n'avait pas mentionné son identité. Peut-être avait-elle envie de lui faire une surprise ? Elle devait être un drôle de numéro. Ou alors sans doute cette femme craignait qu'il la fuit. Après tout, elle était de la Lux, avec son identité, il aurait pu trouver des informations sur sa personne. Est-ce que la mère de monsieur Ashlow avait pensé à cela ? Posant un coude sur le bureau, An laissa ses doigts courir sur le meuble. Ses doigts bougèrent des feuilles empilées avant de les abandonner. Ce n'était pas l'heure de mettre le bazar dans ses affaires. Un petit air sage pour expression, une question se balançait dans son esprit. Répondre ou ne pas répondre ? Avec nonchalance, la brune lança tranquillement.

    « - Mc Issac, Lily-An Mc Issac... » Elle eut un petit sourire. « Mademoiselle »

    Ce détail s'échappa de ses lèvres sans qu'elle le veuille. Il y avait même un peu de dureté dans ce dernier mot. Comme s'il avait voulu dire qu'elle ne souhaitait pas devenir 'Madame'. Enfin, elle aurait pu être mariée, avoir divorcé et gardé le nom de son ex-mari. Mais tout de même pourquoi est-ce qu'elle le précisait ? Il s'en fichait, non ? Il suffisait de voir son air absent. Ses yeux perdus dans le vague suggéraient qu'elle pouvait lui raconter n'importe quoi, l'homme lui paraissait absorbé par autre chose. Elle doutait même qu'il ait entendu quoique ce soit. Un toussotement se fit entendre. Une façon comme une autre de faire revenir sur terre, le monsieur. Oubliant cette tentative, An continua faisant sa proposition. Franchement, lui montrer un semblant d'intérêt aurait été la moindre des choses. Parler au mur devait être exactement la même chose. Sauf que le mur ne montrait pas un vif intérêt pour ses jambes. Même si elle n'avait rien, la jeune femme avait fini par retracer la trajectoire du regard du blond. Elle hésita à lui faire remarquer que ce n'était pas très correct. Ce genre de comportement se révélait suspect. Cela devait être un sacré coureur de jupons. L'image des infirmières s'imposa dans son esprit. Non, il n'osait tout de même pas. Si, sûrement. Sauf s'il adoptait un comportement parfaitement professionnel. Heureusement Lily-An était très loin de se douter des songes de sa rencontre du jour. Heureusement pour lui, surtout car la petite brune n'aurait pas hésité à le gifler. Fils d'un ami de sa mère ou non. Si elle devait commencer à faire des faveurs juste parce que certains hommes connaissaient ou avaient une personne qui côtoyait sa génitrice, elle n'aurait pas fini.

    Enfin elle parut regagner un semblant d'intérêt mais le sourire de l'homme ne lui disait rien de bon. La suite ne fit que confirmer ce qu'elle pensait. Alors lui aussi était un habitué des rendez-vous arrangés ? Cette pensée la fit sourire doucement. Cela ne l'étonnait guère. Avec son physique et son travail, sa mère devait désespérer de lui trouver quelqu'un. Simplement quand un homme vous disait qu'il avait rejeté quasiment toutes les prétendantes présentées par sa mère et que malgré, ses qualités physiques et cérébrales, le dit monsieur se trouvait encore seul, il y avait anguille sous roche. Quel genre de défaut pouvait-il avoir ? Et pourquoi sa mère ne le croirait-elle pas ? Il était tout à fait plausible qu'elle se soit trompée une fois de plus. Pourtant l'eurasienne crut comprendre qu'elle lui plaisait. Bien sa veine ! Venue en se disant que ce serait la routine, bonjour, tout le plaisir était pour moi, adieu, elle se retrouvait avec un homme intéressé en apparence. Une voix malicieuse lui disait de s'amuser et puis de le laisser, une autre lui suggérait de partir aussi vite que possible, et s'il était collant ?! Hésitant, An décroisa ses jambes. Un sourire moqueur apparut sur ses lèvres. On ne lui avait jamais encore fait ce petit numéro. Qu'est-ce qu'elle en avait à faire qu'il n'aimait pas mentir à sa mère ? Elle, non plus enfin pas tout le temps. Seulement, si cela s'avérait nécessaire. Donc dès que cela touchait la sphère sentimentale. Ses prunelles sombres s'attardèrent sur ses ongles soigneusement faits. Elle avait trouvé son défaut. Sa mère. Maintenant c'était clair, le point noir s'appelait Madame Ashlow. D'une voix douce où la moquerie ne se cachait nullement, la jeune femme souffla.

    « - Oh, vous êtes donc le gentil garçon à sa maman, hm ? Grand bien vous en fasse, mon cher... »

    Elle avait déjà assez à faire avec la sienne, ce n'était pas pour récupérer celle d'un autre. Encore plus si cette femme s'avérait être une grande amie de la sienne. Bonjour les interventions dans la vie privée. Bonjour les conseils indésirables. Bonjour la curiosité. La sienne aussi faisait ça pour son bien. Seulement le plus grand bien, qu'elle pouvait lui faire était de la laisser tranquille. Fait qui n'était pas encore prévu du moment que sa fille n'avait pas un mari et un enfant. Pour certaines personnes s'étaient l'accomplissement ultime. Pour Lily-An, une contrainte parentale. Majeure, elle avait pensé, bêtement, échapper à tout cela. Un soupir contrarié s'envola dans l'air. Pourquoi le monde était-il contre elle aujourd'hui ? Qu'avait-elle fait de mal ? Le jour du repos n'existait-il donc pas ? L'invitation, bien que séduisante, ne pouvait être acceptée. D'ailleurs, elle souhaitait être particulièrement claire à ce sujet.

    « - Voir quoi ? Je n'ai pas envie de fréquenter un homme que ma mère m'a choisi comme si elle m'avait déniché le dernier jouet tendance. » Elle se leva, ses mains se posant sur ses hanches. « Je propose donc que nous nous en tenions là, monsieur Ashlow. »

    En même temps, ce dernier lui tenait tête et ne paraissait nullement impressionné par son comportement. Et ce sourire de vainqueur l'agaçait profondément. Il croyait vraiment pouvoir s'en tirer comme cela, n'est-ce pas ? De plus en plus, Lily-An se trouvait prête à changer d'avis. Attrapant son sac, elle se dirigea vers l'homme. Elle n'avait pas envie de manger avec lui mais se faire inviter restait une chose intéressante. Pas besoin de payer. De toute façon, il avait suggéré cette idée de sortie, il n'était pas question qu'elle dépense un seul centime. Le malmener sur plusieurs front lui plaisait bien et d'un coup, elle se surprit à prendre le même chemin que Lynton.

    « - Après le déjeuner. » Ses yeux se plantèrent dans les siens. « Nous verrons si vous êtes capable de me supporter. » Un sourire angélique glissa sur ses lèvres. « Ah et comme vous avez proposé, j'en conclus que vous n'aurez pas l'audace de me faire payer. »

    Ils mangeaient ensemble, monsieur était satisfait, elle jouait sa petite peste au restaurant, il la jugeait insupportable et tout était réglé. Après avoir mangé à l'oeil, un peu de shopping pour le moral, en voilà une journée qui pouvait prendre une tournure parfaite. Le seul intérêt, qu'elle éprouvait, était celui de faire ravaler son sourire au médecin. Le délaissant, elle glissa vers la porte prête à sortir pour sa part. La petite brune songea à une fausse excuse mais franchement, elle n'en avait guère en stock. Un soudain rendez-vous, un jour de congé, trop suspect. Une double vie, pas elle. Un appel paternel, sûrement pas, il était la dernière personne à l'appeler pendant une rencontre. En même temps, Lily-An songea que selon l'endroit choisi, elle pourrait avoir une idée du monsieur. C'était une manière comme une autre de définir les goûts d'un homme. Gentiment son talon tapa contre le sol comme un rappel à l'ordre. C'était maintenant ou jamais. Sa main gauche ouvrit la porte, soit il se dépêchait et ils allaient manger ensemble, soit elle sortait et le plantait là. Un petit air joueur illuminait son visage. Attrapera, attrapera pas. Qu'il ne se trompe pas, elle n'était pas du genre à tomber dans les bras d'un membre du sexe opposé. Son père avait du l'éduquer avec une trop important notion de mérite. Les voix du personnel soignant se faisait entendre. Cela discutait du temps, des patients et du très charmant médecin chef. L'une d'elle souffla que ce dernier lui avait dit qu'il possédait un coeur de pirate. An lança un coup d'oeil intrigué au blond. Alors il jouait réellement le Don Juan auprès des femmes ? Pinçant ses lèvres, elle secoua doucement sa tête de gauche à droite.

    « - Tttt, typiquement le genre d'homme dont je ne veux pas. »

    À croire que sa mère ne l'écoutait jamais.
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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyVen 19 Fév - 1:29


    Lily-An alors. Charmant prénom, vraiment. Personnellement, il n’avait jamais aimé le sien. Mais ce n’était pas le temps de songer à son nom et il se contenta donc de sourire à la jeune femme. Mademoiselle hein ? Il faillit rire mais ça n’aurait pas été charmant de sa part, hors il ne lui restait surement que ça pour la surprendre. Non ? Elle verrait le reste de ses défauts bien assez vite, il en était convaincu. Ça venait toujours très vite. Ce n’est pas sans raison d’ailleurs que normalement, il se contentait d’une nuit. Une fois que le poisson avait mordu, il fallait faire vite, sortir le petit numéro de l’homme parfait et puis la consommation venait. Il ne fallait surtout pas que le poisson réalise quel genre d’homme il était. Enfin, il attirait tout de même le même genre de poisson depuis un moment. Tout allait bien donc.

    « Hm, Mademoiselle McIsaac alors. Charmant prénom. Ça vous va très bien. »

    Une fleur devait être appelée une fleur et c’est ainsi que les choses se passait pour Lily-An. Ça lui allait. Un prénom poétique à ses yeux, très joli, vraiment. Après, est-ce qu’il avait cru qu’elle était autre chose qu’une ‘mademoiselle’ ? Non. Il n’imaginait pas réellement sa mère lui envoyer une femme mariée, quoi que ça aurait pu être drôle. Mais elle le connaissait non ? Il n’aimait pas jouer avec ce qui était déjà possédé par un autre. Non pas qu’il ait envie de monopoliser ses jouets, même qu’il s’en lassait plutôt rapidement mais plutôt parce qu’il ne cherchait pas à s’attirer des ennuis. Les scènes de ménage, non merci. Il laissait cette chance aux autres. Une femme divorcée, pourquoi pas mais encore là, ce n’est pas parce que Lily-An précisait être une damoiselle, qu’elle n’avait pas un ex-mari dans les talons. Souriant donc toujours, tout ceci l’amusant beaucoup plus qu’il ne l’aurait cru, il se laissa aller encore une fois à contempler ses jambes. C’était terrible des jambes comme ça, comment un homme devait pouvoir lui faire la conversation si elle s’amusait à les mettre sous son nez hein ? Parce que bien entendu, c’est elle qui les lui montraient, quoi qu’il n’ait rien demandé de mieux à faire hein.

    Et voilà, elle lui jouait le numéro de la femme inaccessible, lorgnant sur ses ongles. Il eut bien envie de lui dire qu’elle n’avait aucune bonne raison de les regarder, qu’ils étaient parfaits mais ça aussi, ça aurait été loin d’être charmant. Il se contenta donc d’attendre. Après tout, ses jambes étant maintenant bien droites, elle n’était plus aussi tentante. Sa jolie voix s’éleva alors à nouveau, le surprenant par ses paroles. Elle tentait une offensive ? Vilaine fille va, sa maman ne lui avait pas apprit que c’était vile de dire des choses pareilles aux gentils messieurs ? Tut tut tut ! Tant qu’il ne lui mettait pas une main dessus, il restait un gentil monsieur. Eh si, il fallait de bonne preuve pour le convaincre du contraire. Hors, elle, elle n’en avait aucune. Pour le moment. Peut-être jamais. Il penchait pour la première option. Quand bien même elle était la fille d’une amie de sa chère mère, elle restait bien assez jolie et puis ce ton, elle tentait de le séduire là non ? Il adorait les choses difficiles à atteindre. Lily-An représentait un défi intéressant et charmant, il se pencha donc légèrement vers elle, la voix terriblement douce.

    « Oui, j’apprécie ma mère, même si elle peut s’avérer assez pénible par moment et puis, si je puis me permettre miss McIsaac, je suis assez content de ne pas me savoir seul dans ma position. Puisque vous êtes ici, j’en conclu que vous êtes, vous aussi, très attachée à votre mère. Sinon, un simple refus aurait suffit ou encore, vous auriez pu tout simplement fuir. Pourtant vous êtes ici, n’est-ce pas merveilleux de rencontrer des enfants aussi charmant que nous deux ? »

    Souriant avec une innocence déconcertante, il inclina doucement la tête vers l’avant, comme s’ils les félicitaient réellement tous les deux. Sauf qu’il venait de l’agacer, non ? Peut-être était-ce de l’exaspération ? Il se remit à sourire avec amusement, en fait il souriait en quasi-permanence oui. Mais elle était franchement amusante cette petite fleur ! Alors selon sa mère, il était le dernier jouet tendance ? Drôle de compliment mais pourquoi pas. C’était un compliment comme un autre !

    « C’est assez original comme compliment mais merci, c’est flatteur à sa façon. »

    Mais elle n’en avait pas terminé avec lui et déjà, lui annonçait qu’ils s’en tiendraient là. Oh, elle n’était pas drôle la dame. Et lui qui songeait sérieusement à aller dîner avec elle ! Bah, son sourire de vainqueur ne perdit rien de son éclat et sur de pouvoir la faire changer d’avis, il la scruta attentivement alors qu’elle s’approchait de lui, le devançant presque. Après le déjeuner dit-elle. Alors il avait le déjeuné pour la convaincre qu’elle faisait une belle bêtise en le laissant filer ? Ça lui semblait assez amusant ! Et puis la façon dont elle prononça chaque syllabe de son ‘me supporter’, le fit presque frémir d’anticipation. Oh oui, qu’elle fasse sa peste, il allait se faire un réel plaisir de la démonter. Il avait connu pire; des femmes imbuvables mais dix fois moins belle qu’elle tien. Parce qu’au début, il avait voulu faire plaisir à maman et donc, rencontrer les jeunes femmes qui étaient sensées consoler son cœur brisé, en recoller les morceaux. Elles n’avaient bien sur pas été à la hauteur et si aujourd’hui il s’en lavait les mains, il savait bien qu’il en avait tiré une expérience. La petite ‘mademoiselle’ allait donc tester ses nerfs. Répondant à son sourire, il décroisa lentement les bras.

    « Je n’oserais pas voyons. Et je ferais de mon mieux, Mademoiselle McIsaac. J’espère seulement que vous ne serez pas trop déçue par mon endurance. »

    Sur de lui ? Toujours ! Il la laissa donc filer vers la porte, refermant ses dossiers rapidement pour être rappelé à l’ordre par un bruit de talon. Là, un grand sourire de pur amusement le prit d’assaut et un rire bref lui échappa alors qu’il se tournait pour observer la jeune femme. Pressée n’est-ce pas ? Retirant sa blouse blanche, il la rejoignit sans plus attendre et lui indiqua l’extérieur de la pièce d’un grand mouvement de bras. Lynton avait toujours été connu pour ses gestes particuliers. Il aimait parler lentement, faire de grand mouvement, un peu dramatique tout ça mais lui, il trouvait ça classe. Même aujourd’hui. Vieux jeu ? Oui surement mais lorsque ses victimes avaient un peu bu, elles trouvaient toujours ça adorable. Si si, je vous le jure ! Et puis Lily-An jouait avec lui en ce moment non ? Oui, son air en disait long et c’est avec la même satisfaction qu’il la suivit, faisant un rapide signe à l’infirmière en chef. Il sortait manger. Elle opina doucement du chef et il fila derrière la demoiselle. D’ailleurs ils avaient presque atteint le corridor, sortant de la salle d’attente du secteur que son invitée se remit à parler. De lui ? Il hésita un instant puis remarqua la jeune interne de plus tôt et sourit avec amusement.

    « C’est peut-être pour ça que vous êtes encore une ‘ mademoiselle’ ? À trop faire la fine bouche, on se retrouve le ventre vide. »

    Il n’avait pas dit ça méchamment, même que c’était un ton presque tendre tien et un sourire joueur scotché aux lèvres, il haussa les épaules. C’était son problème à elle, pas le sien. À moins que ce ne sois aussi son problème ? Lui aussi, il était seul tout de même. Devançant un peu la jeune femme, il fit un petit signe à l’infirmière qui approchait d’eux, celle qui s’occupait de l’accueil en fait. Elle observa la jeune compagne du médecin et celui-ci se contenta de lui annoncer sa pause déjeuné. Elle opina du chef et continua son chemin, intriguée. Depuis quand est-ce que le médecin faisait venir ses conquêtes ici ? Bah, ça ne la regardait pas et Lynton sortit enfin de la bâtisse avec la jeune femme. Alors, ou comptait-il l’amener ? Il hésita un moment, plissant un peu les yeux alors qu’il fixait un taxi passé devant eux. Déjà, prendre un taxi serait surement plus sur pour la jeune femme que de se glisser dans sa voiture à lui, elle ne devait pas se faire de mauvaises idées non ? Souriant à nouveau, il se tourna vers elle. Est-ce que Mademoiselle commençait à trouver le temps long ? Elle était pressée d’en finir après tout.

    « Allons dans le downtown. Je nous appels un taxi ! »

    Oh, il aurait pu l’amener manger au Astrid, il en avait les moyens mais ce devait être comme ça que tout le monde fonctionnait avec elle non ? Il allait lui faire une fleur et changer l’ambiance de ses rencards. Levant une main, il s’avança vers le taxi qui venait de s’arrêter pour eux. Ouvrant la portière à la jeune femme, il lui sourit en inclinant la tête.

    « Après vous ~ »

    Dès qu’elle fut en voiture, il contourna celle-ci pour se glisser de l’autre côté. Il désigna donc un café au chauffeur. Le café Bliss en fait. Il connaissait la propriétaire et il était un fan inconditionnel des pâtisseries qui y était offertes. Ce ne serait donc pas une perte, même si la jeune femme se mettait à taper du pied et/ou à crier. Non même que ce serait plutôt drôle. Une fois le véhicule en marche, Lynton se tourna vers la jeune femme. Elle avait encore son petit air pincée ?

    « Comme je ne suis pas un homme cruel, pirate ou non, je vous propose d’aller manger quelques pâtisseries devant un bon café. Ensuite, vous pourrez aller ou bon vous semble. En plus, je pense que l’Astrid doit déjà être l’une de vos destinations rencontre, non ? Alors ne vous inquiétez pas, là ou nous allons, vous pourrez ronchonner jusqu’à ce que vous soyez satisfaite. »

    Bien sur que oui et il faisait de son mieux pour la rassurer. Souriant avec le même air joueur, il se pencha légèrement vers elle, faisant tout de même attention à garder une certaine distance entre eux. Sait-on jamais, elle avait peut-être l’âme d’une joueuse capable de crier dans un taxi. Il aimait bien jouer mais si ça devenait vil, il pourrait se montrer tout aussi sadique hein.

    « Vous pourrez même taper du pied et grogner si le cœur vous en dit. Je suis même impatient de voir quel genre de peste vous faites, Mademoiselle. »

    Leur petite rencontre promettait finalement !
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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptySam 20 Fév - 12:48


    « - Ne vous forcez pas trop, ça m'embêterait. Énormément. »

    Des mots lâchés du bout des dents comme si elle se faisait violence à lui adresser la parole. Endurance ? Alors elle était tombée sur un sacré cas. Cette confiance en lui l'énervait mais il n'y avait pas que cela. Aucune trace de mépris ne se trouvait dans son attitude. Lynton ne ressemblait pas à ces hommes très sérieux qu'elle avait déjà rencontrés. Ces individus qui n'oseraient jamais plaisanter, qui n'y penseraient tout simplement même pas. Pour le médecin, elle avait sentiment que leur rendez-vous paraissait être un jeu. Et cela pour le coup, cela avait vraiment le don la faire tiquer. Certes, il n'y avait aucune raison de prendre tout cela au sérieux. Cela serait un déjeuner sans lendemain. D'un côté, ce comportement la rassurait, elle n'avait pas besoin d'être la gentille fille à marier mais elle s'interrogeait sur les hommes. Trouver un homme correct était-il devenu un mythe ? Sortant de la pièce, la petite brune se mordit les lèvres, les yeux dans le vague. Elle devait faire preuve de méfiance afin de ne pas tomber dans un piège quelconque. Il n'était pas impossible que, sournoisement, l'homme lui mette la main dessus. Finir en prisonnière involontaire l'angoissait. Combien de femmes se retrouvaient sous l'emprise d'un homme sans avoir compris ce qui leur arrivaient ? Sa mère lui aurait dit ne pas se poser autant des questions mais le spécimen du jour se différenciait tellement des autres candidats, qu'elle ne pouvait pas faire autrement que s'interroger.

    Sa remarque n'avait rien eu d'innocent. Cependant Lily-An estimait qu'elle se montrait honnête. Peut-être un brin méprisante mais c'était pour que le message passe clairement. Elle ne voulait pas d'un dragueur dont les mains touchaient toutes les peaux qu'il pouvait, quand bien même cet homme lui avait été déniché par sa mère. Le coeur serein, l'eurasienne arpentait le couloir tout en jetant des coups d'oeil curieux aux infirmières. La tranquillité s'envola rapidement sous les paroles de son interlocuteur. Elles avaient parfaitement touché leur cible. Oui, elle avait des attentes importantes et il n'était pas question qu'elle les revoie.

    « -Rassurez-vous, je ne suis pas désespérée au point de m'accrocher à n'importe quel playboy. Réussir dans mon travail, être libre me suffit amplement. Il faut chasser les hommes lorsqu'on s'ennuie et s'en débarrasser quand on en a assez. »

    À 24 ans, elle était ravie d'être encore une mademoiselle. Elle espérait ne jamais devenir une dame et abandonner le nom de son père pour celui d'un autre. Quant à avoir un enfant, c'était un autre sujet. Être une mère célibataire n'avait plus rien de honteux depuis des années. An y avait songé sérieusement allant même jusqu'à se renseigner auprès de l'état civil pour les démarches à faire lors de la naissance de l'enfant. Cette amertume liée à sa venue au monde avait laissé des profondes traces. Dire qu'elle n'y pensait plus, que cela ne la touchait plus, se révélait être l'un de ses pires mensonges. Cela nuisait à ses relations avec les hommes, à sa vie sentimentale. Même si son père de coeur l'avait aimé comme son géniteur n'en aurait jamais été, probablement capable, la brune nourrissait un sentiment d'abandon. L'idée qu'il était normal qu'elle soit laissée au bord de la route. Dès lors, elle s'était mise à fuir en avant. Quitter pour ne pas être quittée. De sa bouche, des excuses s'envolaient. Des mensonges auxquels elle se forçait à croire dur comme fer. Les moments de bonheur n'y changeaient rien, elle partait toujours. Pourtant, lorsque son regard croisait un couple, une pointe d'envie la transperçait. Exister pour quelqu'un. Être là pour lui. Avoir quelqu'un à elle. Quelqu'un pour elle.

    Ailleurs, elle s'intéressait peu au sort que Lynton lui réservait. Clignant des yeux, son esprit réalisa soudain qu'ils avaient quitté le bâtiment. Une petite moue perplexe anima ses lèvres. Où avait-elle eu la tête pendant tout ce temps ? Que s'était-il passé pendant qu'elle songeait aux relations ? Toutefois, la jeune femme se garda bien deademander quoique ce soit. Le blond ne louperait pas une occasion d'user de bons mots pour l'énerver. Souriant poliment, Lily-An se contenta de hocher la tête. Son expression possédait un mélange de désintérêt et crispation. Qu'ils y aillent, qu'ils y aillent. Au moins à Raimyo, elle avait la possibilité de rentrer plus vite chez elle. Toutefois n'était-ce pas suspect ? Downtown ? Etait un médecin chef ou un gangster ? Ses yeux sombres observaient avec perplexité l'homme. Décidément quelque chose n'allait pas. Sa tête eut un mouvement réprobateur. Il valait mieux qu'elle paie son addition, rien de bon ne viendrait d'un tel homme. Sans compter qu'elle voyait déjà la déception maternelle. Peut-être que cette fois-ci, ce serait le coup de grâce. Sa fille invitée à déjeuner dans Downtown. Cela tuait toutes ses attentes et son image. Avec un peu de chance, sa mère se plaindrait auprès de son amie et l'histoire serait réglée.

    Cette perspective la remplit soudainement de joie. Il venait de lui donner la solution pour se débarrasser avec certitude de lui. Arborant un sourire plus franc, la jeune femme se glissa sur la banquette arrière. Le programme n'avait rien d'exceptionnel et elle ne retenait qu'une seule partie 'rentrer chez elle'. Ses yeux vinrent se planter dans les siens. L'agacement paraissait avoir disparu de son être. Envolé comme par magie. Ce fut d'ailleurs avec une désinvolture toute nouvelle en sa présence, qu'elle répondit au médecin.

    « - Hm, c'est parfait, vous n'aurez pas à vous soucier d'un potentiel scandale avec moi. Vous pensez à tout, ça me va. »

    Le coup de l'homme bon ne marchait pas avec elle. Au fond ce qu'il voulait, c'était ne pas être vu en sa compagnie. Il n'y avait pas un homme qui vous emmenait dans un petit café juste parce que vous connaissiez un peu trop un autre endroit. Sans compter qu'elle ne se rendait que rarement à l'Astrid. De temps en temps pour boire un verre avec un client, écouter un peu de musique mais cela s'arrêtait là. S'amuser dans ce genre d'endroit se voulait impossible pour la petite brune. La sensation d'être surveillée la figeait dans un rôle de jeune femme bien sage. Si vous faisiez un faux pas, tout le monde le savait le lendemain. En même temps, cela s'avérait bénéfique pour Lily-An, son taux d'alcool restait bas. Ce qui signifiait que son comportement ne déviait pas vers quelque chose de plus honteux. Les cocktails la menaient facilement à sa perte mais cela amusait son entourage qui ne se privait de la faire boire plus que de raison. Après tout, c'était agréable de la voir joyeuse ! Ce qui se trouvait être de moins en moins le cas dans le taxi.

    Ses sourcils se haussèrent à la dernière remarque. Pour quel genre de femme essayait-il de la faire passer ? Ronchonner et maintenant taper du pied ainsi que grogner. Sa mère avait décidé de se débarrasser d'elle. L'évidence se trouvait là, à ses côtés. Cet homme. Passant une main dans ses cheveux, Lily soupira. Un baratineur doublé d'un moqueur. Même pour le plaisir, elle ne supporterait cet individu. C'était simple, il la rendrait vite, très vite, folle.

    « - Gardez vos fantasmes de femme-enfant, voulez-vous... » Se calant dans la banquette arrière, elle ajouta. « Votre présence m'étant déjà assez difficile, je vous prierai de garder vos remarques pour vous. »

    Si elle souhaitait être infantilisée, sa mère le faisait spontanément alors il n'était pas question qu'un inconnu le fasse. Sa tête se tourna vers le paysage. Le contraste entre les villes était saisissant. Arkmeen lui donnait le sentiment de tout miser sur le paraître. Les gens possédaient tous cet air affairé. Des hommes et des femmes marchaient, couraient presque, vers un but invisible. L'argent ? La gloire ? Que cherchaient-ils ? Que désiraient-ils ? Ses lèvres restaient closes. Elle ne souhaitait pas faire la conversation, son voisin lui semblait capable de la faire seul. Pouvait-on se fier à un homme qui parlait trop ? Non, la grande partie de leurs discours n'était que du vent. Des jolis mots pour plaire mais ces derniers étaient vides de sens, manquaient de sincérité. Son front s'appuya contre la vitre. Bientôt les immeubles de Raimyo apparaissaient et elle s'imaginait chez elle, prête à se glisser dans un bon bain chaud. Ses yeux détaillaient les rues, les passants, leur monde. Une bulle géante qui les emmenait vers un destin inconnu.

    « - Êtes-vous heureux monsieur Ashlow ? »

    Une question pour le moins sortie de nul part mais elle se demandait. Il semblait tout prendre à la légère, taquinait sur des sujets peut-être trop important à ses yeux. Etait-il aussi libre que cette l'image qu'il montrait ? Mais ce n'était pas son problème. L'homme allait sûrement prendre sa curiosité pour une marque d'intérêt. Hésitant à ajouter quelques mots pour lui dire de ne pas se méprendre, An songea qu'il valait mieux en rester là. Il pouvait très bien interpréter prendre le contre-pied de sa précision et croire qu'elle était intéressée. Sa tête se pencha un peu pour regarder les rues, approchaient-ils du café ? Elle n'avait qu'une seule hâte, celle de quitter le véhicule.
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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyDim 21 Fév - 3:33


    C’est qu’elle mordait la petite dame et rapidement en plus de ça. Une vipère ? Non, il n’aurait pas osé la dénommée ainsi. Elle tirait davantage d’une petite bête méfiante. C’était attachant quelque part, normalement les femmes qui lui tenait tête ne le faisait pas aussi longtemps ou encore, se montrait bien moins calme qu’elle. Leur rendez-vous promettait d’être intéressant, il n’y avait pas à dire. Il la fit donc entrer dans le taxi, celui-ci démarrant dès qu’il eut donné leur lieu d’arrivé. La jeune femme sembla alors tiquer. Allons, elle n’aimait pas le Downtown ? Oh, il avait oublié que c’était une petite dame toute enroulé de satin qu’il avait à ses côtés. Un sourire mi-moqueur, mi-amusé aux lèvres, il se pencha en direction du chauffeur et parla doucement, un peu plus bas aussi, histoire de ne pas énervée sa compagne. Parce que même si ce rôle ne lui plaisait pas, Lily-An était sa compagne pour le moment et pour tout le long du repas.

    « Conduisez-nous plutôt du côté des papillons, bien sûr le pourboire n’aura rien pour vous faire regretter le changement de cap. »

    Le chauffeur se fit aussitôt un plaisir de lui répondre galamment par l’affirmative. Les papillons donc ! Maintenant rassuré, Lynton se laissa à nouveau tomber contre son siège. Mais elle souriait bien avant qu’il ne lance au chauffeur de changer de lieu, non ? Oui et c’est bien ça qui l’avait convaincu de changer leur destination. Si elle était charmée par l’idée d’aller dans le Downtown en sa compagnie, après avoir eut cet air réprobateur, ça n’augurait rien de bon pour lui. Aller, en plus c’était plus près et il lui serait plus facile de revenir au boulot. Tien, c’est l’infirmière en chef qui serait contente ! Pour une fois qu’il songeait sérieusement au travail qui l’attendait. Il n’était peut-être pas un cas perdu.

    Pourtant, il aurait du se douter que sa dernière idée ne plairait pas nécessairement à la jeune femme, d’ailleurs n’avait-elle pas montré les crocs lorsqu’il avait osé plaisanter quant à la façon dont elle jouait les pestes. Serait-il le seul à apprécier ce rendez-vous ? C’était plus que probable mais ça n’entachait pas sa bonne humeur, il en fallait plus que ça voyez vous. En plus, elle avait dit que sa présence lui était difficile à supporter, étrange demoiselle qu’elle faisait. Reniflait-elle le danger à distance ? Alors cela faisait d’elle une véritable petite bête ? Attachant petit animal que voilà oui et un sourire accroché aux lèvres, Lynton se contentait de la regarder, évitant soigneusement de s’attarder sur ses jambes. Elle ne l’avait heureusement pas entendu lorsqu’il c’était adressé au chauffeur, toute absorbée qu’elle était à regarder l’extérieur. Enfin, ce serait bientôt chose du passé car la voiture faisait marche arrière et reprenait la route, laissant le médecin sourire avec le même petit air innocent que plus tôt. Mais elle avait posé une question avant que le tout ne s’enchaine. Était-il heureux ? En voilà une bonne question.

    Normalement, il en aurait rit, peut-être même aurait-il simplement répondu que le bonheur n’était jamais qu’éphémère ou pire encore, il lui aurait dit qu’en sa compagnie, il était le plus heureux des hommes mais elle méritait mieux que ça, non ? Oui, il le croyait et de ce fait, songea un minimum à sa réponse. Et puis pendant qu’il réfléchissait, il pouvait faire semblant de ne pas remarquer son air surpris puis agacé, alors qu’ils reprenaient la route afin de retourner dans Dillen town. Non ? Bah oui ! Opportuniste le médecin ? Si peu voyons. Ignorant donc toute réaction de la jeune femme, il préféra répondre honnêtement, sa tête tournant dans sa direction. Parce que maintenant qu’elle avait réalisé qu’ils retournaient à leur point de départ, elle devait être bien agacée, non ? Donc, elle devait le regarder aussi, c’était d’une logique étonnante.

    « Non… Je ne suis pas heureux, mademoiselle McIssac. Je suis célibataire, je vis seul et je noie mon malheur dans le décolleté des jeunes femmes faciles et souvent, un peu ivre. Ma vie n’a rien pour me combler. Le travail ne fait que rendre le tout ‘supportable’. »

    Sa voix était douce et il était clair qu’il parlait en toute franchise en ce moment. Oh, il n’essayait pas de la convaincre qu’il était quelqu’un de bien, encore moins qu’elle ait pitié de lui. Il disait simplement la vérité et appuyait sa réponse par des faits. Oui, il se sentait seul. Rentrer chez lui n’avait jamais rien de festif, il comblait sa solitude par des histoires d’un soir. Il le savait, il l’assumait, il ne tentait pas de changer la donne. Pourquoi ? Parce qu’il ne savait pas comment, parce que Esma lui avait laissé un vide qu’il ne savait pas comment combler. Comment guérit-on un cœur brisé ? Si seulement quelqu’un avait le remède, il n’aurait sûrement pas eu ce petit air fatigué au visage, alors qu’il plantait ses yeux bleu dans les siens.

    « Mon père ne veut même plus me revoir et même si je n’en ai rien à faire, la perte de mon appartenance à la Lux, reste un problème considérable. Fils à maman ? Peut-être, je sais simplement que je tiens suffisamment à la vieille marieuse qui me tient lieu de génitrice, pour au moins m’en inquiéter. Si c’est là un défaut, je veux bien l’endosser. »

    Soupirant doucement, il se passa une main sur le visage, tentant d’y retirer la fatigue, parce qu’il devait avoir prit quelques années avec une expression pareille. Lorsque la main fut enfin retirée de son visage, il se remit à sourire doucement, détournant les yeux pour regarder à l’avant. Ils avaient rejoint Arkmeen, enfin. Se redressant légèrement sur la banquette, il posa une main sur le siège avant pour laisser sa tête retomber contre celui-ci alors qu’il regardait à nouveau Lily-An. Quelle étrange jeune femme tout de même. Elle jouait la dure, la difficile mais il devait se trouver une jeune fille en quête de son prince charmant quelque part, non ? Toutes les femmes étaient de ce genre, enfin un peu du moins et même les princesses de la Lux, certaines de rencontrer leur dit prince, n’y échappait pas. Une cuillère en argent dans la bouche n’était pas synonyme de réussite, loin de là et il esquissa un petit sourire séduisant.

    « Pourquoi avoir quitter Arkmeen ? Ou plutôt, pourquoi vivez-vous à Raimyo ? Est-ce pour vous convaincre de votre réussite ? Pour faire vos preuves ou par besoin de liberté ? Votre vie dans la Lux ne vous plait-elle pas, Mademoiselle McIssac ? »

    C’était un peu culotté de le lui demandé, oui sûrement mais lui aussi, il était curieux de nature. Hors, s’il était capable de donner une réponse franche à la jeune femme, il espérait obtenir une réponse comparable. Oh, il ne lui demandait pas de lui ouvrir son cœur, là il aurait vraiment été culotté hein, mais simplement de lui parler. C’était un échange équitable, non ? Oui et puis, elle n’avait rien à y perdre, sauf quelques heures en sa compagnie sûrement.
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Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] Vide
MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyLun 22 Fév - 0:54


    Doucement, le paysage changea. Lily-An cligna des yeux, perplexe. Pourquoi le véhicule changeait-il de direction ? L'espoir de rentrer chez elle le plus vite possible lui parut s'éloigner de plus en plus. Quelle mouche avait piqué le chauffeur ? À quoi jouait-il ? Ses joues se gonflèrent mais elle garda toute question. Non, cette fois, elle ne ferait pas le plaisir à monsieur de s'énerver. Réprimant un gémissement, la jeune femme ferma les yeux un instant. Faire le vide. Se concentrer. Allez, elle pouvait prendre sur elle même si cela demandait beaucoup d'efforts. Avant de hurler, réfléchir était préférable, surtout avec l'individu qui l'accompagnait. S'ils avaient changé de direction, ce n'était pas parce que le chauffeur en avait décidé ainsi mais parce qu'une personne avait du lui en suggérer l'idée. En se retournant maintenant, elle se montrerait faible, n'est-ce pas ? La même phrase se répétait dans son esprit : Ne dis rien. Soupirant un grand coup, son souffle vint soulever des mèches de cheveux les écartant de son visage. La petite brune savait qu'une preuve de mécontentement ferait le bonheur de son compagnon imposé. Quel sadique ! Il attendait sûrement de la voir exploser sur son siège.

    Après de longues minutes de réflexion, sur satisfaire ou non son voisin, et sa question posée, An estima qu'elle pouvait se tourner. Du moment qu'elle cachait toute trace de son agacement, tout se passerait bien. Ses yeux vinrent chercher ceux de l'homme, le fixant avec curiosité. Allait-il répondre par une pirouette ou avec sincérité ? En était-il capable ? La jeune femme songea qu'il avait sans doute peur de parler à coeur ouvert. Certaines personnes se dissimulaient derrière des bons et des plaisanteries afin de se protéger. Toutefois, l'homme n'avait rien à craindre. Peste mais pas méchante. Pas au point de vouloir blesser gratuitement le médecin.

    Son entière attention fut accordée à l'homme. Devait-elle compatir ? Montrer de la pitié ? L'aveu la mettait mal à l'aise cependant elle réalisait qu'elle s'était trompée sur Lynton. N'exagérait-il pas lorsqu'il prétendait que rien ne le comblait dans sa vie ? N'avait-il jamais rencontré des personnes avec qu'il s'était senti bien ? Cette image d'homme résigné, An ne l'acceptait pas même si elle paraissait être la réalité. Du nerf, de la poigne. Il ne fallait jamais désespérer, se dire que le meilleur nous attendait quelque part. Cette certitude agaçait l'autorité maternelle. Une fille désespérée ne se montrait pas difficile en matière d'époux. Elle prenait ce qui était gentiment mis dans son assiette. Seulement, la sienne criait haut et fort, qu'elle ne se laisserait jamais faire. Une belle égoïste, n'est-ce pas ?

    « - Et vous avez cessé de chercher ce qui pourrait vous combler ? Pourquoi ? »

    Ses mots étaient sortis précipitamment sur un étrange ton de reproche. Mais qui était-elle pour se permettre cela ? Personne et ses yeux se baissèrent. De l'embarras se lisait dans ses prunelles. C'était absurde. Leur discussion, leur situation. Malgré cela, l'envie d'en savoir davantage sur l'homme grandissait doucement. Sa mère avait omis bien des détails à son sujet mais Lily-An supposait que cette dernière avait ses raisons. L'évocation des relations tendues entre le père et le fils aurait suffi pour qu'elle refuse la rencontre. Même si des bonnes raisons se cachaient derrière ce résultat. Plutôt injuste de sa part mais elle ne s'intéressait plus aux rebelles. Le parfum de la décadence charmait une adolescente cependant à son âge, la magie n'opérait plus. Son visage se redressa, détaillant avec un nouvel intérêt le blond. Maintenant, elle comprenait mieux la proximité entre la mère et le fils. Etait-il fils unique ? Probablement, elle aurait reporté son attention sur ses autres enfants sinon. Le portrait qui se dessinait sous ses yeux possédait un caractère beaucoup plus humain que celui dressé immédiatement dans sa petite tête. Enfin cela n'excusait en rien l'attitude de joli coeur à son travail. Sa vie n'avait rien de très amusant, elle comprenait bien mais ce n'était pas une raison. Pas une remarque ne s'échappa de ses lèvres. Ne se distinguait-elle pas suffisamment ? Bien trop à son goût même.

    Au sourire, ses sourcils se haussèrent. Qu'allait-il dire cette fois ? Plus rien sur lui, à son tour de parler. La table avait été tournée et les questions lui étaient destinées. Perdue dans les nombreuses interrogations, elle cligna des yeux se demandant comment ils en étaient arrivés là. Par sa faute. À elle. À quoi répondre en priorité ? Lily-An faillit lui dire que son choix de vie ne le regardait pas toutefois, elle se ravisa. La carte de la malhonnêteté la tentait. Cette même carte que l'homme avait repoussé pour choisir celle de la sincérité. Prendre une décision similaire était la meilleure chose à faire.

    « - J'avais envie de vivre ailleurs, de me mélanger à d'autres loges... » Un sourire léger flotta sur ses lèvres. « J'ai choisi Raimyo parce que j'avais besoin de me sentir libre, de pouvoir vivre comme je voulais et puis mon travail est très important. » An hésita un moment mais elle finit par murmurer. « Être dans la Lux, c'est oppressant. »

    Ses lèvres s'étirèrent dans une petite moue gênée. Jamais, elle n'évoquait sa vie ou les raisons pour lesquelles elle avait quitté Arkmeen. Pourtant elles étaient nombreuses. La famille, l'oppression, le travail, le regard des autres, un homme. D'un ensemble de soucis, sa décision était née. Elle ne la regrettait pas qui plus est. Certes les soirs pouvaient paraître long de temps en temps. Quand le moral touchait le fond, elle n'avait personne auprès de qui s'épancher en rentrant. Et alors ? La vie continuait ! Elle faisait avec, maudissait les problèmes apparus, s'enivrait et le lendemain, elle repartait à la guerre. Du courage ? Au fond, elle n'en avait pas tellement. Plutôt que d'affronter son milieu au quotidien, la jeune femme l'avait fui. Une belle preuve de lâcheté. Lucide sur son cas, An ne se proclamait pas forte ou téméraire car elle se battait de loin. Un rire nerveux se fit entendre. Posant une main devant sa bouche, elle tourna la tête pour éviter le regard de Lynton. Pouvait-il comprendre ce qu'elle ressentait ? Elle devait passer pour une petite fille gâtée dont le caprice avait été sa fausse liberté. Cette ville lui rappelait ô combien que son choix ne la menait nul part. Si ce n'est au même point de départ. Ou d'arrivée.

    Arkmeen. Ils avaient fait une boucle, n'est-ce pas ? Leur chemin avait-été à la lueur de l'esprit du blond. Un brin tortueux. Par chance, leur voyage tirait à sa fin. Le véhicule ralentissait avant de s'immobiliser dans les Papillons. Un sourire crispé se figea sur le visage de la petite brune. À cette heure, l'endroit regorgeait de jeunes femmes qu'elle avait côtoyé au lycée. Quelques points les différenciaient dont l'un de taille, leur bague de fiançailles. Précisément, ce qu'An avait pas. Exceptionnellement, elle se sentait incapable de laisser passer les remarques. Quelques mots furent lancés à l'homme avant qu'elle n'ouvre la portière.

    « - Tenez-vous tranquille pour quelques minutes et surtout ne posez pas de questions. »

    Dehors, il y avait tout de même du monde. Pas très étonnant pour l'heure du déjeuner. Elle avait laissé Lynton régler la course pas le moins du monde, embarrassée. Il ne fallait pas changer de route de toute façon. Enfin ne pouvait-il pas se dépêcher ? Dès que Lily-An le vit arriver, elle se rapprocha de lui. Sa main se glissa dans la sienne. D'un mouvement brusque, elle le tira vers lui se moquant des coups d'oeil adressés. Drôle de couple, non ? Sa main se plaça comme un cache devant sa bouche et un chuchotement vint se faufiler dans l'oreille de l'homme.

    « - Faîtes comme si nous étions ensemble, d'accord ? Je veux juste qu'on me fiche la paix. »

    Ces mots furent ponctués d'un regard qui ne laissait pas le choix. La question n'en avait que l'allure, c'était un ordre. Si le blond ne comprenait pas, il ne tarderait pas à réaliser la raison des gestes d'An. Non loin, deux femmes s'approchaient toutes souriantes. Une voix s'éleva pour interpeller la brune. N'attendant aucune invitation, elles se plantèrent devant eux. Il était clair qu'elles étaient très curieuses. Depuis quand Lily-An était-elle avec quelqu'un ? Et surtout qui était-il ? Mitraillant de questions la jeune femme, leurs yeux étudiaient avec attention le médecin comme si elles cherchaient à estimer sa valeur sur le marché des bons partis.
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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyLun 22 Fév - 7:56


    Depuis qu’elle avait réalisée que le taxi rebroussait chemin, elle se montrait terriblement calme, non ? Il en avait donc profité pour songer à sa réponse et la lui avait offerte. Ce n’était peut-être pas la meilleure approche, pas lors d’une première rencontre mais c’était tout de même la réalité. Et puis, il assumait son choix de vie, sa solitude, même si elle ne lui plaisait pas nécessairement. Il faisait avec, aussi frustrant sa passivité puisse être pour les autres. La réponse de la jeune femme, à sa réponse justement, le fit sourire avec amusement. Ah, la jeunesse, la force de croire que rien n’était perdu. Avait-elle simplement perdu quelque chose de précieux un jour ? Elle était si jeune, si belle, elle avait toute la vie devant elle, n’est-ce pas ? Oui. Dans ses cas là, il était toujours difficile de croire qu’un jour, parce que ça arrivait bien plus souvent qu’on ne voulait bien le croire, les choses ne seraient plus aussi lumineuse. Un beau matin on se levait et on réalisait que l’envie de se battre réellement, n’y était plus. Les années, la douleur, la solitude, tout ça n’était que des facteurs pouvant accélérer le processus.

    Sa question était bonne pourtant, à croire qu’elle posait toujours des questions intelligentes. Il n’était pas tombée sur n’importe quelle petite princesse de la Lux n’est-ce pas ? Ne cessant pas de sourire, il avait prit le temps d’observer la scène extérieur alors que le véhicule progressait à travers la passerelle. Est-ce qu’il avait cessé de chercher ? Un peu oui, pas complètement cela dit. Sinon il n’aurait pas même prit la peine d’aller chercher de la compagnie nuit après nuit, il ne bosserait sûrement pas à l’hôpital général et surtout, il n’arriverait pas à sourire. Il cherchait toujours, il était à la quête du bonheur, sauf que lui, au contraire d’elle semblait-il, n’était plus charmé par cette perspective. Les années défilaient et sa quête ne connaissait aucun débouché. C’était surement sa faute, un peu du moins, il ne cherchait peut-être pas assez à combler les vides de sa vie, il n’avait peut-être pas réellement envie de le faire. Peut-être même qu’il se complaisait dans son malheur, ce que sa mère supposait trop souvent d’ailleurs. Amusé par cette dernière idée, il répondit d’une voix douce.

    « La résignation est un cap difficile à franchir, je ne crois pas être assez courageux pour ça. Mais il y a une différence entre chercher activement et le faire sans espoir de réussir. Là encore, je me qualifierais de lâche mais tout le monde doit avoir ses défauts. »

    Mais ils avaient assez parlé de lui et aussitôt, il ramena la conversation sur elle. Et elle, qu’espérait-elle dans la vie ? Que cherchait-elle à accomplir ? En fait, plus le temps passait, plus la jeune femme l’intriguait. Qu’est-ce qui peuplaient les rêves d’une jeune femme telle qu’elle ? Une jeune princesse de la Lux préférant éclore dans un milieu réservé à la Pooja ou pire encore. La réponse de Lily-An ne le surprit qu’à moitié. En effet, elle semblait être intelligente et l’idée que la jeune femme ait fuit la demeure familiale pour faire bonne figure et jouer l’héroïne ne collait pas tellement. Alors elle se sentait libre dans Raimyo ? Un petit sourire glissa à nouveau sur ses lèvres. Malgré ses petits airs de fille difficile, elle restait une jeune femme insouciante non ? Il n’existait pas un endroit sur ce satané vaisseau ou l’on était réellement libre mais c’était partout pareille alors il ne releva pas les paroles de la jeune femme. Le plus important au final, c’était qu’elle, le sente ainsi. La dernière partie de ses paroles confirma son choix, quant à garder le silence.

    Cette fois, son sourire baissa d’un cran et son regard glissa sur son visage. Elle ne disait pas ça en riant, il le savait bien. Il avait aussi connu cette situation, il savait combien c’était difficile, combien c’était détestable. En réalité, il ne regrettait pas son départ de cette loge maudite, parce que c’est bien ce qu’elle était à ses yeux. Une loge ou tout ce qui ne comptait pas réellement en terme « humain », prenait une importance horrifiante. La taille du portefeuille était plus importante que les valeurs qu’un homme possédait, c’était aussi simple que cela. Il n’y avait donc pas de véritable place pour les remords, seulement pour sa mère, elle qui subissait les contrecoups de son choix de vie. S’il avait été un bon garçon, un bon fils, il aurait comprit. Hors, à une époque il avait été bien trop pressé de trouver ce qui comblerait le vide de sa vie. C’était assez ironique d’ailleurs, sa recherche du bonheur avait créé le malheur au sein de sa famille et maintenant que c’était du passé, il avait cessé les recherches. Ça ne réparait pas les pots cassés, bien entendu mais il n’avait plus l’énergie.

    Scrutant la jeune femme, il fut complètement charmé par la petite moue que ses lèvres dessinèrent suite à son aveu. C’est vrai qu’elle ne devait pas souvent se plaindre de sa loge. Toutes les princesses savaient cela, n’est-ce pas. Il faut être reconnaissante et sourire, toujours. C’était terriblement hypocrite, combien de fois avait-il loué le ciel de ne pas lui avoir laissé le temps de créer une famille avec Esma. Élevé un enfant dans un milieu pareille n’avait rien d’enviable. Non seulement les enfants se complaisaient-ils dans une facilité détestable, parce que rien n’était refusé a la jeunesse dorée de la Lux, mais en plus les valeurs humaines devenaient de moins en moins dominantes chez ses même jeunes. Jamais il n’aurait accepté que sa progéniture sois de ce genre, une larve gavée d’abondance, qui ne saurait jamais que brailler pour davantage. C’était là l’idée qu’il se faisait de la nouvelle génération, parce que la sienne l’avait eu plus dure. Lily-An aussi probablement, celle ou les pères étaient encore tellement fiers de leurs renommés qu’au moindre faux pas de leur rejetons, il cognait. Non pas que ce sois joyeux ou mieux mais voilà, Lynton avait toujours su se tenir droit.

    « C’est comme être sous une cloche de verre. À la vue de tous et sans réserve d’air. »

    Sa voix n’avait été qu’un murmure mais son sourire s’étira, plus amicale que plus tôt. Ils se comprenaient un peu non ? Il osait croire que oui. Et voilà qu’elle avait un rire nerveux. Est-ce qu’il avait dit une bêtise ? Ne sachant pas trop comment réagir, il se contenta de froncer un peu les sourcils, le même sourire aux lèvres. Étrange jeune femme que voilà. Sauf qu’il n’avait pas le temps de se pencher sur son cas, bien qu’en ce moment il n’avait aucune envie de jouer le médecin, le taxi s’arrêtant déjà dans le quartier nommé plus tôt. Les papillons. Ils y étaient enfin et d’un coup, la jeune femme sembla plus motivée par leur rendez-vous. Enfin, aussi motivé que des menaces avant de sortir de la voiture, puisse donner comme impression. Ne sachant pas trop ce qu’elle avait en tête, il se contenta de payer la course et de la suivre au dehors. Il devait se tenir tranquille et ne pas poser de question, il ne restait plus qu’à savoir pourquoi. Optimiste, parce qu’il ne lui restait sûrement plus que ça, il émergea du véhicule. Un sourire superbe aux lèvres, il glissa près d’elle, prêt à enfreindre le deuxième ordre, peut-être même le premier. Cela dépendrait de la réaction de la jeune femme, non ? Si si !

    Que ce passait-il ? Il n’avait non seulement pas eu le temps de poser la terrible question du pourquoi, que déjà la jeune femme se rapprochait de lui. Surprit par le soudain rapprochement entres leurs deux corps, il la fixa avec stupéfaction, une expression qui s’envola en trois secondes. Elle avait enfin craquée pour lui ? Non, pas possible voyons ! Préférant prendre la chose à la légère, parce que c’était plus facile aussi, il sourit avec plaisir alors que sa main se resserrait doucement autour de la sienne. Sauf que ça ne dura pas et bientôt, elle le tirait brusquement contre elle, ce qui le fit rire tout bas. Il n’avait aucune idée du jeu auquel elle jouait, mais il n’avait rien contre y participer. Pourquoi pas après tout. Le chuchotement glissa alors dans son oreille, l’homme plissant les yeux avec un petit air malicieux. De loin, on aurait réellement pu croire qu’ils formaient réellement un couple. Là, la jeune femme chuchotait des mots coquins à son partenaire, non ? Il n’aurait pas été contre sauf que ses paroles avaient un tout autre sens, qu’il ne mit pas de temps à comprendre. Alors même si elle avait fuit sa loge, elle continuait de s’inquiéter des autres. Qu’on lui fiche la paix n’était qu’une pauvre excuse, non ?

    Bah, il n’allait pas en faire de cas et compréhensif, parce que ça pouvait arriver, il se redressa en souriant. Le regard tendre, parce que contrairement à ce qu’on pouvait croire le médecin n’avait rien à envier aux comédiens, il serra gentiment la main de Lily-An pour la porter à ses lèvres. Là, il chuchota à son tour, les yeux plissés alors que son sourire se voulait plus doux.

    « Mais c’est loin d’être un problème, petite tigresse. »

    Parce que s’il la voyait davantage comme une fleur sauvage, c’était l’animal qui se rapprochait le plus de la jeune femme, non ? Amusé, il coinça sa main dans la sienne pour lui embrassé le bout des doigts alors que deux femmes approchaient déjà. Bientôt ils se tenaient simplement la main et le blond tournait un sourire sympathique vers les deux inconnues. C’était une belle journée, il avait même la chance de rencontrer les grandes amies de Lily-An ! Lynton suivit pourtant les indications à la lettre et s’il se montrait amical envers les deux jeunes femmes, bienveillant même, il s’amusa à couver la petite brune d’un regard tendre. Allons, il pouvait se permettre plus de liberté non ? C’est donc dans cet esprit que sa main relâcha la sienne et qu’il lui enlaça plutôt la taille d’un bras, sa main se nichant sur sa hanche alors qu’il posait un petit baiser sur sa tempe droite.

    « C’est que ma petite fleur m’avait cachée qu’elle avait des amies aussi délicieuses que vous. Si seulement nous avions plus de temps à nous, ça aurait été un réel plaisir de discuter avec vous. Malheureusement, j’ai un horaire plutôt chargé a l’hôpital et puis si je veux obtenir la place de directeur au plus vite, je n’ai pas intérêt à lésiner sur les efforts. Je suis certain que vous le comprenez mesdames. Mais passez donc me voir à l’hôpital, je me ferais un plaisir de vous offrir un café et puis, si vous avez quelques ennuis de santé, je vous ferais passé en priorité. »

    Un sourire charmant aux lèvres, il inclina la tête pour ensuite dévoré sa compagne des yeux, sa main se resserrant sur la taille de la jeune femme. S’il devait jouer le petit ami attitré, il ne ferait pas semblant.

    « Ce n’est pas très professionnel mais il n’y a rien de trop beau pour ma précieuse petite Lily. »

    Ses yeux bleus trainaient sur les jambes après s’être absorbé de la beauté de son visage. Là il rêvait de ses lèvres, la seconde suivante c’est son regard qui le faisait vibrer et envoyant un dernier petit sourire aux jeunes femmes, nullement pressées de les laisser fuir, il tira la jeune femme contre lui.

    « Veuillez pardonner mes manières mais nous devons réellement y aller. Je n’ai pas beaucoup de temps et Lily-An m’a déjà fait de la place dans son horaire, je ne voudrais pas en abuser. Avec elle, tout est une question de mesure, n’est-ce pas ma chérie ? »

    C’était un petit reproche ? Allons, il s’amusait. En fait, il hésitait encore quant à inviter les deux jeunes femmes à venir dîner avec eux, ce qui aurait probablement agacée Lily-An. Allons, il ne voulait pas qu’elle le déteste à ce point et afin de faire taire les deux insupportables jeunes femmes, il attira simplement sa compagne du moment dans ses bras. Il en avait assez des paroles et ce fut ses lèvres qui prirent le relais, se pressant doucement à celle de la jeune femme. Plutôt pas mal comme premier rendez-vous, n’est-ce pas. Il aurait pu tenter d’abuser de la situation mais au contraire, se contenta d’un léger baiser, ses yeux bleus cherchant les siens. Est-ce qu’elle se tendait comme ça à cause de lui ? Sa main droite se referma dans le bas de son dos alors qu’il la fixait, son regard ne cillant que pour descendre sur ses lèvres. Il y avait un gout de trop peu et ses lèvres effleurèrent à nouveau les siennes.

    « Il faudrait vraiment dire au revoir, petite fleur... »

    Il jouait bien son rôle non ? Tellement bien que l’envie de lui voler un véritable baiser était présent. C'était une sorcière, non ? Il commençait a le croire mais elle le ferait surement revenir les pieds sur le vaisseau en un temps record. Une gifle peut-être ? Non voyons mais elle trouverait sûrement autre chose. Elle ne lui cèderait jamais très longtemps, n'est-ce pas.
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Lily-An McIssac

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Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] Vide
MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyMar 23 Fév - 23:12


    Petite tigresse ? Elle cligna des yeux trouvant le mot exagéré. Depuis quand étaient-ils si proches pour se permettre une telle familiarité ? Le moins qu'on puisse dire était que le blond ne s'était pas fait prier pour participer à la supercherie. Un mauvais pressentiment la saisit. Trop tard ! Les mots avaient été prononcés et ses connaissances les avaient atteints. A leur expression, An comprenait l'intérêt suscité par la présence de Lynton. Qui était-il ? Comment s'étaient-ils rencontrés ? La jeune femme leur adressa un faible sourire. Maintenant qu'elles avaient vu, peut-être qu'elles pouvaient les abandonner. Ses pensées quittèrent les nouvelles venues sous le geste du blond. Un vent de panique l'avait submergée en sentant les doigts de l'homme s'échapper des siens. Qu'avait-il l'intention de faire ? La réponse tomba quand son bras passa autour de sa taille. Dans"tenez-vous tranquille", quel mot n'avait-il pas compris ? Cependant l'heure n'était pas à la crise. Son masque souriant ne devait pas s'effriter devant les deux autres femmes. Il en allait de se réputation. Pour le moment, cette dernière serait sûrement celle d'une personne en couple. Léger mensonge contre de la tranquillité. Le médecin rendait la mascarade tout à fait crédible. Un peu trop au goût de la brune. Ne pouvaient-ils pas jouer un couple sans aller aussi loin ? Le baiser était-il réellement indispensable ? D'une petite voix timide, elle souffla.

    « - Lynton... »

    Si elle avait pu le mordre, elle l'aurait fait volontiers. Malheureusement, en public, la jeune femme ne pouvait pas se laisser aller. Ses joues étaient teintées d'un joli rose dû à l'embarras ressenti. Ou sans doute parce qu'elle prenait sur elle pour rentrer dans le jeu. Heureusement l'attention se trouvait détournée par les paroles du blond. Aux mots directeur et hôpital, les yeux de leurs interlocutrices brillèrent. Il était d'une gentillesse en plus. La patience de leur ancienne camarade avait payé, il n'y avait pas à dire. Et ses mots tendres... Ma précieuse petite Lily... Si les deux autres babillaient de joie, la concernée sentait une démangeaison dans son pied. Le talon de sa chaussure ne demandait qu'à venir se planter dans le pied le plus proche de l'homme. An avait visé haut mais les jeunes femmes ne purent s'empêcher de parler. Leur amie n'avait-elle pas dit qu'elle ne souhaitait plus faire sa vie avec un médecin ? Manquant de s'étrangler à cette phrase, elle leur adressa un regard sombre. Quel besoin de mentionner une ancienne histoire ? Elles avaient du oublier les bonnes manières si un jour, elles les avaient apprises. Lily-An répondit précipitamment, tout en adressant un coup d'oeil inquiet à Lynton.

    « - C'est du passé... » Sa tête se pencha en direction de Lynton. « C'est différent cette fois... »

    Parce qu'il n'y avait rien entre eux et que l'homme à ses côtés ne faisait que l'agacer. Mais juste pour cette fois, elle ne se sentait pas capable d'assumer son célibat. Que sa mère lui fasse la morale, elle pouvait l'accepter. De la part de jeunes femmes n'ayant rien à voir avec sa vie privée, beaucoup moins. Toutefois elle savait qu'elle y échapperait avec peine. Les remarques pouvaient être cinglantes et exceptionnellement, la brune ne voulait pas entendre le sermon habituel. Raison pour laquelle, elle avait entrainé le blond dans son manège. Réfléchir davantage aurait été une bonne chose. Le fol espoir qu'il ne se mêle pas de sa vie était présent, cependant les miracles arrivaient rarement. Le mouvement de son corps contre le sien le lui rappela. Ses yeux cherchèrent ceux de l'homme. Une lueur où l'interrogation et la colère se mêlaient, les animaient. Pas de bêtise monsieur Ashlow où vous allez avoir des problèmes.

    L'intimidation aurait fonctionné sur une autre personnalité. Probablement. Seulement, le médecin suivait trop ses idées pour écouter quoique ce soit. Les propos la rassuraient. Même si le mot doux avait de quoi la faire tiquer, Lily-An se réjouissait à l'idée de partir. Ne te réjouis pas ma fille ! Trop tard, un adorable sourire se pointait déjà sur son visage. Le blond avait un bon fond finalement. Cette pensée s'envola au moment où leurs visages se rapprochaient. Ses yeux s'écarquillèrent. Une de ses mains glissa dans son dos. Ses doigts se saisirent du tissu tirant légèrement dessus. Il n'oserait pas. Il ne pouvait pas faire cela. Pas ici. Pas devant elles. Ils ne se connaissaient même pas. Alors qu'elle se répétait les mêmes phrases, ses lèvres s'emparaient des siennes. Un frisson la parcourut la laissant perplexe. La colère montait en elle pendant que les jeunes femmes dévoraient la scène, désireuses de ne rien louper. Leurs regards se croisèrent et les joues d'An s'empourprèrent. Incapable d'articuler le moindre mot, elle fixa l'homme. Comment osait-il ? S'ils s'éternisaient, c'était uniquement de sa faute. Qui plus est, il ne les donnait qu'un peu plus en spectacle. Oui, ils devaient tirer leur révérence.

    « - Oui... » Elle toussota reprenant ses esprits. « Oui, sinon nous n'aurons pas le temps de manger... »

    Comment manger s'était-il glissé dans son esprit ? Elle se le demandait. Ses yeux exprimaient son énervement contenu. Délaissant l'homme, elle se retourna pour faire face aux femmes. Ses excuses furent présentées mais les deux lui demandaient de venir à une soirée avec son petit ami. Une se déroulerait bientôt, ce serait une excellente occasion d'introduire Lynton dans leur petit cercle. Lily-An leur affirma qu'ils seraient de la partie. Une courbette et sa main prit celle du blond. Ses ongles se plantèrent dans sa peau. Pourvu que la marque soit belle. Il le fallait. Il devait payer pour tout ce qu'il avait fait. Plus ils s'éloignaient, plus la pression s'accentuait. Qu'il souffre en silence comme elle. Sa tête se tourna, les silhouettes de ses connaissances n'étaient plus visibles. Son corps s'arrêta et d'un mouvement brusque, sa main relâcha la sienne. Le volcan allait exploser. Mains sur les hanches, les yeux plantés dans les siens.

    « - Vous ne croyez pas que vous en avez trop fait ?! » Elle roula des yeux. « Mais qu'est-ce qui m'a pris de vous traîner dans cette histoire, je dois être folle !»

    Il n'y avait pas d'autre explication. Sa raison l'avait abandonné aux mains de cet homme. Il avait été là au bon moment. Ou au mauvais, tout dépendait du point de vue. Attrapant d'une main la veste du médecin, elle hésita entre la déchirer ou continuer sur sa lancée. Les mots se bousculaient dans sa gorge. Le petit jeu n'avait pas été à son goût mais ce n'était pas le souci. De quel droit lui avait-il imposé un baiser ? Pour qui se prenait-il ? Ses yeux se plissèrent, le détaillant avec mépris. La dureté de sa voix contrastait avec son apparence. La douceur du blanc. L'innocence.

    «  - Lynton, vous êtes une plaie ! » Elle regarda un instant autour d'eux comme si elle cherchait l'inspiration. « Vous voulez que je vous refroidisse ?! Je vais vous faire passer l'envie de recommencer ! »

    An tenait ses promesses. Sa main relâcha l'homme et d'un pas décidé, elle se dirigea vers un café. Des hommes déjeunaient s'échangeant des informations professionnelles autour de salades. Au milieu, une carafe trônait. La jeune femme s'approcha. Un sourire poli apparut alors que ses doigts se refermaient sur l'objet. Pas pleine mais assez pour faire des dégâts. Ne réfléchissant pas davantage, An retourna rapidement vers le blond sous les regards interrogateurs des employés. Une furie venait de passer sous leur nez ! Le bruit de ses talons résonnait contre le sol des Papillons. Les témoins ne l'effrayaient pas. Tant pis si des clients se promenaient dans les parages. Tant pis si son patron errait avec une conquête ou son associé. Tant pis si sa mère la harcelait à cause de son comportement. Ses pieds la plantèrent devant le blond. Son geste suivit immédiatement son arrêt. L'eau fut jetée pour s'éparpiller dans l'air et surtout atterrir sur son opposant. Sa respiration était saccadée. L'envie de hurler aux bords des lèvres, elle contemplait son oeuvre. Un immense sentiment de satisfaction la submergea. Ses bras se croisèrent. Un sourcil haussé, l'air moqueur, la petite brune toisait Lynton.

    « - Vous devriez rentrer, vous risqueriez d'attraper froid, chéri. »

    Sur un ton glacé, le dernier mot fut prononcé. Bien fait pour lui. D'un pas sautillant, elle alla rendre l'objet du méfait aux clients médusés. Avaient-ils rêvé ? Ils se gardèrent d'exprimer toute compassion. Le retour de flamme ou plutôt d'eau pouvait être terrible. Sans compter que se mêler des histoires de couple était risqué.
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Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] Vide
MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyMer 24 Fév - 8:50

    C’est que sa petite voix timide, faussement timide il faut le souligner, était fort charmante et le médecin sourit avec encore plus de plaisir. Franchement, ce petit jeu lui plaisait, il avait toujours été doué en comédie. Plus jeune, il avait un moment espérer un jour être poète, peut-être même un acteur ? Mais ce genre de rêve ne menait nulle part et il l’avait rapidement compris. La médecine avait été un coup de foudre, aider son prochain lui semblait une bonne façon de racheter ses fautes, de panser les blessures entre lui et son paternel mais c’était bien trop beau pour être vrai. Il repoussa pourtant toutes ses pensées, se concentrant sur le rose qui envahissait les joues de la jeune femme. Avec cet air, elle était à croquée, non pas que son air de petite peste ne sois pas adorable hein. En fait, Lynton était plutôt surpris. Comment sa mère avait-elle bien pu dénicher une perle pareille hein ? Non seulement avait-elle du chien mais elle savait se montrer aussi prude qu’une vierge. Enfin il exagérait mais c’était son genre donc. Il n’en lui fallait pas davantage pour se montrer de plus en plus familier, voir odieux. Pas pour les demoiselles, bien entendu. Parce qu’il jouait son rôle et qu’il était doué. Non, pour Lily-An. Elle avait envie de le tuer là non ? Sûrement et le pire dans tout ça, c’est que ça lui plaisait bien au médecin. Tordu ? Si peu voyons.

    Sauf que voilà, les deux commères firent allusion à une ancienne histoire, dont il ne savait rien bien entendu. Sa curiosité fut immédiatement piquée et il tourna la tête vers sa ‘petite-amie’, un sourire intéressé aux lèvres. Tien tien, Lily-An ne semblait pas avoir envie d’en discuter mais il ne la quitta pas des yeux, jouant le jeu et puis, c’était amusant non ? De quelle histoire parlaient-elles ? Elle aimait jouer au docteur alors ? Coquine va !

    « Ah bon ? Mais tu ne m’en avais pas parlé mon tendre amour. »

    Allons, il ne faisait que tourner très légèrement le fer dans la plaie. Mais la jeune femme s’en sortait plutôt bien, avec brio même et écarta le tout du revers de la main. C’était différent cette fois. Il eut envie de rire mais se surprit à sourire avec un petit air confiant, voir de vainqueur. Eh si, peu importe le méchant médecin qui l’avait effrayé, il n’était pas de ce genre et elle avait réussit à oublier toute la douleur accumulée. Il était magique, il était sien, il était tout pour elle ! Comme c’était beau, elles en auraient pleurées non ? Il aurait dit que oui. Complètement emballé par son petit mensonge, qui prenait une proportion assez étonnante il fallait bien le dire, Lynton l’avait attiré contre lui. Bien entendu, elle n’était pas d’accord avec le soudain rapprochement et il capta assez rapidement la colère dans son regard. Malheureusement, il était d’un tempérament joueur et cet air là ne le fit que redoubler d’ardeur. Oh oui, qu’elle le foudroie du regard, peut-être tomberait-il raide mort à ses pieds et puis sinon, il pourrait toujours lui réciter quelques vers. Il n’y avait rien pour le faire baissé les bras n’est-ce pas.

    Il n’avait pourtant pas oublié de jouer son rôle et continua en improvisant. Un peu trop sûrement. D’accord, beaucoup trop mais ce n’était pas aussi amusant sinon. Il avait finalement opté pour un baiser, histoire de bien marquer les esprits. Celui des jeunes femmes, de Lily-An, le sien aussi tien. Le baiser ne lui déplut pas, au contraire, trop rapide cela dit mais il pourrait toujours y remédier dans quelques temps. Ou pas. La jeune femme pourrait bien le tuer avant ça mais pour le moment, elle se tenait immobile dans ses bras, les yeux rivés sur les siens. Et quels jolis yeux d’ailleurs. Son sourire se fit plus doux, de lui-même et si ses lèvres retournèrent effleurer celle de la jeune femme, ce ne fut pas innocent. Allons, ils devaient filer, il devait s’en tenir au plan et la libérer des deux femmes. Sinon, il risquait bien de mourir, foudroyé sur place. La petite brune ne perdit pas un instant à accepter la perche tendue, allant même jusqu’à toussoter. Ce n’était pas mignon ça ? Son sourire devint plus franc d’un coup, complètement séduit par ce côté de sa personne. Alors elle avait presque oublié l’espace d’un instant hein ? Presque, parce qu’il ne la croyait certainement pas capable d’oublier vraiment la situation. Elle était trop fière, trop forte pour ça.

    Et voilà, elle lui filait entre les doigts et il se contenta de sourire gentiment aux deux jeunes femmes, inclinant la tête alors que Lily-An en terminait avec elles. Il fut même question d’une invitation à une fête, ce qui le fit sourire avec amusement, opinant du chef alors que sa compagne acceptait déjà l’invitation. Elle allait sûrement s’en tirer avec une mauvaise excuse, du genre ou Lynton avait trop de travaille ou encore, elle se trouverait du travail en retard à faire, comme par magie. Il ne la connaissait peut-être pas mais il voyait clair dans son jeu, elle devait être terriblement douée pour se sortir des impasses. L’envie de la tirer dans une impasse lui effleura bien l’esprit mais pour une fois mais il n’en eut tout simplement pas le temps, sa ‘petite-amie’ le tirant déjà plus loin. Tant pis, ce serait pour une autre fois ! Regardant leurs mains, il ne put s’empêcher de rire tout bas alors qu’elle lui enfonçait les ongles dans la peau. C’était une sadique la demoiselle.

    « Du calme ma petite fleur, tes délicats ongles me mordent coquinement la peau. Voyons mon petit cœur, il ne faut pas t’emballer ainsi, je les à peine regarder, il ne faut pas être jalouse. »

    Bien entendu, il avait fait attention à parler suffisamment fort pour que les deux demoiselles l’entende. Là, il offrait un bon divertissement non ? Peut-être pas pour la dite petite fleur mais elle lui pardonnerait bien un jour. Il s’en assurerait voyons. Mais elle ne blaguait pas et la pression augmentait, le faisant sourire de force. Une vrai sadique hein. Ça ne lui déplaisait pas. Pourquoi pas après tout. Et puis, elle était sensée le dompter tout de même ! Ils continuaient d’avancer puis, d’un coup, ce ne fut plus le cas. Il fut tout aussi surpris que les quelques passants qui avançaient derrière eux. Quelque chose n’allait pas ? En oubliant le soulagement que sa main vivait, maintenant relâchée, il la dévisagea avec un air véritablement surpris, sa tête pivotant légèrement vers la droite. Là, elle planta ses mains sur ses hanches et ses lèvres à lui frémirent. Un sourire hésita à s’y glisser puis s’y étendit avec un air espiègle. Finalement, elle était franchement adorable pour une dompteuse de médecin. Elle comptait lever la voix aussi pour le sermonner ?

    Ne pouvant pas s’en empêcher, il croisa les bras et remonta son poing gauche contre sa lèvre du bas. Il ne devait pas rire, non. Adorable, vraiment. Il lui aurait dévoré les joues s’il avait pu. Enfin, s’il avait eu le courage, parce que là, c’était du suicide. La question tomba et il sourit avec encore plus de bonheur. Est-ce qu’il en avait trop fait ? Il ne pensait pas. Il avait bien joué son rôle, une prestation presque parfaite en réalité. De quoi pouvait-elle bien se plaindre ? Du baiser ? Allons, il ne l’avait pas touché plus que mesure et ce n’était rien de plus qu’un petit effleurement entre leurs deux bouches. Si elle voulait vraiment se plaindre, il pouvait lui offrir un vrai baiser, sans problème même. Est-ce qu’elle était folle ? Peut-être mais pas encore de lui, bien triste réalité. Il n’osa pourtant rien dire, se contentant de sourire devant le petit spectacle qu’elle lui offrait, à lui et quelques passants. N’étaient-ils pas adorable ce petit couple qui se chamaillait. L’homme l’aimait tellement qu’il souriait même quand sa tendre moitié se mettait à lui faire des reproches. A-do-ra-ble !

    Lily-An n’en avait pourtant pas fini avec lui et plus confiante qu’une féministe devant un machiste violent, elle empoigna sa veste, le tirant plus près d’elle. Il écarquilla un moment les yeux mais son sourire revint à la charge. Avait-il le droit de lui dire qu’elle avait de bien jolis yeux ? Non, sûrement pas. Et son regard se détourna de ceux-ci, histoire de ne pas être tenter de le faire. Il devait la laisser se fâcher, allons. Elle plissa alors les yeux et son sourire se calma un instant, s’effaçant alors qu’il la détaillait. Avait-il le droit de lui voler un second baiser ? Non, elle allait le tuer. Est-ce qu’il en avait peur ? Non, sûrement pas mais c’était pour la forme, parce qu’il était un homme respectable. Sa bouche émit alors un petit ‘tch’ et il baissa les yeux l’espace d’une seconde, un soupçon de culpabilité enfoui au fond du cobalt de ses yeux. Ce n’était pas de la culpabilité vis-à-vis de ce qu’il avait fait mais plutôt de ce qu’il avait envie de faire. Aller, un peu de tenu Lynton. Elle s’emballa alors, le trainant de plaie, ce qui ne le surprit qu’à moitié. Elle lui en voulait à ce point ? Voyons elle ne savait pas ce qu’elle disait. Il n’était pas aussi mal que ça. Il suffisait de regarder les choses avec un peu de recul. Il était même un type plutôt gentil, non ?

    « Allons, Lily-An... »

    Le ton était presque caressant, il tentait réellement de la raisonner mais c’était trop tard et elle cherchait déjà une arme des yeux. Elle le menaçait là non ? C’était la première fois qu’une femme lui imposait réellement respect et il en fut surprit. Voilà qu’elle l’abandonnait et comme toute réaction, il se contenta de la suivre, presque inquiet de la perdre dans la masse. Allons, elle n’allait pas le tuer ? Elle ne pouvait pas partir comme ça. L’appelant doucement, il se passa une main dans les cheveux. Okay, il voulait bien avouer qu’il avait pousser le jeu un peu loin mais juste un peu. La suivant donc, il la vit s’approcher de quelques hommes et écarquilla légèrement les yeux, se pressant de la rejoindre. Non, elle n’allait pas se jeter sur l’un d’eux, afin d’effacer toute trace de baiser de ses lèvres tout de même ? Voyons donc ! Il n’eut pas même le temps de lui attraper un poignet que déjà elle se tournait vers lui et franchissait deux pas pour le rejoindre, lui lançant finalement le contenu d’une carafe au visage. L’eau s’élança donc sur lui, ne lui laissant pas même le temps de fermer les yeux.

    Surprise, surprise, elle était froide et un glaçon glissa même jusque dans son pull, ce qui le fit ouvrire les yeux un peu plus grand. Eh bah. Et elle reprit parole, allant jusqu’à l’appeler chéri. Il ne sut pas comment réagir sur le coup, il était abasourdi. Oui, c’était le moins que l’on puisse dire. Il ne l’avait pas vu venir et contre toute attente, parce que les clients du café attendaient eux aussi la suite, il sourit à nouveau. Ramenant ses cheveux humides vers l’arrière, il s’essuya rapidement le visage pour secouer son pull, le glaçon se fracassant au sol dans un petit bruit.

    « Ce fut… rafraichissant ! »

    On le dévisageait maintenant mais il ne semblait pas s’en inquiéter. Regardant autour de lui, il aperçut une boutique de vêtement pour homme et pas le moins du monde inquiet, attrapa le poignet de la jeune femme, déliant ses bras croisés du même coup.

    « Maintenant que nous avons finis de nous donner en spectacle amour, allons m’acheter d’autre vêtement. Je sais que tu ne voudrais pas me voir tomber malade, comme tu viens si bien de le dire. »

    Fou ? Peut-être mais en fait, tout ça ne lui déplaisait pas. Elle avait du chien la petite dame, plus qu’il ne l’avait cru et il la traina presque de force dans la boutique, sa main refusant de relâcher son poignet. Non pas violemment mais d’une poigne ferme. Elle allait le suivre, ça pas de doute. Passant la porte de la dite boutique, il inclina la tête en signe de salue pour le vendeur, qui les regarda avec surprise. Qu’est-ce qu’il faisait trempé le monsieur ? Jovial, Lynton avança jusqu’au fond de la boutique et là, plaqua doucement sa compagne contre l’une des cabines d’essayages. Passant son chandail par-dessus sa tête, son corps vint rejoindre le sien alors qu’il parlait doucement, une octave plus basse, histoire de bien se faire comprendre par la demoiselle.

    « Que vous soyez furieuse, je peux l’envisager. Que vous me jetiez de l’eau en plein visage, ça va encore mais il est complètement hors de question que je vous laisses filer. Encore moins après toute cette petite scène. On ne change pas les plans ainsi, mademoiselle McIssac. »

    Le tout accompagné d’un petit sourire, qui vint ourlé le coin gauche de ses lèvres. Là il se faisait bien comprendre ? Il n’était pas violent, bien sûr que non, jamais. Ce n’était pas dans sa nature mais il préférait que ce sois clair. Elle pouvait se fâcher, l’arroser, le mordre même si le cœur lui en disait mais ils iraient déjeuner.

    « Si c’est le baiser qui vous dérange autant, il me fera plaisir de vous en offrir un plus ‘convaincant’ et sinon, vous pouvez toujours m’aider à choisir de nouveau vêtement pour notre rendez-vous. Parce que nous y allons. Avec ou sans votre accord. »

    Sur ce, il se recula, non pas sans avoir laissé son regard trainé sur ses lèvres. Viles tentatrices, n’est-ce pas. Impossible de ne pas y songer. Soupirant, il se tourna vers le vendeur, qui approchait, l’air curieux. Que ce passait-il ici hein ? Aussi à l’aise qu’un poisson dans l’eau, Lynton sourit à celui-ci sans l’ombre d’une hésitation.

    « Bonjour ! J’ai eu, comme dirait, un petit accident et j’aurais besoin d’une nouvelle tenue pour accompagner ma charmante compagne, à un dîner en tête à tête. Si j’avais su que je tomberais sur une furie en allant dîner, j’aurais prévu un ciré. »

    Souriant toujours à l’homme, qui se contenta de rire en entendant le blond parler, Lynton tourna un regard légèrement provocateur en direction de la dite furie. Tu veux jouer chérie, jouons alors. Laissant le vendeur lui proposer un pantalon de ville et un pull léger, le tout très sobre, il sortit son portefeuille. Il le nicha sans crainte dans la main de la jeune femme, la regardant avec sérieux alors que le vendeur se réjouissait déjà de son affaire. C’est qu’il avait fait attention à lui offrir les prix les plus élevés, ce dont Lynton n’avait rien à faire.

    « Je vais aller enfiler ses vêtements, pendant ce temps, vous paierez mes achats ? Je ferais vite et nous irons ensuite déjeuner ensemble. À moins que ses vêtements là ne vous plaisent pas. Mais je doute fort que ce que je porte vous importe réellement Mademoiselle McIssac. »

    Son ton était doux, il tentait de la convaincre mais il c’était calmé aussi, n’est-ce pas ? La détaillant un moment, il s’approcha légèrement d’elle, ses doigts effleurant sa main alors qu’il plissait légèrement les yeux. C’est qu’il devenait sérieux le monsieur. Sa voix ne fut qu’un souffle lorsqu’il reprit parole.

    « Je promet de bien me tenir cette fois. Je mérite une deuxième chance je crois ... »

    Un peu plus et il la remerciait de sa compréhension. Et voilà qu’il pivotait sur lui-même, se glissant dans la cabine d’essayage pour se changer. Le jeu l’amusait toujours et il aurait sûrement encore joué sauf qu’il avait eu l’impression que s’il ne s’arrêtait pas rapidement, elle lui filerait entres les doigts. Hors, fait étrange, il n’en avait pas envie. Il voulait réellement dîner avec elle, discuter avec elle et plus que tout, s’étonné devant ses qualités. Parce qu’il était certain que les siennes valaient le détour. Capable de dompter un Lyon ? Ça restait à voir mais elle savait au moins le refroidir. C’était pas mal du tout comme début.
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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptySam 27 Fév - 0:56


    Si elle était excédée, Lynton s'amusait de la situation. Elle était tombée sur un fou. Comment pouvait-on apprécier autant ce qui se déroulait ? Elle lui avait planté ses ongles dans sa peau, elle l'avait arrosé mais le blond ne fuyait pas. C'était inquiétant et admirable. Lorsqu'il avait parlé d'endurance, la petite brune avait songé à une patience tout de même limitée. Mais elle devait admettre que le blond l'impressionnait réellement. Tout en le fixant, maintenant trempé, Lily-An ne savait comment réagir. Pourquoi ce sourire ? Comment pouvait-il afficher cette expression dans un tel moment ? Les clients leur lançaient des regards interrogateurs. Il n'y avait rien de plus divertissant qu'une scène de couple. Après tout la jeune femme avait prononcé 'chéri', il était impossible de douter sur le fait qu'ils étaient ensemble. Quelle idiote. Sa main glissa un instant dans sa nuque la frottant nerveusement. À force d'agir avec précipitation, elle empruntait la mauvaise direction. Ses bras furent à nouveau croisés pendant qu'elle jetait un regard curieux aux clients. Quoi ? Ils n'avaient jamais une dispute ? Si cela continuait, ses pas la mèneraient dans une impasse. Ou plutôt, elle n'aurait d'être choix que de s'avouer vaincue.

    La tendre et caractérielle épouse qu'elle jouait, ne cillait pas. Rafraîchissant mais encore ? Passive, ses yeux guettaient un mouvement de la part de l'homme. Surprise sur le coup, ses bras se délièrent mais rapidement, elle exprima un geste réticent. Mais l'autorité soudaine du blond la perturba. Animé d'une mauvaise volonté, son corps suivit mais se faisait le plus lourd possible pour être traîné. Au contraire, s'il pouvait tomber malade sur le champ, cela l'arrangeait. Adieu monsieur Ashlow. Dans ses rêves. Dans son cauchemar, Lily-An l'accompagnait pour acheter des vêtements. Sauf qu'il s'agissait de la réalité. D'ailleurs, c'était fort dommage que la note dominante du caractère fusse la stupidité selon elle. Il avait bien plus de charme en étant sérieux. Peu de femmes devaient aimer une personnalité aussi changeante.

    Tout en pénétrant dans la boutique, la jeune femme jeta un coup d'oeil autour d'eux. Le magasin devait pratiquer des prix élevés. Etait-ce nécessaire d'acheter une tenue de rechange ici ? Le salaire de médecin de chef devait être sûrement confortable. An adressa un sourire innocent au propriétaire et se glissa à la hauteur du blond. Pourquoi allaient-ils au fond ? Que voulait-il faire ? Adossée contre la paroi de la cabine, la brune esquissa une moue. Ses mains frottèrent ses poignées comme pour se plaindre du traitement reçu. C'était la première fois qu'on la traitait de cette façon. Un toussotement suivit le geste de Lynton. Non mais il ne pouvait se déshabiller ailleurs ? Exhibitionniste ! Et pourquoi se rapprochait-il ? Un petit cri s'envola. Instinctivement, ses mains vinrent se poser sur le torse de l'homme afin de le repousser. Ses doigts se crispèrent sur sa peau, la griffant légèrement. Pas de sa faute, leur proximité la rendait nerveuse. Ses yeux évitaient soigneusement de croiser les siens. Elle regardait droit devant elle, terriblement sérieuse. Non mais elle s'en doutait que monsieur n'avait pas l'intention de la laisser filer. Cependant c'était très embarrassant cette attitude. Normalement la scène n'aurait pas du le conforter dans son choix, au contraire.

    « - Ne soyez pas stupide. »

    Elle n'avait pas l'intention qu'il l'embrasse à nouveau ! Le premier aperçu suffisait amplement. Son pied vint appuyer sur le sien comme pour faire lui comprendre qu'il fallait reculer maintenant. Après tout, peut-être qu'elle pouvait mordre hm. Cessant de le piétiner, la jeune femme tourna la tête vers le vendeur. Ses mains disparurent dans son dos, alors qu'elle affichait un air tranquille. Pourvu qu'il ne s'imagine rien d'étrange. Furie ? Sa maudite langue se tortillerait bientôt sur le sol à trop parler. Mais en aucun cas, elle n'allait appuyer les dires de monsieur Ashlow. Le cinéma aurait été une meilleure idée. Dans le noir, elle se serait éclipsée. Lynton avait du penser à cela. Les deux hommes s'éloignèrent et Lily-An resta en retrait. De temps en temps, ses doigts caressaient le tissu d'une chemise, jaugeaient la qualité. Faire des courses pour un homme. Avec un homme. Un faible sourire se dessina. Les souvenirs remontaient lentement. Une voix. Un regard. Des rires. Elle n'aimait pas repenser à cela. Une sensation de vide l'emportait. Chercher à plaire ne la touchait même plus. Une grande croix était tracée sur cette partie de sa vie. Elle n'avait plus le temps.

    Un sursaut anima son corps lorsque le blond lui mit son portefeuille dans les mains. Un hochement de tête et elle regarda l'objet en soupirant. Quel fardeau. Qu'il aille s'habiller et qu'on en parle plus. Elle n'allait pas mentir, ni le contredire par rapport à ses vêtements. Seulement comme d'habitude, Lynton s'éternisait. An lui coula un coup d'oeil sombre pour lui signaler de se préparer. En le voyant enfin se diriger vers les cabines, elle se sentit sauvée. Aucun homme ne parlait autant. Ce n'était pas possible. Le vendeur s'amusait et quand Lily-An arriva à la caisse, il lui confia que son mari était un drôle d'oiseau. La vie ne devait pas être triste avec un tel original. Depuis quand vivaient-ils ensemble ? A cette question, elle fronça les sourcils. Les gens se mêlaient toujours de ce qui ne les regardaient pas. Au lieu de répondre, elle ouvrit le portefeuille. La carte. Sauf qu'elle n'avait pas le code du dit rectangle de plastique. Présentant ses excuses au vendeur, elle fila dans la cabine occupée par le blond. Le rideau fut tiré puis refermé. Quelle caractère ! Le propriétaire s'étonnait d'un tel duo. Entre eux, c'était pour le moins électrique.

    « - Lynton, je ne peux pas payer sans votre code de carte... » S'accoudant dans la cabine, elle le fixa tranquillement. « Soit vous me le donnez, soit vous payez par vous-même. »

    Elle ne se souciait pas de la tenue du blond. Torse nu. En boxer. Cela ne la souciait guère. Un aperçu avait été offert plus tôt. Il était facile d'en convenir que Lynton n'appartenait pas aux pudiques. Ses mains ouvrirent le portefeuille et An se mit à faire l'article de ses possessions. Carte. Carte de visite. Et tout autre petit papier que l'on pouvait trouver. Sa fouille s'arrêta sur une photographie. Une jeune femme. Belle. Sa soeur ? Impossible, il n'y avait aucun air de famille. Dans quelle position, sa mère l'avait-elle mise ? Avait-elle touché le fond ? Le coeur de cet homme appartenait déjà à une femme. Qu'était-elle entrain de faire ? Elle ne voyait qu'une seule raison pour détenir ce bout d'Elle dans un endroit si quotidien, si précieux. Le trouble se lisait sur son visage. La jeune se sentit sale, stupide. Et Lui, avait-il encore une photo d'elle ? D'une voix lointaine, An souffla.

    « - Je pense que nous devrions oublier. » Elle s'inclina respectueusement. « Merci de votre patience... »

    Dans la poche du pantalon, An glissa le portefeuille. Leur chemin s'arrêtait ici. Cela valait mieux avant de faire n'importe quoi. L'être aimé passait avant tout mais ce qui avait lieu aujourd'hui n'allait pas dans ce sens. Un goût amer dans la bouche, douce poupée manipulée, elle baissa les yeux. Pourquoi n'était-il plus là ? Pourquoi ne pouvait-elle plus se blottir contre lui ? Le temps semblait avoir effacé les raisons de leur séparation. Etait-ce sa faute ? La sienne ? Cette décision était-elle commune ? Au bout du compte, seul le résultat comptait. Sur le sol, des morceaux d'elle brisée. Jamais, elle n'avait pris la peine de les ramasser. Elle avait baissé la tête pour observer les débris avant de la relever. Tout n'était qu'un rêve. Un rêve dont elle n'avait pas la force de sortir. L'humain aimait se complaire dans la souffrance.

    «  - Vous devriez dire à votre mère de s'occuper de la personne qui a votre coeur. » Elle murmura. « Ce serait plus juste... »

    Ses lèvres offrirent un sourire où la douceur se mêlait à la tristesse. Son corps recula pour se tourner. Précipitamment, Lily-An quitta la cabine. Elle suffoquait. Il lui fallait de l'air. Quitter cet endroit au plus vite. Le vendeur cligna des yeux, que se passait-il ? Mais craignant d'intervenir dans une affaire qui ne le regardait pas, il resta silencieux. La silhouette disparaissait petit à petit de sa vue. L'homme avait le sentiment d'avoir vu ce qu'il n'aurait jamais du.

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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptySam 27 Fév - 19:35

    Lui ayant laissé le portefeuille dans les mains, le médecin avait filé sans demander son reste. Dans la cabine d’essayage, il retira son pantalon pour enfiler l’autre. Là, c’était beaucoup plus confortable. C’est fou ce qu’une petite carafe d’eau peu faire comme dégât, il n’y aurait sûrement pas cru s’il ne l’avait pas vécut. Riant tout bas, il évalua les dégâts sur son sous-vêtement et se décida à le garder. Il était à peine humide, ça irait. À peine avait-il enfilé son pantalon à la hauteur des cuisses que sa compagne revenait à la charge. Étonné de la voir se glisser dans la cabine, il tourna la tête dans sa direction, un sourire aux lèvres. Alors il lui manquait à ce point ? Visiblement pas, parce qu’elle lui montrait déjà son portefeuille. Il avait complètement oublié ce détail mais il était vrai que sans son code, elle n’irait pas bien loin. Ce qui l’amusait pourtant, c’était de la voir revenir pour cette raison. Elle aurait pu filer pendant qu’il se changeait non ? Hors, elle était plantée devant lui, très sérieuse avec sa carte dans les mains. Riant tout bas, il baissa les yeux sur son pantalon et le remonta pour le poser sur ses hanches, se tournant enfin pour lui faire face.

    « C’est vrai, j’avais complètement oublié. »

    Mais elle inspectait déjà son portefeuille, non ? Il n’y fit pas réellement attention, la fixant elle plutôt. Est-ce qu’elle réalisait le danger de se glisser dans la même cabine qu’un inconnu ? Il en doutait mais c’est peut-être ce qui faisait son charme. À la fois si forte et si insouciante. Ou peut-être le voyait-elle simplement comme inoffensif, après tout elle le prenait pour un idiot non ? Il y avait toutes les chances que oui. Il était au moins assez intelligent pour réaliser cela. S’approchant d’elle, il eut une soudaine envie de la toucher, qu’il réprimanda sans trop de mal le temps de se passer une main dans les cheveux. Sa tête se redressa alors qu’il fermait un œil, réfléchissant longuement au code. Il devait se concentrer et cesser de songer à cette bouche, ses jambes, cette taille. Ahem.

    « Je vais vous le laisser alors. 03, 13 – Ça ne va pas Lily-An ? »

    Sincèrement inquiet, il baissa son visage un peu plus bas que le sien, la fixant avec intérêt. Elle avait un drôle d’air, quelque chose n’allait pas ? Elle n’aimait pas son code ? Allons, elle n’allait pas râler sur ça aussi tout de même. Un petit sourire amusé accroché au coin gauche de sa bouche, il s’approcha encore un peu. Sauf que voilà, elle s’inclinait maintenant, débitant des inepties. Alors c’était le mieux qu’elle avait pu trouver pour lui échapper ? Il c’était attendu à mieux, vraiment. Elle lui avait semblé assez doué pour les tomber de rideaux flamboyant, là c’était assez limite. Beaucoup trop discret, trop court, trop rapide. Il n’avait tout simplement pas envie de la voir filer comme ça en somme. Riant à nouveau tout bas, il s’approcha, prêt à lui dire qu’elle rêvait si elle croyait que son petit numéro allait le satisfaire. Non non Mademoiselle, on ne peu partir comme ça, pas question. Elle était beaucoup trop intrigante pour qu’il lui laisse cette chance. Et puis on ne peut pas partir en plein milieu du boulot, elle devait le dompter non ? Elle n’en savait sûrement rien mais lui, il attendait impatiemment le reste. Un peu trop sûrement. Mais que tenait-elle dans sa main ? Attrapant la petite photographie, il la fixa un moment et parut fort surpris. Une photo d’Esma. Ça, honnêtement, il ne l’avait pas prévu. Elle devait y être depuis un sacré moment. Tout aussi surpris, il fixa le cliché puis regarda la jeune femme qui semblait pressée de partir. Plissant légèrement les yeux, il tendit une main et effleura quelques mèches de ses cheveux, son autre main tenant fermement la petite image.

    « C’est à cause de ça ? Allons Lily, c’est une vieille photo, je ne savais même pas qu’elle y était encore. »

    Un petit sourire en coin, il ne lança pas un autre regard à la dite image mais elle comptait bel et bien fuir, peu importe ce qu’il disait, non ? Il eut alors une vague impression de danger. Ils ne se connaissaient pas encore, sa vie n’avait rien de fantastique mais il s’en contentait, avait-il réellement envie, voir besoin, d’une femme en plus ? N’était-il pas plus sur de la laisser filer ainsi, sans bonne raison ? Parce que Esma n’était pas une bonne raison, pas pour lui. C’était son passé, un passé qu’il préférait ignorer pour ne pas souffrir davantage. C’était plus facile, non. Ce ne fut qu’au contact de la main, qui glissa le portefeuille dans son pantalon, qu’il revint réellement à lui, la dévisageant alors. Non, il ne voulait pas la laisser filer. C’était trop facile, beaucoup trop. Finalement, il était vraiment masochiste, il préférait encore souffrir, sa vie était d’un ennui. Hésitant, son sourire flancha puis abandonna sous ses paroles.

    C’est bien ce qu’il avait cru, il avait affaire à une jeune femme têtue. Elle croyait avoir tout compris avec une simple photographie, c’était un peu culotté de sa part d’ailleurs. Soupirant, il s’apprêtait à parler lorsqu’elle se décida à lui fausser compagnie. En plus, elle était rapide la demoiselle. Grognant, Lynton sortit de la cabine aussi précipitamment que la jeune femme, surprenant doublement le pauvre vendeur qui ouvrait déjà la bouche pour crier au vol. Le blond lui lança donc son portefeuille, il en avait pour une minute, qu’il le lui garde. En plus clair, il ne comptait pas lui voler sa marchandise, il allait juste rattraper la demoiselle. Le vendeur n’en revenait pas, ils étaient réellement un drôle de duo. Au moins avait-il le portefeuille de l’homme en sa possession et puis de toute façon, s’il n’était pas de retour d’ici dix minutes, il appellerait le NSS. Un homme seulement vêtu d’un pantalon, ça ne courait pas les rues tout de même. Il serait rapidement retrouvé. Pendant ce temps, Lynton se pressait, rejoignant la jeune femme avec un peu de difficulté. Il faut comprendre que celle-ci n’était pas particulièrement grande et dans une foule, c’était un problème d’envergure. Il avait du faire pivoter pas loin de trois demoiselles avant d’enfin reconnaître sa démarche et sa robe. Inspirant alors un bon coup, il lui attrapa un poignet, vilaine habitude qu’il semblait prendre avec elle. Elle dut être aussi surprise que les trois femmes de plus tôt, car elle tenta de lui résister, ce qui ne le fit pas flancher. Cette fois, il tenait la bonne et elle allait le suivre !

    « J’ai rarement vue de femme plus têtue que vous, Mademoiselle McIssac. Vous trouvez une vieille photo dans mon portefeuille et aussitôt, vous disparaissez. Ne croyez pas détenir toutes les informations, alors que je n’ai pas encore eu mon mot à dire. »

    Sur de lui, il parlait avec une fermeté surprenante. Rejoignant le devant de la boutique, qu’ils venaient de quitter en coup de vent, il pivota enfin pour lui faire face. Fouillant la poche de son pantalon, il en sortit la photo et l’air agacé, relâcha la jeune femme pour déchirer l’image devant ses grands yeux marron. Une fois les lambeaux tombés au sol, il la fixa avec sérieux.

    « Et voilà le travail. C’était une image de mon ex-fiancée. Hors, il n’y a pas de quoi se prendre la tête, elle est mariée depuis quelques années et aurait même un enfant. Il n’y a rien de plus à dire, sauf que je ne suis pas un homme suffisamment organisé peut-être. »

    Ça, c’était le moins que l’on puisse dire. Depuis combien d’année cette photo trainait-elle dans son portefeuille hein ? Sérieusement, il pensait les avoir toutes jetées. Ça lui apprendrait à être paresseux. Soupirant, il se passa une main dans les cheveux, détaillant le visage de la jeune femme, y cherchant un quelconque signe de doute ou de rejet. Après tout, têtue comme elle était, elle pouvait fort bien trouver une autre excuse pour filer. Cette idée le fit sourire et le calma considérablement. Glissant une main autour de l’une des siennes cette fois, parce qu’il savait se montrer moins brutal, il la tira gentiment vers la boutique. Maintenant qu’il c’était expliqué, elle allait le suivre gentiment, n’est-ce pas. Enfin, sinon elle le trouverait agaçant, parce que lui aussi il pouvait se montrer têtu.

    « Aller, je vais enfiler cette chemise puis nous irons déjeuner. Avec toute cette action, je suis certain que vous avez faim, vous aussi. Et pas d’histoire, je vais vraiment tomber malade si ça continue et je doute que vous ayez envie de jouer l’Infirmière. »

    Il lui ferait sûrement enfiler l’uniforme en plus hein ! Alors elle avait intérêt à l’écouter. Il lui lança un dernier regard avant de la faire entrer dans la boutique. Le vendeur redressa aussitôt la tête et sourit, visiblement soulagé que l’homme, mais surtout sa marchandise, soit de retour. Lynton relâcha enfin Lily-An et lança au vendeur de la lui surveiller, elle n’avait pas intérêt à filer durant sa courte absence. Sur ce, il fila dans la cabine pour attraper sa chemise et l’enfila aussitôt, revenant à la caisse pour mieux surveiller la jeune femme alors qu’il payait ses achats. Il n’avait pas même prit la peine d’attacher son nouveau vêtement et les yeux passant du panneau de chiffre à Lily-An, il semblait sur ses gardes. Ils allaient enfin pouvoir aller déjeuner, à moins qu’elle ne trouve encore de quoi faire pour les ralentir. Tien, encore une fois il se surprit à sourire. Honnêtement, la compagnie de la brune n’avait rien de déplaisant.
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Lily-An McIssac

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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyLun 1 Mar - 0:02


    Feel the vibe,
    feel the terror,
    feel the pain,
    It's driving me insane.
    I can't fake,
    For God's sake why am i driving in the wrong lane
    Trouble is my middle name.

    Tête baissée, elle marchait rapidement. L'empressement animait son corps d'un mouvement incontrôlable. Lily-An ne s'arrêta pas pour voir où se trouvait Lynton, pour voir s'il l'avait suivi. Si elle faisait cela, elle perdrait du temps et il pourrait la rattraper. En avait-il seulement envie ? Peut-être que cette fois, le médecin abandonnerait. D'une main, elle écarta quelques mèches brunes qui masquaient son visage. Pourquoi courait-elle ? Des femmes la dévisageaient se demandant pourquoi cette jeune femme avait les larmes au bord des yeux ? La douleur était plus vive, plus présente. Pendant des mois, elle s'était tue mais elle explosait, lacérait son coeur. Elle croyait être passée à autre chose. Elle croyait l'avoir oublié. Elle croyait que tous ces instants avaient été effacés. Ses pas ralentirent doucement. Loin de la boutique, An se pensait en sécurité. La petite brune s'évertuait à retourner les sentiments dans leur boite. Mais rien ne rentrait. Le contenant craquait de toute part la laissant fatiguée. Soudain un contact la tira de ses vaines tentatives. Seule, une personne l'attrapait ainsi mais incertaine, son bras gesticula pour échapper à l'inconnu. Furieuse, la jeune femme se retourna faisant face au blond. Est-ce qu'un homme plus tenace que lui existait ? Ses lèvres s'entrouvrirent comme pour hurler, toutefois les sons moururent avant de sortir. La lassitude l'emportait lentement. Echapper au médecin relevait de l'impossible. Quoiqu'elle fasse, il l'attrapait. Même si la douleur grandissait, le sentiment d'être prisonnière se resserrait.

    Oui, elle était têtue. Oui, elle assumait sans preuve. Oui, elle voulait disparaître. Non, elle ne souhaitait pas connaître la vérité. Les yeux rivés sur le sol, An l'écoutait malgré sa volonté. Ce sont tous des menteurs. Regardant son poignet, elle soupira. Ce n'était pas cette main qu'elle aurait aimé voir. Ce n'était pas cette voix qu'elle aurait aimé entendre. Ce n'était pas ce corps qu'elle aurait aimé contempler. Ils adorent passer du temps avec les infirmières. Son visage se redressa évitant soigneusement ses yeux. Le vendeur les observait avec curiosité. Que trafiquaient-ils devant la porte ? Il n'allait tout de même pas faire pleurer son épouse, n'est-ce pas ? Elle suivait le mouvement rapide des doigts. Les bouts de papier déchirés volèrent d'un coup dans la rue. La photographie n'était plus mais cela ne changeait rien à ce qu'elle ressentait. À son besoin de fuir. Mariée ? Attendant un enfant ? Un faible sourire anima son visage. Cette femme avait de la chance. Lynton disparaissait petit à petit dans son esprit et elle songeait à son chemin. S'était-elle trompée ? Aurait-elle du lui pardonner ? Vous vous seriez séparés plus tard. Les explications ne déclenchèrent aucune revendication, aucune plainte. Immobile, elle se tenait près de lui semblant l'écouter. Pourtant ses prunelles sombres montraient qu'elle était loin, très loin. Cachée derrière les tour de l'argent et de la réussite, elle attendait. Avec le temps, An ne savait même plus ce qu'elle attendait réellement. L'Amour ? Un homme ? S'il revenait vers elle, elle se sentait capable de l'accepter à nouveau.

    La main de l'homme prit la sienne et son corps le suivit à nouveau. Sa tête esquissa un mouvement pour appuyer les paroles de Lynton. Elle ne bougerait pas. Elle n'avait même pas la force de commenter le fait de jouer à l'infirmière. Alors qu'une critique acerbe lui aurait été volontiers distribuée. Dans la boutique, la jeune femme se rapprocha du comptoir. Le médecin avait filé vers la cabine d'essayage. Pensive, An tapotait sur le métal du bout des doigts. Un homme venait de lui courir après torse nu en pleine rue. Toute cela, juste pour déjeuner en sa compagnie. Cela lui semblait tellement stupide. Improbable. Nerveusement, elle se mit à triturer ses doigts. Le propriétaire commençait à s'inquiéter. Elle n'avait pas l'air dans son assiette. La crainte monta lorsqu'il la vit s'essuyer les yeux. Mon dieu, qu'allait-il faire si elle se mettait à pleurer ? Chuchotant des paroles rassurantes, l'homme la fixait tout en espérant intérieurement que la femme de son client garde bonne figure. Heureusement aucune larme ne quitta les yeux de la petite brune. L'arrivée du médecin soulagea le vendeur. An se redressa et soupira. Franchement cet homme n'avait aucune tenue. Ses doigts se saisirent du tissu et elle boutonna la chemise avec soin. Son geste s'arrêta soudainement. Son corps se rapprocha du sien. Son visage se nicha contre son torse et ce qui avait été tellement redouté par le vendeur arriva.

    « - S'il vous plait, Lynton... » Ses lèvres tremblaient légèrement. « Arrêtez.. »

    Ce n'était qu'un murmure étouffé par la peau. Ses larmes roulaient contre ses joues. Dire qu'elle s'était jurée de ne jamais craquer. Des soubresauts agitaient son corps. Doucement, la jeune femme se redressa. Ses mains couraient sur ses joues pour effacer toute trace. Etait-ce trop tard pour elle ? S'était-elle enfermée ? Lily-An essaya de sourire. Son expression était remplie de maladresse et d'embarras. Le vendeur lui tendit un mouchoir. Se tournant pour offrir son dos au blond, elle attrapa le bout de tissu. Si elle se calmait, tout irait bien. Un rire s'envola de ses lèvres et la jeune femme se tourna vers les hommes. Avec ses mains, elle se faisait de l'air espérant se calmer ainsi. C'était définitif, ses pieds avaient touché le fond. C'était angoissant mais rassurant d'une certaine façon, elle n'irait pas plus bas. Le sol ne s'ouvrirait pas pour l'avaler, se refermer sur elle car il l'avait déjà fait. Sur le bord de la route, toujours au même endroit, la jeune femme se tenait. Jamais, ses bras ne se tendaient. Jamais, ses mains ne s'agitaient pour alerter une personne. Il lui avait tout pris. L'envie. L'espoir. La confiance. Il avait tout emporté et ne lui avait jamais rien redonné. Est-ce que le médecin connaissait ce sentiment ? Son visage se redressa, l'interrogeant du regard. Est-ce qu'il connaissait la sensation d'être brisé ? Sûrement.

    « - Dépêchez-vous avant que je n'ai plus faim... »

    Timidement, ses doigts s'agitèrent pour se nouer aux siens. Elle avait besoin d'un soutien, d'une présence. Prendre appui sur quelqu'un ne se trouvait pas être dans ses habitudes. Mais juste pour cette fois. Elle avait besoin de se changer les idées, de voir sa situation d'un oeil neuf. La pression de sa main se resserra. Comme une enfant qui s'apprêtait à traverser, la peur au ventre, un tunnel sombre, Lily-An s'accrochait à l'homme. Elle ne le connaissait pas. Il ne la connaissait pas. Elle avait été odieuse avec lui. Il s'était imposé à elle. Le vendeur ne comprenait plus rien cependant il se contenta de garder les yeux baissés. Cette douleur exposée le gênait. Devenue visible, la plaie saignait. Le liquide s'évaporait dans l'air. Son autre main se posa contre son ventre. Ses doigts se refermèrent sur le tissu l'agrippant avec force. La faim l'avait déjà quitté depuis un moment. Son ventre lui paraissait lourd, son estomac semblait être un sac de noeuds. Etait-elle capable d'avaler quelque chose ? En avait-elle envie ? Non mais pas une protestation s'éleva. Cette fois, elle suivrait le blond. Se débattre pour rien la fatiguait car au final, elle se battait contre elle-même. Elle voulait le fuir pour fuir son passé. Pour se fuir. Ses peurs. Ses complexes. Le médecin lui évoquait trop de souvenirs. Ce n'était pas sa faute après tout. Sa main tira doucement sur la sienne pour le mener vers la sortie. Peut-être qu'en se saoulant avec les sons de la rue, elle pouvait regagner son énergie. Peut-être qu'en se saoulant, elle pouvait s'oublier. Sa voix se fit entendre. Un peu brisée, un peu fatiguée.

    « - Les princes charmants ont trop de femmes dans leur vie... » Sa main relâcha la sienne. « Je n'attends qu'un prince pas très charmant... Au moins, personne n'essaiera de me le prendre... »

    Se forçant à sourire, Lily-An croisa ses mains dans son dos. Elle ne pouvait pas ruiner la pause de l'homme. Qui plus est, ce n'était pas comme s'il pouvait faire quelque chose pour elle. Que ce soit changer vie ou la colorer d'une nouvelle teinte. Mais au fond, elle s'était résignée. Le prince pas très charmant n'attirerait pas les regards, pas la convoitise et même si, elle ne l'aimait pas, elle lui offrirait toute son affection. Ce ne serait pas le bonheur mais cela en aurait un avant-goût.

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Lynton Ashlow

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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyLun 1 Mar - 8:03

    Il n’avait pas même terminé de sourire, s’amusant tout seul de la journée, que déjà le dit sourire s’envolait. Sa compagne ne semblait pas très bien et le vendeur avait un air inquiet, celui d’un homme qui ne veut pas être mêlé à une histoire de couple. Plissant un peu les yeux, le paiement effectué, il regarda enfin la jeune femme. Est-ce qu’elle avait ce même air malheureux lorsqu'il l’avait ramené dans la boutique ? Ne sachant pas trop ce qui la mettait dans cet état, après tout il ne s’agissait que d’une photographie, il voulut lui demander ce qu’elle avait. Ouvrant la bouche pour s’exprimer, prêt à sortir encore une bêtise, certain que cela détendrait l’atmosphère, il fut toutefois devancé par la jeune femme, attrapant les pans de sa chemise. Le geste le surprit doublement lorsqu’elle se mit à boutonner le vêtement, le vendeur sembla légèrement soulagé et fit mine de se concentrer sur les vêtements humides de Lynton, qu’il rangeait soigneusement dans un sac. Il n’avait pas à les plier mais tout était bon pour éviter de se mêler à leur dispute. Un petit sourire glissa sur les lèvres du médecin mais il n’eut pas même le temps de remercier la jeune femme, qu’elle se mettait à trembler doucement devant lui, son visage se nichant contre lui. C’est qu’il était de plus en plus surprit aujourd’hui.

    Elle parla tout bas mais il comprit vaguement ce qu’elle venait de murmurer et soupira tout bas à son tour. Comment est-ce qu’une photographie pouvait faire autant de mal à une jeune femme hein. Sa main droite se redressa lentement et effleura la nuque de Lily-An, bien trop bref contact qu’il aurait voulu réconfortant pour elle, mais déjà elle se détournait et il se mordait la lèvre inférieur alors qu’il contemplait son dos. Franchement, s’il avait su qu’une image d’Esma pourrait causer ce genre de réaction à la demoiselle, il ce serait bien passé de lui laisser son portefeuille. Vaguement coupable, il s’empressa de boutonner le haut de sa chemise et d’attraper son sac. Ils allaient sortir de là et puis il essaierait de la consoler. Essayer, parce qu’il n’était pas vraiment certain d’y arriver. Après tout, il ne la connaissait pas et vice-versa. Ils n’étaient encore que deux inconnus l’un pour l’autre. Le peu qu’il savait à son sujet se limitait à sa loge, son nom, un aperçu de son tempérament et puis qu’elle avait eut une histoire avec un médecin. Après, elle ne savait pas grand-chose de lui non plus. Était-il en mesure de faire taire ses larmes là ? Il l’espérait. Parce que non seulement la scène lui faisait mal au cœur, il n’avait jamais aimé voir une femme pleurer, mais en plus si sa mère apprenait qu’il avait fait pleurer sa compagne, il n’était pas mieux que mort. Toute fois, pour le moment il ne s’inquiétait pas encore du sort que lui réservait sa génitrice, ce qui était tout de même louable de sa part.

    Elle lâcha un petit rire, qui étonna autant Lynton que le vendeur, qui sembla soulagé. Si celui-ci offrit un petit sourire encourageant à la jeune femme, le blond se contenta de la fixer avec une vague expression d’inquiétude collée au visage. Ça ne lui ressemblait pas de s’inquiéter pour une inconnue mais à vrai dire, il rencontrait rarement des jeunes femmes aussi ‘vivantes’ que la petite fleur qui l’accompagnait. Elle méritait largement son lot d’inquiétude, non ? Sûrement. Soupirant, il esquissa un petit sourire à An. Il avait bien vu son regard, celui digne d’un signal de détresse. Elle souffrait, elle avait mal, elle saignait de l’intérieur mais malheureusement, il ne pouvait rien y faire. Son savoir faire se limitait à l’extérieur, au physique. Il adoucit pourtant le bleu de ses yeux, laissant de côté l’idiot qu’elle avait fréquenté jusqu’ici pour laisser place à l'homme sérieux, le brillant médecin chef un peu paresseux sur les bords.

    « Oui, pardon. »

    Tien, il lui arrivait de s’excuser à lui aussi ? Visiblement. Après tout, il était un peu la cause de son malheur immédiat. Elle n’aurait pas pleuré si… si quoi ? Ça il ne savait pas. Tout c’était emballé depuis l’histoire du portefeuille et il avait perdu le fil. Il considérait pourtant que ce n’était pas le pourquoi exact de sa douleur qui comptait le plus en ce moment, mais comment lui retirer la dite douleur plutôt. La petite main rejoignit alors la sienne et ouvrant un peu plus les yeux, il l’effleura du regard alors que leurs mains se joignaient le plus simplement du monde. Ça, il ne l’avait pas prévu, comme pas mal de truc en fait. C’est que la jeune femme n’avait pas son pareil pour le surprendre ! Ce devait être dans cet esprit que sa chère mère l’a lui avait présentée. Mais il cherchait sûrement trop et sa mère avait du se contenter de vouloir mettre la fille d’une amie avec son fils, qu’elle considérait trop solitaire et immature. Serrant la petite main dans la sienne, il la laissa le guider jusqu’à l’extérieur de la boutique, le vendeur les saluant du bout des lèvres, sûrement trop effrayé d’entrer dans l’intimité qu’ils venaient de se créer. Bien trop conscient de la main qu’il ne tenait pas dans la sienne, celle serrée sur le ventre de la jeune femme, Lynton avançait avec un air crispé. Leur départ n’avait rien de joyeux ou de festif, normalement il souriait comme un idiot en permanence mais là, c’était impossible. Non pas que ce sois frustrant, enfin si un peu tout de même, mais il cherchait déjà un moyen de les sortir de l’impasse tous les deux. Parce que là, il considérait que tous les deux subissaient le mal de la jeune femme, c’était la moindre des choses tout de même.

    La porte se referma derrière lui et sa voix à elle s’éleva, comme pour remplacer le tintement de la clochette de la dite porte. Les princes ? Il la regarda aussitôt les premières paroles envolées, s’engouffrant dans le bruit du quotidien. Elle n’avait pas tort, les bels hommes profitaient souvent de leurs avantages, fait fort regrettable lorsque le dit prince avait une princesse qui l’attendait. Est-ce qu’il devait donc comprendre que Lily-An avait un jour été l’une de ses princesses bafouées ? Comme pour confirmer ses pensées, elle retira sa main de la sienne, laissant le blond fixer sa main, maintenant vide, avec un air songeur. Un prince pas très charmant ? Un petit sourire naquit alors sur ses lèvres. Elle parlait comme une vieille fille, hors elle ne devait pas avoir beaucoup plus que vingt ans. Des paroles lourdes de résignations, bien trop chargées de tristesse et dans une bouche beaucoup trop tentante pour les contenir. C’était triste, oui mais à la fois ridicule quelque part. Il ne se moquait pas de sa douleur, il la connaissait bien celle-là mais il n’aimait pas penser qu’à un si jeune âge, l’on pouvait croire sincèrement être prêt à se ‘contenter’ de quelque chose. Un jour ce genre d’idée vous rattrapait et alors, la douleur revenait à la charge, souvent décuplée par la présence de l’autre. À accepter son malheur, on finit par le partager avec l’autre. C’est dans cette crainte que lui-même avait fuit, et fuyait toujours d'ailleurs, les relations stables. Il n’hésita donc pas très longtemps et un grand sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il étirait les bras en fixant le haut de l’immeuble voisin. Il s’exprima d’une voix douce et légère, ne croisant pas un instant le regard de sa compagne.

    « Les princes pas très charmants sont encore pire. Dès qu’une infâme belle-mère en manque de sensation forte les remarque, ils sont les premiers à se changer en crapaud. »

    Elle s’apprêtait à le sermonner ? Après tout, elle n’avait sûrement pas dit cela afin de lancer une conversation, ils n’allaient pas tenir un débat sur les princes tout de même. Ne lui en laissant donc pas le temps, il baissa les bras et posa, plutôt rapidement, une main dans le bas de son dos, effleurant ses deux mains alors que son autre s’emparait du menton de la jeune femme. Lui faisant tourner la tête, il ferma les yeux alors que ses lèvres capturaient les siennes. Retenant gentiment ses mains, parce qu’il se doutait qu’elle lui ficherait une gifle cette fois et sans même hésiter, ses lèvres s’entrouvrirent alors qu’il lui offrait un véritable baiser. Ça n’avait rien d’un effleurement cette fois et s’approchant encore un peu plus d’elle, il tourna légèrement le visage alors que sa langue venait effleurer le seuil de ses lèvres. Est-ce qu’il l’avait bien sentit répondre à son baiser ? Il crut bien que si et massa ses lèvres des siennes avec encore un peu plus d'envie, les goûtant avec un plaisir non feint. Là, il n’irait pas plus loin, elle allait le tuer sinon. Se reculant alors doucement, il ouvrit les yeux et planta son regard dans le sien alors qu’un petit sourire venait étirer ses lèvres, sa main maintenant toujours ses poignets en place. L’autre effleura délicatement sa mâchoire pour rejoindre ses cheveux, ses doigts effleurant une mèche.

    « Ne pleurez plus princesse, j’ai de loin dépassé l’âge d’être un prince. Je ne suis pas un danger, juste une nuisance, si cela peut vous consoler. »

    Son sourire s’étira encore un peu plus alors et il laissa son regard glisser jusqu’à ses lèvres pour enfin remonter à ses yeux. Pourquoi est-ce qu’il faisait tout ça hein ? Plissant un peu les yeux, toujours souriant, il effleura son nez du sien alors qu’il relâchait ses mains. Il préférait la voir sourire que pleurer. Lui aussi il avait souffert à cause de l’amour, il comprenait au moins cela et puis Lily-An avait démontrée qu’elle méritait plus que deux verres et un petit discours sur la beauté de ses yeux ou la force de son désir. Elle valait la peine de se montrer plus attentif, même si elle comptait probablement le corriger. Son pouce glissa pourtant contre ses lèvres, l'audace ça le connaissait bien, correction à venir ou pas, et il en profita pour en caresser la peau satinée. Le galbe invitant de la petite bouche lui faisait drôlement envie mais il sut se tenir et souriant avec un petit air rêveur, il soupira.

    « Les princes charmants de votre connaissance portent assez mal leurs noms ... »

    En fait, il se parlait surtout à lui-même. Qui avait bien pu lui briser le cœur de cette façon ? Il se considérait comme coupable de son propre échec amoureux mais Lily-An n’avait visiblement rien à se reprocher. De plus, ses paroles laissaient sous-entendre qu’un homme l’avait trompé et physiquement de plus, un acte abjecte lorsque l’amour existe entre deux êtres. Il avait beau se creuser les méninges, il n’arrivait pas à comprendre comment l’on pouvait avoir envie de noyer de larmes ses grands yeux marrons là. Redressant alors les yeux pour la regarder, il sourit avec plus de naturel, revenant à lui. Reprenant un air plus léger, il se recula un peu pour lancer gentiment.

    « Un prince capable de faire pleurer sa princesse, n’a absolument rien de charmant ! »

    Sur ce, il lui attrapa une main et traversa la rue sans plus attendre. Voilà comment lui, il noyait son malheur. Il l’ensevelissait sous des couches de plaisir momentané, furtif petit moment de bonheur qui l’aidait à oublier, à repousser l’inévitable; la solitude. Une voiture s’arrêtât devant eux et le chauffeur maugréa, ce qui fit sourire Lyn, qui tira un peu plus sur la main de sa jeune compagne. Qu’importe si elle le giflait, le griffait ou le mordait, il ne comptait pas la laisser malheureuse encore bien longtemps. De nouveau sur le trottoir, il tourna la tête dans sa direction et lui sourit pour l’entrainer dans un petit café. Il ne connaissait pas l’endroit mais tant pis, ils allaient découvrir quelque chose ensemble ! Ne lui laissant pas le temps de souffler, il fonça directement au fond et toujours sans s’intéresser de l’avis de Lily-An, la souleva de terre pour la poser sur une chaise-tabouret devant le bar. L’air insouciant, bien trop innocent tien, il posa un bras sur le dossier de la dite chaise, celle-ci touchant le comptoir de l’autre bout. Se penchant sur celui-ci, le blond fit signe au barman, qui approchait déjà en souriant. C’est que c’était un bien adorable couple que voilà ! Penché en direction de l’homme, son épaule effleurant celle de sa compagne, Lynton commanda deux cocktails pour eux. Rien de trop fort mais quelque chose pour les secouer un peu. Tournant enfin le regard vers sa prisonnière, parce que c’est ce qu’elle était, il se pencha à son oreille pour y souffler quelques mots.

    « Une femme qui pleure n’a jamais faim. Cela dit, de la compagnie de qualité et un verre alcoolisé arrivent souvent à rendre le sourire… Vous aurez peut-être faim un autre jour ? »

    Se redressant, il lui sourit avec un air taquin. Il sous-entendait donc qu’ils iraient réellement déjeuner ensemble un de ses jours, non ? Déjà le barman revenait avec les deux cocktails, les leur tendant alors que Lyn faisait glisser un billet sur la surface du comptoir. Là, ils allaient pouvoir boire tranquillement, discuter peut-être et il la ramènerait jusqu’à un taxi avant de ne retourner au travail. D’ailleurs, ses yeux glissèrent sur sa montre, vérifiant l’heure. Boire alors qu’il devait retourner en service dans trente minutes au maximum n’avait rien de bien intelligent mais tant pis, il ne comptait pas se saouler. Il allait simplement tenir compagnie à la charmante princesse qu'il venait de secourir. Enfin d'une certaine façon, sûrement.

    I'm here ; I'm right here
    Call me ; I'm right beside you
    Trust me ; You don't need to fear anything anymore
    My dear ; We're connected by
    Trust me ; An invisible thread
    So feel my warmth by your side.
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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyVen 5 Mar - 1:11


    Pourquoi ? Pourquoi s'était-elle montrée si faible devant lui ? L'espoir l'avait quitté mais était-ce une raison pour l'afficher clairement ? Un sentiment de honte s'empara d'elle. Qu'est-ce que l'homme allait penser ? Qu'elle appartenait à ces jeunes femmes qui avaient fait une croix sur leur vie sentimentale pour se contenter de peu ? Les yeux rivés sur le sol, le silence lui pesait. La jeune femme préférait qu'il parle, quitte à dire des bêtises ! À quoi songeait le médecin ? Relevant timidement les yeux, Lily-An l'observa. Etrange, parlait-il en connaissance de cause ? Monsieur Ashlow avait sans doute été victime d'une belle-mère odieuse. Mais elle se demandait ce qui pouvait pousser un prince à se transformer en crapaud. A moins que cela ne soit une technique de protection. Un peu comme les animaux qui possédait une sorte de technique secrète pour repousser leurs ennemis. Les sourcils froncés, elle imaginait toute sorte de comportement envisageable au sien d'une relation gendre et belle-mère. Triste car on oubliait l'épouse alors qu'elle était la première concernée.

    Saisie par le geste de l'homme, elle le fixa sans bouger. Les intentions du médecin lui semblaient toujours douteuses. Ce n'était pas de sa faute, si le comportement de monsieur laissait à désirer. Les mains bloquées, le menton maintenu, une lueur incertaine dans le regard. Hurler au viol traversa son esprit mais à chaque fois, qu'elle provoquait le blond, sa punition se révélait être bien pire. Une malédiction planait au-dessus de sa tête. Etait-ce que certaines personnes appelaient le mauvais sort ? Une fille aussi rationnelle qu'elle, ne pouvait pas laisser de telles sirènes l'appeler. Lynton se montrait juste terriblement malin lorsqu'il s'agissait de faire du mal. Simplement le sort n'était pas si mauvais. Hésitant entre mordre ou répondre au baiser, Lily-An s'autorisa à succomber. Ses yeux se fermèrent pendant que la tension de son corps disparaissait. Il l'emportait loin. Loin de ses souvenirs, loin de sa souffrance. Timidement, craignant qu'il ne se fasse des idées, la jeune femme répondait à cette offre indécente. Agissait-il de la sorte à chaque premier rendez-vous ? Son coeur tendait à croire que non, son esprit, oui. Il fallait que tout penche vers non pour éviter que le trouble ne s'installe. Ses paupières se soulevèrent. La lueur d'incompréhension soutenait les yeux de l'homme. Pourquoi ce sourire ?

    Un faible rire balaya cette interrogation. Dépassé l'âge ? Etait-il si vieux pour parler ainsi de lui ? Toutefois, une chose se révélait être vraie. En terme de nuisance, le médecin devait se poser comme le champion en titre. Mais cela ne la consolait pas. Et si elle s'attachait à cette nuisance ? Du danger, la méfiance naissait. On le fuyait pour se protéger alors que la nuisance restait à nos côtés. On ne s'en souciait guère se disant que rien ne risquait d'arriver. On s'accoutumait à cette présence qui devenait petit à petit essentiel. Cet homme était donc pire que tout. Malheureusement elle se sentait redevable du sauvetage quelque peu cavalier. Embrasser une inconnue sans son consentement n'était pas très courtois. Malgré tout, les démonstrations affectives la firent rougir doucement. Le mordre ou lui planter son talon dans le pied ne s'immisçait pas dans son esprit. Elle se contentait de profiter comme si ce petit jeu de séduction était une première. Cela l'était. La première fois depuis deux ans.

    « - Et vous, vos manières sont à revoir... »

    Ce n'était qu'un murmure un brin bougon. Pour qui se prenait-il ? Etait-il si bien que cela ? Il y avait eu des vices de marchandises par le passé mais elle n'y était pour rien. On lui avait vendu des hommes comme étant des princes mais la marchandise s'était avérée être défectueuse. Raison pour laquelle, An ne se fiait jamais aux fiches techniques fournies par sa chère mère. Ses critères trop souples faussaient radicalement les recherches. Sa tête se pencha sur le côté. Quelle fiche technique pourra-t-elle dresser dans le cas de Lynton ? Clignant des yeux, elle s'étonna des propos. Il sonnait comme un homme bien. Pas le dragueur de bas étage. Balbutiant quelques mots, la jeune femme suivit le médecin. Elle ne savait pas où ils se rendaient et il valait mieux garder l'effet de surprise. Cela lui évitait de hurler à tout va juste pour contrarier son prétendu compagnon. Les joues gonflées, le suivant dans le café, elle se demandait ce qui allait à nouveau lui tomber dessus. L'endroit semblait calme, un brin cozy. En somme le lieu parfait pour un rendez-vous en tête à tête. Ce qui n'était, bien sur, pas leur cas. Elle se contentait juste d'être polie envers le blond. Même si ce dernier agissait un peu trop à sa guise.

    Soulevée puis posée sur la chaise, An lançait un regard ennuyé au barman. Comment les gens ne pouvaient pas se faire des idées avec un tel comportement ? Ses yeux suivirent le bras de Lynton. Il l'encerclait pour mieux la surveiller ? Fuir n'était pas dans ses intentions, ce geste se voulait inutile. Ecoutant d'une oreille distraite la commande, la jeune femme réfléchissait à la meilleure façon de le faire changer de posture. Ses pensées furent interrompues par la voix du médecin. Il ne doutait de rien. Mais n'était-ce pas ce qui faisait parti de son charme ?

    « - Peut-être, peut-être... »

    Un sourire doux flotta sur ses lèvres. La jeune femme mordante s'était évanouie un instant. Ses prunelles étaient illuminées par une lueur malicieuse. Ses doigts se saisirent d'un verre alors que son visage détaillait le blond. Un homme qui vous consolait devenait tout à coup plus tolérable. Mais ce n'était pas tellement cela qui la travaillait. Elle ne comprenait pas pourquoi, il agissait de la sorte. Peut-être avait-il peur de sa mère ? An hésita un instant avant de se blottir contre l'homme. Juste quelques minutes. Être une jeune femme forte n'était pas qu'une partie de plaisir. Parfois la fatigue l'assaillait et elle n'aspirait qu'à se reposer auprès d'un compagnon. Sa tête posée contre l'épaule de Lynton, elle demeurait silencieuse. Son index caressait le pied de la coupe, remontait lentement pour en suivre le bord. Parler ou ne pas parler ? L'envie de se confier la tiraillait. Après tout le médecin savait faire preuve de sagesse quand il le voulait. Ses cheveux bruns tombaient doucement sur l'épaule de l'homme. Ils ressemblaient réellement à un couple. Elle, lascivement appuyée contre lui. Lui la soutenant tendrement. Ses paupières se baissèrent faisant disparaître les lumières du lieu.

    Le calme de l'endroit était propice à la confidence. Seulement, sa raison la retenait. Devait-elle tout dire à l'homme ? Ou du moins lui expliquer la raison de ses actes ? Ce n'était pas comme si elle lui devait des explications. Pourtant, elle en avait le sentiment. Sa mauvaise expérience lui avait fait assumer une situation inexistante et l'avait incité à mettre Lynton dans le même panier que cette Ombre. Ce qui n'était pas très glorieux. Son corps se redressa lentement alors que son visage se tournait vers celui de son prétendu compagnon. Quel âge avait-il ? Ses traits possédaient une jeunesse indéniable pourtant un tel métier si jeune paraissait improbable. Ses doigts portèrent le verre à ses lèvres. Le liquide glissa dans sa gorge laissant derrière lui un goût où l'alcool et le sucre se mêlaient. Délicatement, elle reposa la coupe. Des mots soufflés s'envolèrent.

    « - Lynton, quel âge avez-vous ? » Elle tira la langue. « Ce n'est pas poli de demander à une femme mais c'est différent pour un homme.»

    Sa mère n'avait pas précisé ce point. Alors que normalement, il s'agissait d'un argument de vente imparable. Âge, loge et physique. Du moment qu'il était de la Lux, un homme pouvait très bien être un porte-manteau à ses yeux. Un instant, Lily-An essaya de se mettre dans la peau maternelle. Si elle devait sortir avec le blond serait-il un bel accessoire ? Certes penser comme ça la dérangeait, pas seulement parce que c'était méprisant mais aussi parce qu'au final, c'était amusant. Ces sentiments contradictoires l'agaçaient. Il l'avait secourue au lieu de l'enfoncer alors elle ne pouvait pas le reléguer au même rang que son sac à main. Cependant, la petite brune s'imagina au bras du médecin. Vu l'effet qu'il avait eu sur ses connaissances, il serait un merveilleux accessoire. Un sourire malicieux illumina son visage. Cela pouvait avoir du bon de l'avoir à ses côtés. Amusé, la jeune femme croisa les jambes puis se saisit à nouveau de son verre.

    « - Vous êtes sur que c'est raisonnable de boire avant votre travail ? » Ses yeux se plissèrent. « Ce serait fâcheux que vous fassiez du mal à un patient... »

    Sa présence l'apaisait. La douleur s'atténuait ou peut-être qu'elle essayait tout simplement de la fuir. Ne plus y penser. Sans doute que le médicament le plus efficace se trouvait auprès d'elle. Lynton Ashlow ? Pourquoi pas après tout. Cela ne voulait pas dire que quelque chose se passerait entre eux. Mais qu'ils passeraient un bon moment tout simplement. Finalement, sa génitrice avait eu une bonne idée. Cependant hors-de-question, qu'elle l'avoue ! Son appréciation serait transformée en autre chose et la petite brune se refusait à laisser des hypothèses s'échapper de la bouche maternelle.

    « - Et comment ma compagnie de qualité va soigner mon petit coeur ? »

    Une petite moue boudeuse s'afficha. Jeune femme redevenant jeune fille. Lily s'amusait comme si Lynton était devenu son divertissement personnel.

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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyVen 5 Mar - 17:09

    Était-ce de l’hésitation qu’il entendait dans sa voix ? Le peut-être de sa jeune compagne semblait teinté d’un réel questionnement et il se permit de sourire avec amusement. Alors il avait passé la première ligne de défense ? Bien. C’était bête, très même selon sa conscience, mais ça lui faisait plaisir. Délaissant Lily-An le temps de jeter un coup d’œil à sa montre, il fut surprit à son retour lorsque la petite tête brune se posa sur son épaule. Alors il avait même franchit la deuxième ligne ? Ça, il était loin d’en être certain mais un petit sourire au coin des lèvres, il glissa une main dans ses cheveux, effleurant la nuque du bout des doigts. Et elle ferma les yeux, enfin apaisée, ce qui le soulagea aussi. Une femme en pleur n’avait rien de rassurant et bien qu’il ne connaisse pas encore réellement la jeune femme, il n’avait pas apprécié de la voir dans cet état. Normal tout de même, personne n'aimait voir les autres pleurer.

    « Menteuse… Ce n’est pas un peut-être, vous savez que j’ai raison. »

    Un peu trop confiant ? Peut-être mais c’était surtout sa première ligne de défense à lui. Contrairement au commun des gens, Lynton n’aimait pas laisser sa première ligne trop longtemps ouverte. Aussi, ça n’avait rien de surprenant que de le voir s’ouvrir puis se refermer. Ses lignes de défenses ressemblaient à un labyrinthe; tantôt logique, tantôt casse-tête. Souriant, il caressa gentiment la tête appuyée contre lui. Son geste n’avait rien de déplacé, il tentait simplement de la calmer. Elle était chaude d’ailleurs et son petit corps caler contre le sien n’avait absolument rien de déplaisant. Si elle se détendait contre lui, c’était doucement le contraire pour lui. Depuis combien d’année n'avait-il pas vécut une situation pareille ? Sentir le poids d’un corps féminin, sa délicatesse demandant sa protection à lui, ça lui avait manqué il devait bien l’avouer. Sa main se retira alors de la tête, il ne devait pas trop en profiter, ce ne serait pas bon. Ni pour elle, ni pour lui. Elle se redressa d’ailleurs à ce moment précis et il lui sourit, comme toujours. À son tour, il porta son verre à ses lèvres, en avalant une grande lapée. L’alcool lui brûla la gorge un instant puis se calma sous le gout acidulé. Elle posa alors une question, qu’il feint ne pas avoir entendu au tout début. Il comptait d'ailleurs prendre tout son temps pour y répondre et avala une autre gorgée.

    Son âge avait toujours été un problème à ses yeux. Enfin, pas toujours mais depuis le départ d’Esma, ça en était devenu un, un vrai en plus. Sa mère continuait de répéter que c’était parce qu’il refoulait sa douleur et qu’il ne voulait pas accepter de passer à autre chose mais il ne voulait pas même régler le problème. Le temps passait trop vite, il avait gâché tellement d’heure, de minute, voir de seconde à pleurer sur son sort et sur celui de son ex-fiancée. Maintenant il ne comptait plus rien perdre et de ce fait, une petite cure de rajeunissement, de temps à autre, ne lui faisait pas de mal. En fait il se forçait à vivre dans un éternel instant présent, il ne vieillissait pas avec les années, il était resté le même que celui qu’elle avait quittée, le même qu’elle regretterait un jour. Parce que si Lynton s’obstinait à rester jeune, Esma avait suivit le fil du temps. Il le savait parce qu’il l’avait croisé du regard à quelques reprises, c'est que sa mère la voyait de temps à autre et si elle évitait de parler d’elle à son fils, son géniteur se faisait un malin plaisir à en parler avec sa femme, dès que son fils osait appeler. D’ailleurs, c’est pour éviter de devoir faire face au comportement immature de son père que le blond avait cessé d’appeler de lui-même, ça et puis éviter d’avoir toujours sa mère dans les pattes, bien entendu. Dans tous les cas, elle avait changée mais pas lui. C’était pathétique selon papa Ashlow, passagé selon maman et Lynton préférait se passer de commentaire. Est-ce qu’un jour il recommencerait à vieillir ? On lui posait de temps à autre la question à l’hôpital et chaque fois, il se contentait de sourire. Qui sait. Peut-être un jour. Si jamais il arrivait à accepter la course du temps. Un jour ou jamais.

    Alors Lily-An était curieuse à son sujet ? Eh oui, il préférait tourner la question à son avantage et remarquer l’intérêt qu’elle lui portait, plutôt que de prendre sa question au sérieux. C’était un vilain défaut chez lui après tout, il pouvait bien en jouer. Souriant enfin, se passant la langue sur les lèvres, il lui retourna un sourire espiègle. Bientôt son corps se penchait sur le sien, ses lèvres allant jusqu’à effleurer le lobe de son oreille. Une bien jolie oreille d’ailleurs !

    « Vous me voyez flatté par cette marque d’intérêt princesse, dois-je en conclure que malgré mes mauvaises manières, je ne fais plus partit du groupe d’homme étiqueté ‘inconvenable’ ? »

    Allons, il pouvait la taquiner un peu non ? Son regard croisa alors le sien, un tantinet joueur mais considérablement content. En fait, il s’amusait bien maintenant. Leur petit jeu n’avait pas cessé de changer depuis le début de leur rencontre, de l’endurance ils étaient passés à la séduction et honnêtement, ça ne lui déplaisait pas. Avec une femme telle que Lily-An McIssac, c’était même un jeu fort agréable. Et puis, à voir l’air qu’elle affichait maintenant, ça ne lui déplaisait pas non plus. Il se rappela alors qu’elle avait rougit suite à leur baiser et détourna en vitesse les yeux de sur son visage, l’envie de regarder la fameuse bouche s’étant emparé de lui. En fait, elle était dangereuse et il en était conscient, enfin il l’avait réalisé plutôt. Il avait beau jouer les cœurs de pierre, il savait qu’il n’en était rien, il savait simplement se protéger avec force. Ne laisser personne trépasser ses défenses, ne pas laisser de place à sa compagne, ne pas flancher et ne jamais frémir devant leurs comportements. Hors, c’était une dompteuse de lion qui se trouvait à ses côtés. À la fois forte et fragile, en fait c’est ce qui le déstabilisait. Qu’était-elle réellement ? La jeune femme forte et légèrement peste sur les bords, issue d’une bonne famille ou plutôt la femme meurtris qui cherchait à se redresser avec peine, qui se cherchait encore un avenir ? Probablement les deux. Et c’est bien ce qui le perturbait. Était-elle réellement une dompteuse de Lyon sans le o ?

    Serrant la mâchoire un instant, il pesta mentalement un instant contre sa stupidité. Quel playboy il faisait si à la moindre occasion, bref dès qu’une gentille fille se pointait, il décidait de retourner dans le bon chemin. Mais il n’avait jamais réellement choisit ce rythme de vie après tout. Il avait été élevé dans l’espoir de devenir un bon mari, ne voulait-il pas une famille un jour ? Oui mais c’était fort peu probable et c’est là que cessa le fil de ses pensées. Ses yeux s’arrêtèrent sur les jambes de la jeune femme, jambes qu’elle croisait lentement. Le tissu de sa robe glissa encore une fois contre le satin de ses jambes et il avala sa salive pour redresser le visage. Allons, il n’était pas un pervers et bien qu’il soit un fin connaisseur de jambe, il ne tenait pas particulièrement à ce que la jeune pousse qui l’accompagnait, se vexe. Et voilà ! C’est ce qui l’agaçait, pourquoi devait-il se soucier de son avis quant à ses gestes hein ?! Manquant de grogner, il cala la moitié de son verre pour se remettre les idées en place. Sauf qu’elle se remit à parler, le laissant sur ses gardes. Elle allait encore sortir quelque chose de mignon ? Non, encore heureux ! En fait, elle lui tendait une perche en ce moment et il l'en remercia mentalement. Un grand sourire aux lèvres, il se pencha encore un peu sur elle, c’est qu’il aimait sentir son parfum, aussi stupide son comportement puisse être.

    « Allons, il ne me reste qu’une patiente aujourd’hui et elle boit en ce moment même avec moi. Aussi je doute que l’alcool puisse me rendre dangereux pour Mademoiselle McIssac. »

    Il fallait comprendre que normalement, il se contentait de la présence de femme peu respectable. Un verre, quelques paroles douces, une caresse puis souvent elles initiaient un baiser. Lily-An était la première femme qu’il avait embrassée de sa propre initiative depuis au moins… dix ans. Environ oui. Son sourire baissa alors d’un cran sous cette réalisation. Dangereuse, très dangereuse la mademoiselle. Et encore, elle n’en avait pas terminé avec lui et sous une question des plus innocentes, elle enfonça le clou. Comment comptait-il soigner son petit cœur ? Le bleu de ses yeux rencontra aussitôt le brun des siens. Il hésitait, c’était la seconde fois aujourd’hui mais cette fois, c’était bel et bien vrai. Il n’y avait pas de malaise, il ne savait tout simplement pas ce qu’il devait faire. Un sourire finit par glisser sur sa bouche, en retroussant les commissures dans un air espiègle. Allons, il n’allait pas se prendre la tête, leur petit jeu de séduction n’avait rien de reprochable et tant pis s’il s’y amusait un peu trop. La moue était par trop adorable, trop tentante et ne se connaissant aucune retenue, il faut dire qu’il n’en avait jamais possédée en trop, deux de ses doigts glissèrent sur celle-ci. Un toucher des plus délicats, furtifs même, qui ne fit qu’effleurer les lèvres de sa compagne pour glisser sur son menton la seconde suivante, son visage rejoignant alors le sien.

    Il ne réfléchissait plus, déjà ses lèvres se tendaient vers les siennes allant y cueillir un baiser. Son regard planté dans le sien, il attendit de voir si elle fermait les yeux alors que ses lèvres goûtaient véritablement les siennes, palpant tendrement la douceur de sa bouche. Ses lèvres s’entrouvrirent ensuite, quémandant une réponse pour sourire une fois celle-ci obtenue. Le regard rieur, brillant d’un plaisir véritable, il souffla une réponse contre le rose de sa si délicieuse bouche.

    « Déjà, par ça. »

    Ça lui plaisait autant qu’à lui, il le voyait bien dans son regard et dans le frémissement de son souffle contre le sien. Son cœur battait légèrement plus vite non ? Oui et le rose allait lui monter aux joues. Son pouls aussi c'était accéléré, elle l'avait deviné non ? Il soupira alors, se léchant les lèvres pour laisser sa main effleurer le bras de la jeune femme alors qu’il replongeait sur elle. Cette fois, Lynton lança une véritable attaque, ses lèvres s’écartant aussitôt le contact établit. Le goût de son cocktail hantait ses lèvres et il avait soudainement envie de boire la même chose qu’elle. Fermant les yeux, il laissa son pouce glisser contre l’intérieur du coude de celle-ci, alors que sa langue rejoignait la sienne. Il voulait la goûter, cette idée l’obsédait et son corps se rapprocha encore d’un cran alors qu’il obtenait enfin ce qu’il désirait. Un véritable baiser, quelque chose qu’il n’avait pas même osé espérer obtenir de sa part. D’accord, peut-être plus tard, après tout elle lui plaisait beaucoup, de plus en plus même, mais sûrement pas aujourd’hui. Mais si le baiser était exquis, il trouva la force de se reculer, avalant sa salive avec un goût de trop peu sur les lèvres. C’était donc ça qu’elle goûtait et un sourire jouant sur ses lèvres, il vola son verre à la jeune femme pour poser son regard sur le sien. Sa voix coula doucement, empreinte d’une chaleur nouvelle.

    « Votre cocktail est bien meilleur que le mien, tch. »

    Si ses paroles avait un ton léger et un sujet des plus banals, son regard en disait long sur ce qu’il pensait réellement. C’est à sa bouche qu’il songeait, à leur baiser et il détourna les yeux avant qu’elle ne puisse y lire un quelconque désir, son sourire disparaissant un instant. Il ne voulait pas en venir à ça, pas maintenant et encore moins avec elle. Elle était une jeune femme acceptable, elle avait suffisamment de problème et puis il n’était qu’une nuisance, non ? Souriant à nouveau, parce qu’il en fallait beaucoup pour qu’il ne recommence pas aussitôt, il lui rendit son verre, sa main se retirant de sur son bras pour plutôt repoussé une mèche qui lui était tombé sur la joue. Se penchant à nouveau sur elle, évitant de lorgner sur ses lèvres, il parla doucement d’un timbre presque caressant.

    « Je vous rassure, je compte revoir mes manières en votre compagnie. En attendant, il faudra faire avec ma mauvaise éducation. »

    Une jolie excuse pour expliquer que d’ici leur départ, donc de leur séparation, il ne comptait pas se montrer plus raisonnable. Il se doutait bien que Lily-An n’embrassait pas tous les types qu’elle rencontrait, encore moins au premier rendez-vous mais tant pis. C’est elle qui l’avait cherché à lui faire cette moue et le reste était aussi de sa faute, bien entendu. Quelle idée de le séduire, n’avait-elle pas encore comprit qu’il avait un léger penchant masochiste ? Sa mère aurait du l’avertir. Terminant son verre en vitesse, il fit signe au barman de lui servir la même chose que sa compagne et sous un coup de tête de l’homme, retourna toute son attention sur sa jolie compagne.

    « Quant à la suite, vous savez mademoiselle McIssac, j’ai beau être un rustre sans manière, je suis capable d’écouter. Je parle beaucoup mais je sais me taire. Occasionnellement bien sur. »

    Riant un peu sous sa dernière remarque, il plissa légèrement les yeux. Il se lâchait en ce moment, tant pis pour les barrières. Elle lui plaisait et le jeu l’avait conquis, elle méritait qu’il s’implique un peu plus. Posant alors un doigt sur ses lèvres, il continua sur sa lancé, en bon joueur qu'il était. Trop bon sûrement mais il était trop tard pour ça.

    « Mais surtout, ne le dites à personne, c’est un secret bien gardé ! Quoi que, personne ne voudrait vous croire de toute manière. »

    Il se remit à sourire avec amusement et se penchant de nouveau sur elle, planta ses yeux dans les siens, le regard espiègle et calme à la fois. Là, il s’apprêtait à réellement écouter, si bien entendu elle décidait de parler. Son verre glissa devant lui et il le poussa dans la direction de la jeune femme.

    « Racontez moi tout. Se vider le cœur, c’est le meilleur moyen que je connaisse pour le soigner. Du moins en partie et je sais de quoi je parle, je suis médecin. »

    Est-ce qu’elle était prête à lui faire confiance ? Peut-être pas mais il tentait quand même le coup et attendait maintenant avec un air posé, son avant-bras allant prendre appui contre le comptoir. Son autre main s’enroula autour du dossier du tabouret de la jeune femme. Il ne bougerait pas, il était tout à elle, il n’attendait que ça. À moins qu’elle ne préfère recommencer à l’embrasser, il n’avait absolument contre ce genre de médication, au contraire !
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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyMer 10 Mar - 16:31


    La proximité de leurs corps l'embarrassa un instant. La sensation de son souffle contre son oreille la fit frissonner. A moins que ce n'était de froid ? Toutes ces émotions lui faisaient froid dans le dos. C'était la seule explication. Mais si le blond pouvait se reculer, ce n'était pas de refus. Passant une main sur ses avant-bras, les frottant doucement, Lily-An murmura.

    « - Toujours un peu... »

    On ne passait pas si facilement dans la catégorie des hommes fréquentables avec la petite brune et faire le joli coeur ne changerait rien. Il fallait faire ses preuves, subir les épreuves du feu en quelque sorte. Cette méfiance, à l'égard des hommes, elle l'assumait. Il y avait bien trop de beaux parleurs. De messieurs cachaient leur véritable intention derrière des jolis mots. Ce masque l'écoeurait et elle ne souhaitait pas tomber une énième fois dans le même problème. Entraînée dans une telle spirale, elle avait déjà énormément perdu. La confiance, sa propre estime. Heureusement, elle avait pu se raccrocher au travail. Ses yeux croisèrent les siens et An lui offrit un sourire doux. Pour le moment, elle profitait d'un instant en charmante compagnie. Son regard glissa sur le visage de Lynton. Sa mère avait du goût, il fallait lui reconnaître cela. Que pensait-il ? À quoi pensait-il ? Les pensées du blond l'intéressaient énormément. Elle aurait adoré les percer pour savoir ce qui hantait son interlocuteur. Sa tête pencha sur le côté, alors que son regard se faisait plus insistant, plus persistant. Monsieur Ashlow, dîtes-moi tout. Quel genre de femme fréquentait-il habituellement ? La femme qui recherchait le plaisir d'une nuit ? L'obsession du grand frisson. Celle qui avait besoin de s'épancher, d'entendre des mots doux se moquant de leur véracité ou non. Une rencontre vite consommée, vite oubliée. Etait-il ce type de consommateur ? Oui et non. Il ne paraissait pas être un homme que l'on pouvait qualifié de salaud. Il devait avoir une bonne raison d'être ainsi. Sauf que ce n'était pas son problème.

    Notant l'expression du médecin, elle resta silencieuse avant de se retourner un instant vers le barman. Une nouvelle remarque s'échappa de ses lèvres. Alors comme cela, elle se trouvait être sa dernière patiente. Le médecin général avait la belle vie pour finir si tôt. Il fallait bien avoir des compensations pour faire passer les responsabilités, du moins était-ce qu'elle supposait. Enfin, Lily-An était un peu rassurée. Un pauvre patient ne subirait pas le médecin avec un peu trop d'alcool dans le sang. Il fallait faire preuve de sérieux au travail ! Mais tout homme pouvait être dangereux. Si la petite brune resta silencieuse sur ce point, le coup d'oeil qu'elle adressa à l'homme en disait long. Les plus dangereux n'en avaient pas toujours l'air. Elle en était convaincue. Tranquillement, elle posa une question, n'ayant pas remarqué le léger changement du sourire de Lynton. En tant que membre du corps médical, il se devait de faire quelque chose pour son petit coeur. Attendant, An le fixait avec une pointe de curiosité. Qu'allait-il faire ? Le blond lui paraissait être rempli de ressources et c'était bien cela qui lui plaisait. Il aurait pu être un magicien et transformer son verre en fleurs, qu'elle n'en aurait pas été étonnée.

    Ses yeux clignèrent sous la présence de ses doigts. Son sourire se fit plus timide. Hypnotisée par ses yeux, elle se surprit à espérer que quelque chose de précis arrive. A cette pensées, ses joues s'empourprèrent, il ne fallait pas que le blond pense qu'elle désirait un baiser. Ou quelque chose du genre. Elle n'était pas une telle femme ! Sa mère ne l'avait pas élevé comme cela. Certes avec le goût des hommes mais pas à se retrouver comme une petite chose demandeuse. Ses paupières se baissèrent doucement dès que leurs lèvres se touchèrent. Ce n'était plus un petit baiser furtif, innocent. Une de ses mains vint glisser dans les cheveux de l'homme alors qu'elle répondait avec tendresse au baiser. Au diable, les noeuds au cerveau. L'important était de profiter de l'instant. Ses paupières se soulevèrent doucement mais ses yeux se baissèrent n'osant pas faire face au regard de Lynton. La honte la rattrapait. Un tel échange dès une première rencontre, pour qui passait-elle ? Sa mère lui avait toujours dit qu'il fallait se faire désirer ou accorder un baiser à la rigueur en fin de rendez-vous. Pourtant, elle avait brûlé tous les conseils, toutes les étapes et la brune n'en était pas fière. Etait-ce la meilleure façon de guérir son coeur ? Lily-An en doutait, cependant cela faisait si longtemps qu'un homme ne l'avait pas traité de cette façon, qu'elle n'avait pas la force de râler. Se laissant faire, victime consentante des facéties du médecin, elle resta silencieuse.

    Leurs souffles se mêlaient. Petit à petit, son coeur battait plus rapidement. Le rose ne quittait pas ses joues. Elle avait l'âme d'une adolescente qui découvrait une nouvelle sensation pour la première fois. Sa main glissa dans sa nuque, la caressant lentement. Ses lèvres s'entrouvrirent lui laissant la voix libre. Ses doigts jouèrent avec les mèches blondes alors que sa langue rejoignait la sienne. An résista à l'envie de passer son autre bras autour du cou du blond, l'enlaçant ainsi. Ils n'étaient pas assez intimes pour qu'elle agisse de la sorte. Lorsque le contact se brisa, sa main se retira pour se poser sur le comptoir. Ses sourcils se haussèrent en voyant Lynton lui prendre son verre. Alors tout ça n'était qu'une vile tactique pour lui voler son cocktail ? Monsieur joignait-il l'utile à l'agréable ? Une petite moue sceptique se dessina sur son visage. Bien meilleur ? Réellement ? Pourtant n'avaient-ils pas commandé la même chose ? Le blond exagérait et An eut l'impression que la magie était retombée. Pour seule boutade, la jeune femme souffla.

    « - Si vous désiriez goûter mon cocktail, je vous aurai passé mon verre, vous savez... »

    Elle se doutait qu'il faisait allusion à autre chose, rien qu'à son air mais An préféra continuer comme si l'échange n'avait rien de particulier. Récupérant son verre, elle eut un petit sourire amusé. Etonnant qu'un tel homme soit célibataire, non ? Son interrogation augmenta lorsqu'il remit en place une de ses mèches sombres. Ses manières étaient loin d'être mauvaises, bien au contraire. Mais c'était comme s'il préférait jouer avec.

    « - Peut-être qu'il faudrait refaire votre éducation... » Elle eut un haussement de sourcil. « A votre âge, ça doit être trop tard...»

    Question qu'il avait éludé avec soin. Ses lèvres se retroussèrent dans un petit sourire à la fois tendre et moqueur. La suite la prit de court. La poussait-il à la confidence ? C'était tentant mais au-delà d'étaler sa vie privée, elle craignait qu'il ne connaisse la cause de ses soucis passés. Après tout, il travaillait sûrement encore à l'hôpital. Il fallait mieux que Lynton se taise si elle lui confiait ses déboires. Avait-elle assez confiance dans cet homme pour lui raconter un bout de sa vie ? Mais il pouvait très bien avoir vent de l'histoire si quelqu'un apprenait qu'elle avait vu le médecin. Les concernés étaient probablement tous en poste. Il valait mieux éviter les ragots, les anticiper. Partant de ce principe, An prit sa décision.

    « - Sans doute... » Lily-An soupira avant de fixer son verre. « Mon ex-fiancé est médecin. Nous nous sommes connus alors qu'il était interne.» Un sourire amusé glissa sur ses lèvres. « Tout était beau, nous allions nous marier, nous vivions ensemble... Et puis la magie se brisa d'un coup. Quand j'ai appris par une des infirmières qu'il me trompait.. » Ses yeux se baissèrent. « Pas seulement avec elle, avec d'autres... » Un faible rire s'échappa de ses lèvres. « J'étais sans doute la plus cocue des fiancées d'internes... »

    Ses lèvres se pincèrent à cette idée. Il l'avait trainé littéralement dans la boue et c'était sans doute cela qu'elle avait du mal à supporter. Quant à la suite de l'histoire était facile à deviner. Les fiançailles avaient été rompues et ils ne s'étaient plus jamais revus. An l'évitait avec soin et avait décidé de rayer tout simplement son existence de sa vie. Elle ne voulait pas tomber dans le cycle infernal de la haine mais elle n'avait pas la force de le voir. Elle n'en ressentait pas le besoin non plus. Comme l'infirmière lui avait dit, ce serait arrivé à un moment ou à un autre. Se séparer alors qu'ils n'avaient encore rien construit, avait été une sage décision. Lily-An ne le regrettait pas. Un faible sourire sur les lèvres, elle se tourna vers le médecin.

    « - C'est une histoire banale... » Elle passa une main dans ses cheveux. « Je ne voulais pas juste de son statut, sinon j'aurai pu rester avec lui. Un futur médecin, ça fait toujours bien... Mais il avait perdu le charme du début. » Hésitante, elle finit par souffler. « Et vous, monsieur Ashlow ? »
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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyVen 12 Mar - 2:41

    Est-ce qu’il venait de se tirer dans le pied ? Lynton se le demanda honnêtement lorsque la jeune femme revêtit une autre moue, répondant avec un détachement qui le surprit. Elle laissait entendre qu’il l’avait embrassé pour goûter son cocktail ? Souriant avec une pointe d’amusement, il la regarda longuement. Allons, Lily-An n’était pas stupide, elle savait fort bien pourquoi il l’avait embrassé. Elle connaissait un minimum les hommes, elle savait pourquoi ils étaient des salauds, pourquoi elle devait éviter de les approcher de trop près, pourquoi ils vous embrassaient et se trouvaient ensuite des excuses. Les hommes sont des lâches et l’excuse du cocktail n’avait qu’une utilité, mettre une certaine distance entre l’envie du médecin et le sérieux de la situation. En fait, il n’avait pas même le droit de l’embrasser et il en était conscient. Ce qui ne voulait pas dire qu’il était d’accord.

    La jeune femme semblait pourtant bien vivre la situation, à croire qu’elle lisait dans son esprit. Le baiser ne la fit pas flancher et elle garda sa position. Elle était toujours méfiante, elle arrivait encore à sourire et c’est ce qui agaça légèrement Lynton. Allons, c’était une réaction normale de sa part, normalement il faisait de l’effet à ses compagnes. Alors qu’en ce moment, la jeune femme lui résistait plutôt bien, ce qui lui plaisait d’ailleurs. En réalité, il ne se comprenait plus tellement. Est-ce que son comportement lui déplaisait, parce qu’elle refusait d’avouer qu’ils étaient attirés l’un par l’autre et le repoussait doucement en permanence, ou est-ce qu’elle lui plaisait parce qu’elle avait de l’endurance et ne comptait pas lui céder. Son esprit devenait un véritable bazar et il commençait à craindre pour son cœur, parce qu’elle y avait semé une graine d’intérêt. Après tout, il rencontrait bien peu de jeune femme telle qu’elle, voir aucune jusqu’ici. Elle était capable de le traiter comme un moins que rien, de lui lancer une carafe d’eau au visage mais elle souriait avec un air tellement adorable et puis, il sentait encore le poids de sa main lui hanté la nuque.

    Il décida pourtant de repousser toutes les sensations nouvelles qu’elle réveillait en lui, ce n’était pas le moment. Il préférait de loin se concentrer sur elle, son problème. Après tout, ils étaient venus là pour lui changer les idées et il comptait bien réussir haut la main. Elle hésita un instant, réfléchissant probablement au sérieux de la chose. Est-ce que lui parler la soulagerait ? Il croyait que si mais peut-être qu’elle, n’y voyait pas d’intérêt. Après tout, il restait le sale type que sa mère lui avait présenté, celui-là même qu’elle avait jeté avant même de ne connaître réellement son nom. Celui auquel elle ne voulait pas avoir à faire, qui ne lui conviendrait pas. Un petit sourire en coin, amusé par ses réflexions, Lynton la détailla alors qu’elle reprenait la parole. Elle avait finalement acceptée de se confier.

    Lentement mais sûrement, elle expliqua son ancienne situation. Son ex-fiancé était médecin, ce qu’il avait cru comprendre plus tôt. Ils avaient été heureux, ils comptaient se marier et la regardant sourire alors qu’un goût amer devait glisser dans sa jolie bouche, il soupira tout bas. Le salaud l’avait trompé ? Il anticipait et finalement il eut raison, mais pas seulement avec une femme mais toute une troupe d’infirmière. Grimaçant légèrement sous les propos de la jeune femme, il resserra sa poigne sur le haut de sa chaise. Ça avait du être difficile, nuance, ce devait être difficile. Il avait non seulement détruit leur vie commune en piétinant sa confiance mais en plus, il avait roulé son nom dans la boue. Combien de personne connaissait cette histoire ? Combien de membre de sa famille, de ses amies, de ses collègues. Il n’osait pas imaginer la totalité des coups et pertes de la jeune femme, ça avait du être horrible. Ce devait être encore douloureux et il comprit alors pourquoi elle avait craqué plus tôt. Le pire dans tout ça, c’était sûrement que malgré toute la douleur accumulée, elle tentait de garder la tête haute. Est-ce qu’elle avait un jour baissé la tête et pleurer un coup ? Il se le demandait sérieusement. Sauf plus tôt, lorsqu’elle avait finit par libérer un peu de douleur, lui arrivait-elle d’accepter ses faiblesses et d’y faire face ? D’accord, il n’était pas psychologue et lui-même, se connaissait pas mal de vice et de faiblesse qu’il préférait repousser mais on ne parlait pas de lui en ce moment. Heureusement.

    « J’en suis sincèrement navré, Mademoiselle McIssac. »

    Il l’était, réellement et le petit sourire qu’il lui offrit le démontrait bien. Il ne connaissait pas sa situation, il ne l’avait jamais vécu mais il pouvait imaginer un minimum la douleur que ce genre de conflit apportait. Il n’avait jamais trompé Esma et si elle l’avait fait, il n’en avait jamais rien su. Si c’était arrivé, s’il avait apprit quelque chose du genre, il aurait souffert. Ça il en était persuadé et ça lui suffisait pour sympathiser avec la jeune femme.

    Une histoire banale ? Il redevint sérieux d’un coup, la détaillant longuement. Il ne trouvait pas ça drôle pour sa part. Si c’était là le banale des gens de la Lux, il ne regrettait pas une seconde l’avoir quitté. C’était vraiment idiot qu’un homme tel que lui, ne couchant jamais deux fois avec la même femme, soit outré par ce genre de comportement chez un autre homme, voir un collègue dans ce cas précis mais c’était tout de même le cas. Lui il n’avait jamais trompé la confiance de personne, il vivait sans attache, il ne devait tout simplement rien à personne. Lorsqu’il avait été avec sa fiancée, il avait toujours eu un comportement irréprochable et c’est là que les choses s’arrêtaient. Il pouvait être un époux tout à fait acceptable s’il le voulait, il le savait, hors il n’en était pas un. Mais il n’était pas d’accord avec l’idée que les hommes engagés dans une relation, puissent en faire de même. Tout comme il refusait de coucher avec des femmes mariées, il considérait ce genre de comportement comme malsain. Il n’y avait qu’à voir le faible sourire de Lily-An pour comprendre combien les hommes tel que cet ex-fiancé, pouvait faire le mal autour d’eux. Après la douleur, que lui était-il resté ? Sa mère et ses idées de la mettre avec un autre homme ? Qui pouvait lui en vouloir d’être sur ses gardes et de rejeter les choix potentiels de maman. Il comprenait maintenant la perspective de la jeune femme, les raisons de son rejet et de sa force, mêlé de fragilité. Elle n’était qu’un roc de verre, puissant en apparence mais encore capable d’être brisé, détruit.

    « C’est une histoire bien triste… fort regrettable aussi. »

    Soupirant, il se passa une main dans les cheveux mais fut surpris par sa question. Lui demandait-elle son histoire ? Il n’était pas certain de vouloir la raconter. Après tout, après avoir entendu l’histoire de Lily-An, il considérait la sienne comme réellement banal. Ça ne valait pas la peine d’être raconté. Enfin, pas à son avis mais elle avait l’air tellement malheureuse qu’il préféra esquisser un petit sourire. Sa main quitta le dossier de sa chaise et glissa sur son épaule, son bras lui enlaça les bras alors qu’il parlait plus doucement.

    « Hm, un futur médecin ça fait joli sur un cv mais un médecin en chef, c’est encore mieux. »

    Un petit sourire joueur aux lèvres, il lui embrassa le front. À quoi jouait-il au juste ? Il se le demandait sérieusement. Il n’aimait pas la voir dans cet état, triste comme la pluie, mais ce n’était pas une raison pour sortir autant de connerie. Et pourtant, croisant son regard du sien, il ne put pas s’empêcher de songer que peut-être, oui peut-être bien, il serait capable de la rendre heureuse. Mais ce n’était pas même envisageable, pas maintenant, peut-être jamais même mais surement pas à un premier rendez-vous. En fait, ce n’était pas même un véritable rendez-vous, non ? Faisant signe au barman, il commanda un autre verre. Il en avait besoin maintenant, tant pis pour la réunion de cet après midi. Parce que s’il n’avait pas mentit au sujet des patients, il avait tout de même une réunion à laquelle il se devait d’assister en fin d’après midi.

    « Si vous croyez votre histoire banal, attendez d’entendre la mienne. »

    Son verre lui fut servis et souriant à la jeune femme, il en avala la moitié avant de ne se lancer. Plissant un peu les yeux, son bras se resserrant doucement autour de son petit corps, il commença à parler d’une voix douce, calculée.

    « Je devais l’épouser dès mes 21 ans, nos familles ont toujours très unis et notre mariage avait été prévu le jour même de sa naissance je crois. Fort heureusement pour moi, j’étais amoureux d’elle et ce mariage arrangé ne me repoussait pas, au contraire même. Mais voilà, j’ai tout gâché, rien de bien étonnant vous dirais mon père. J’ai tout simplement refusé de suivre les traces de celui-ci et de devenir un grand militaire comme lui, j’ai donc été déshérité et forcé de quitter la Lux. Elle est restée un moment avec moi mais à quoi bon se leurrer, je n’avais rien de bien à lui offrir. L’amour ne gagne pas toujours et il faut être réaliste, hors elle l’était plus que moi et le jour ou elle a apprit que j’étais interne, elle m’a quitté. »

    Un petit sourire au coin des lèvres, le médecin baissa les yeux sur sa compagne pour boire encore une gorgée de son verre. Il ne regrettait pas le départ d’Esma, il ne lui en voulait même pas. Il comprenait sa décision, elle avait fait le meilleur choix pour elle, elle savait qu’elle pouvait obtenir plus de la vie que ça. Et puis au début, Lynton en avait bien bavé. Son premier logement n’avait rien de bien accueillant et Esma en aurait été bien malheureuse. Vivre dans la crasse, manger au minimum, tout ça lui allait à lui mais si elle avait du partager sa vie, elle aussi aurait eu à le subir. Ça avait arrangé tout le monde finalement et il n’avait aucune raison de culpabiliser, sauf pour son choix professionnel et avec le temps, même ce sentiment l’avait quitté. Le blond n’avait aucun regret.

    « Je crois pouvoir affirmer que moi aussi, j’avais perdu, à quelque part, le charme du début à ses yeux. Je ne lui en veux pas, bien entendu, elle a fait le meilleur choix pour son avenir. »

    Souriant maintenant avec un petit air nostalgique, il termina son verre et embrassa à nouveau le front de sa compagne. Un geste soudain, qu’il ne tenta pas de comprendre ou de repousser. Il en avait eut envie et puis voilà. Sa main relâcha alors doucement l’épaule de Lily-An et remonta dans sa nuque, caressant tendrement sa nuque alors qu’il la fixait, parlant doucement.

    « Vous aussi, Mademoiselle McIssac, vous méritez un bel avenir et vous avez bien fait de rompre vos fiançailles, vous valez plus que cela. »

    Mais quelque chose le faisait tiquer dans toute cette histoire. Si Lily-An avait autant souffert du comportement de son ex fiancé, à quoi diable la mère de celle-ci avait bien pu songer lorsqu’elle avait décidée de la lui présenter. N’était-il pas, justement, le genre d’homme qu’elle détestait le plus ? Souriant à nouveau, il se mit soudainement à rire, se passant sa main libre devant les yeux. Alors c’était ça que sa mère planifiait. Elle lui avait envoyée la jeune femme pour qu’il réalise combien il faisait erreur dans son choix de vie. Quelle mère rusée il avait ! Quand à la mère de Lily-An, là il ne comprenait pas un instant mais tant pis, au moins détenait-il l’un des deux morceaux du casse-tête.

    « Mon dieu, je viens de réaliser… Alors c’est pour ça que vous me tenez autant tête. Je suis tout ce que vous détestez, n’est-ce pas Lily-An ? »

    Se penchant sur elle, il plissa doucement les yeux, cessant de rire pour planter son regard dans le sien. Sa voix baissa de deux octaves aussi alors qu’il souriait avec un petit air amusé et à la fois curieux. Il était totalement à l’opposé de ce qu’elle recherchait, de son homme idéal. Il était un homme à femme, un beau parleur, un dragueur qui s’entourait de parfum différent tous les soirs. Son index vint courir sur sa mâchoire alors qu’il reprenait la parole, la devançant.

    « Ce n’est pas tellement mon look qui vous dérange mais bien mon attitude. Je m’entoure de femme constamment, j’aime leur faire la cour et je fuis au petit matin. J’assume être tout ce que vous détestez mais ne vous méprenez pas, je ne suis pas comparable à votre ex-fiancé. Moi, je suis sans attache, complètement seul. »

    Son index glissa jusqu’à son menton et ses yeux se baissèrent sur ses lèvres. Terriblement tentantes, trop même et son visage se rapprocha du sien. Il voulait y goûter et souffla donc la suite de ses paroles, ses lèvres allant effleurer les siennes.

    « Pourquoi est-ce que vous êtes là Lily-An ? » Son regard se planta dans le sien, très sérieux maintenant. « Ma mère vous a envoyé pour me mater, elle a vue en vous quelque chose d’assez puissant pour le faire. Mais moi, quel avantage ai-je pour vous ? »

    La question n’avait rien d’un jeu, il se posait sérieusement la question maintenant et soupirant, lui vola un petit baiser. À croire qu’il ne pouvait pas s’en empêcher. Lui volant un baiser, il fit grimper le nombre à quatre et soupira tout bas, à la fois agacé et satisfait par son comportement. Ce que sa mère avait pu voir en Lily-An McIssac, la dompteuse de Ly-o-n, il commençait lui aussi à le voir. Une sirène hurlait dans son esprit, il devait partir, la mettre dans un taxi et retourner au travail. Et pourtant, il murmurait déjà le début d’un chant d’amour.

    « Jeudi je vous amène dîner à l’Astrid, je passerais à sept heures. »
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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyLun 22 Mar - 19:59


    Sa tête se tourna en direction de l'homme. Pendant tout le récit, Lily-An resta silencieuse. Elle avait beau se plaindre de sa mère, elle était ravie que cette dernière n'ait jamais prévu un tel plan. Pensivement, la brune se mordit les lèvres. Lynton n'était résolument pas en bon terme avec son père, pourtant cette histoire paraissait loin. N'avaient-ils jamais pu se réconcilier ? Quant à son ancienne fiancée devait être de ces femmes qui avaient besoin d'un bon mari. Le nom. Le rang. Le salaire. Tout. Mais n'était-ce pas excessif de déshériter son fils juste parce qu'il ne souhaitait pas emprunter le même chemin ? L'ouverture de la famille Ashlow lui parut d'un coup bien douteuse. Dire que pour elle, être avec un interne avait été une source de fierté. Elle devait sûrement se contenter de peu à côté d'une telle femme. Cependant An comprenait pourquoi l'homme était resté seul. Il devait se dire que toutes les femmes étaient comme ça. Il devait aussi faire preuve de résignation. Seulement, tout n'était pas banal dans son histoire. Bien au contraire. Forcer de quitter sa loge, considéré que tout avait été un meilleur choix pour l'avenir, cela la dépassait. Il fallait dire qu'elle rêvait trop et qu'elle espérait prendre décisions en suivant son coeur plutôt que le cadre de la société.

    Le baiser l'arracha à ses songes et elle ferma les yeux. La douceur de ses gestes l'apaisait à tel point qu'An se demandait si ce n'était pas l'arme du blond pour la rendre plus docile. Pas très correct comme technique ! En attendant son avenir lui paraissait incertain, lointain. Elle n'avait même pas envie d'y penser. Pourtant, la jeune femme se demandait ce qu'elle valait. Qui pouvait juger la valeur des gens ? Comment savoir ce qu'on valait ? Impossible mais elle se disait que le blond se montrait dur envers lui-même.

    « - Mais vous aussi, Lynton... »

    Il valait plus qu'une femme calculatrice. Q'une femme prête à l'abandonner à cause de sa situation. Mais Lynton lui semblait si résigné. Si faible. Sa tête se pencha sur le côté au rire. Est-ce qu'il allait bien ? La folie venait-elle de l'emporter ? Préférant garder le silence, attendant que le médecin se calme, An le fixait. Un soupir s'envola. Il ne venait que de réaliser maintenant. Mieux valait tard que jamais, seulement, ce n'était pas entièrement cela. La nouvelle facette du blond l'intéressait mais l'hésitation l'immobilisait. Même si elle savait dans quelle direction leurs mères voulaient les diriger, son coeur ne savait quoi faire. En tout cas sa raison la gardait bien de suivre le tracé maternel. Un peu perdu, la brune souffla.

    « - D'une certaine façon... »

    Est-ce qu'elle le détestait ? Réellement ? En ce moment, la petite brune en doutait. Son ex-fiancé ne lui avait jamais parlé avec une telle sincérité et cela la touchait. Cependant, cela s'arrêtait là. Si sa mère aurait souhaité éventuellement lui trouver un compagnon, pas nécessairement une histoire sérieuse, elle ne se voyait pas mentir à Lynton ou même tenter quoique ce soit. Silencieusement, An le fixait ne sachant quoi penser. Qui était-il vraiment ? Un homme qui se vengeait d'une femme en consommant les autres ? Un dragueur révélé ? Un homme brisé qui cherchait inconsciemment une compagne capable de lui faire oublier le passé ? Il se saoulait de corps et de parfums pour oublier. Sans doute même pour exister. Si le médecin voguait de corps en corps, n'y avait-il pas une raison ? Pourtant dans les paroles de l'homme, une certaine fierté résonnait. Comme s'il semblait avoir la bonne conduite. Comme si au fond, il ne faisait de mal à personne. An espérait que les jeunes femmes ne croyaient pas un mot doux émanant de sa bouche. L'espoir naissant suite aux belles paroles blessait quand la réalité se dévoilait. Croire. S'accrocher juste pour quelques heures. Espérer petit à petit. Se dire que le mauvais sort était brisé. Le futur arborait une couleur différente, plus belle, plus gaie. Dans un battement d'aile, tout pouvait basculer et l'errance devenir une erreur. Ceux qui changeaient de partenaires, se trouvaient en quête inconsciemment ou consciemment d'un besoin, d'une envie perdue.

    « - Mais vous n'êtes pas plus heureux que lui... » Un murmure suivit. « Car quand vous rentrez, vous êtes immanquablement seul et puis, on peut être entouré et se sentir seul. »

    Oui, pour ça, ils étaient très différents car le soir, quand l'interne rentrait, la présence de Lily-An l'entourait. Ils parlaient, se disputaient, s'aimaient. Ils maintenaient en vie leur couple. Chaque action était semblable au battement d'un coeur, à une respiration. Malgré cela An ne savait pas que c'était vain. Autour d'un verre, ils échangeaient sur leur journée respective, sur leurs collègues, leurs clients. À ce moment-là, elle n'imaginait pas ses incartades. De temps en temps, un parfum de femme parvenait à ses narines mais elle se disait simplement que c'était normal. Il avait des collègues féminines après tout. Ainsi, la jeune femme avait refusé de sombrer dans la paranoïa ne posant aucune question, se disant juste qu'il n'y avait aucune raison pour que son fiancé la trompe. Peut-être n'avait-elle pas voulu voir ? Peut-être n'avait-elle pas vu ? Leur union se désagrégeait lentement. Doucement. Sûrement. Dans l'ombre. Et puis un jour, immanquablement, il ne restait plus qu'un petit tas de poussière. Ce qu'ils restaient d'eux. Ses yeux glissèrent sur le visage de Lynton. Que resterait-il de cette rencontre ? Un goût sucré sans aucun doute. Celui de ses lèvres contre les siennes. Celui d'être choyée juste le temps d'une entrevue.

    Ses paupières se baissèrent légèrement appréciant son souffle se mêlant au sien. Cette sensation enivrante, tout comme l'attente dans laquelle elle la plongeait, valait bien des baisers. Pourquoi était-elle là ? Elle se le demandait. Etait-ce seulement pour faire plaisir au pouvoir matriarcale ? Ses lèvres dessinèrent un faible sourire. Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Elle aurait pu fuir, abréger leur rencontre, tout faire pour qu'il craque. Mais au contraire. Finalement tout paraissait fonctionner comme Madame Ashlow le désirait, n'est-ce pas ? Cette femme et sa mère semblaient l'avoir transformé à son insu en une sorte de guerrière devant remettre Lynton dans un chemin juste selon elles. Et qui gagnait-elle ? Bonne question.

    « - Aucun. Ma mère voyait en vous une distraction et un moyen de me trainer avec un homme.  Sans doute pour me dire de ne pas être stupide. »

    Elle aurait pu mentir. Elle aurait pu trouver une excuse. Un prétexte. Mais c'était la réalité. Le médecin n'était qu'un passe-temps agréable. Cela peinait la jeune femme car il n'y avait rien de plaisant dans cette notion de divertissement pour un homme. Si sa mère était décomplexée par rapport à cela, An ne possédait pas la même décontraction. Pourquoi devait-elle traiter un homme de la même façon dont celle avait souffert ? Cependant, la jeune femme n'avait pas envie de penser. Doucement, la petite brune souhaitait s'abandonner et ses lèvres accueillirent avec plaisir les baisers. Sa main se leva et disparut dans ses cheveux. Ses doigts descendirent dans sa nuque, la massant lentement. L'invitation qui sonnait davantage comme une affirmation non discutable la fit sourire.

    « - Ne décidez pas tout seul... »

    Dans sa voix, il y avait une note de reproche. De quel droit déclarait-il que jeudi, ils devaient dîner ensemble ? Bien que fondamentalement pour, elle n'avait pas envie de lui laisser croire immédiatement. Un baiser papillon déposé sur les lèvres de l'homme, An se leva. Rester dans ce bar ne lui disait rien et doucement, elle attrapa la main du blond comme pour lui dire de se lever. Le barman s'approcha et elle relâcha un instant l'homme pour sortir sa carte. Après avoir ruiné ses vêtements, elle estimait pouvoir payer les consommations. C'était en réalité, la moindre des choses. Les verres payés, la petite brune se tourna vers l'homme.

    « - Mais si vous désirez m'inviter peut-être devrions-nous aller faire les boutiques ensemble ? » Elle souffla malicieusement. « Je suis curieuse de voir quel genre d'habits, vous choisiriez pour moi... »

    Un challenge ? Qui sait ! Voir la façon dont il la percevait, pourrait influer sur la décision de réellement manger avec lui ou non. Mais cela, il n'en saurait rien.

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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyMar 27 Avr - 6:54

    Les paroles de la jeune femme hantaient son esprit. Il n’était pas plus heureux que son ex-conjoint. Elle avait bien raison, lorsqu’il rentrait chez lui il était seul. Encore et toujours. Changer d’appartement n’avait absolument rien changé, après le départ d’Esma, qu’elle ait cessée de le visiter, il c’était retrouvé seul avec lui même. Personne avec qui chuchoter jusqu’à tard dans le soir, personne pour le saluer, ni pour s’inquiéter mais ça, il avait apprit à le gérer. S’il y avait une chose que la solitude ne pouvait pas faire, c’était de le tuer. S’il la subissait, il ne l’appréciait pas. Un peu comme une femme détestable, qui vous attend tous les soirs pour vous mettre sous le nez vos échecs. C’est à ça que sa solitude se résumait, une partenaire d’infortune qu’il n’apprendrait jamais à aimer mais qu’il savait endurer, faute de pouvoir faire mieux. Lui échapper ? C’était beaucoup de travail, cette fuite aurait engagée des changements dans son existence et puis avec qui ? Non, c’était trop difficile. Pour le moment du moins.

    Tant pis pour la crise de folie, au moins il voyait clair. Il attendit donc la réponse de la part de la jeune femme, lui volant baiser sur baiser, incapable d’y résister. Il faisait le plein en quelque sorte, peut-être que le parfum de Lily-An repousserait la terrible compagne qui l’attendait chez lui. Mais être hanté par le fantôme de la jeune femme ne lui paraissait pas réellement mieux. Aussi adorable soit-elle, se gaver l’esprit de ses souvenirs de la journée, soit la façon dont elle croisait ses si désirables jambes ou encore la délicatesse de son regard alors qu’elle abaissait les paupières dans l’attente d’un baiser, n’avait rien de bien intelligent. Son côté masochiste prenait pourtant le dessus et il notait mentalement tous les détails de leur rencontre, de leur moment intime. Parce que même si ce n’était pas un rendez-vous officiel, ils étaient seuls et puis ils s’embrassaient quand même ! Coupant finalement court à ses annotations mentales de leur situation, arrêtant l’enregistrement de souvenir, la jeune femme répondit. Enfin.

    La réponse le surprit légèrement. Ce n’était pas tellement la réponse qui le surprenait, parce que finalement il ne voyait pas quelle autre utilité il aurait pu avoir pour elle, mais plutôt sa franchise. Il n’avait aucun avantage à ses yeux et elle ne le niait pas. C’était pas mal du tout quand même et il sourit. Il l’invita sans plus attendre, sa franchise valait au moins ça et puis il ne voulait pas réfléchir davantage, il voulait simplement la revoir. Avoir encore un peu de temps en sa compagnie, connaître la peste qu’elle disait être. Et elle répondit à son sourire, le provoquant à sa façon. L’avertissement lui envoya une décharge le long de la colonne vertébrale. L’excitation de la chasse en quelque sorte, un instinct qu’il ne savait pas repousser mais auquel il ne comptait pas répondre. Pas avec elle, il était plus futé que ça tout de même. Elle aussi d’ailleurs. D’ailleurs, elle devait courir vite. Plus que lui ? L’envie de tester lui effleura bien l’esprit mais son instinct de survie était le plus fort et la chasse était trop risquée. Pourtant, il était masochiste et il ne bougea pas d’un centimètre. Il eut bien raison d’ailleurs car elle lui offrit un petit baiser, ce qui le surprit légèrement.

    Son pouls accéléra légèrement et il soupira, s’écartant pour la laisser se redresser. Le baiser n’avait rien d’impressionnant mais ce n’était pas son intensité qui comptait à ce stade. Seul le geste comptait. Comprenant qu’elle comptait partir lorsqu’elle lui attrapa la main, il ne retient pas son sourire. Il n’eut pourtant pas le temps d’attraper son portefeuille que déjà la demoiselle payait leur verre, ce qui l’amusa finalement. Alors elle voulait jouer la femme forte, indépendante ? D’accord, pourquoi pas. Sauf qu’il n’avait pas encore fait un pas qu’elle lui lançait un défi. Alors elle ne comptait pas rentrer sagement ? Elle voulait aller faire les boutiques avec lui ? Riant avec amusement, il tira gentiment sur sa main pour l’attirer à l’extérieur. Malicieux, il plissa les yeux tout en souriant alors qu’il acquiesçait.

    « Je comprend mieux. Vous m’offrez les verres et moi, je dépense pour votre tenue ? »

    Ça n’avait rien d’un reproche, il lançait ça en riant et supposant qu’elle serait probablement vexée par sa remarque ou son sous-entendu, il se tourna rapidement vers elle et lui vola un rapide et petit baiser. De quoi la faire taire si elle comptait répondre quoi que ce soit et de quoi lui faire oublier le côté malsain de ce qu’il venait de dire, si elle n’avait pas encore trouvé les bonnes paroles pour lui reprocher son humour discutable.

    « Allons acheter cette tenue, je me sentirais mieux une fois que j’aurais dépensé. Je déteste qu’on dépense pour moi, sans mon accord. »

    Un petit sourire espiègle aux lèvres, il se remit en marche, sa main serrant doucement celle de sa compagne. Une fois qu’elle aurait sa robe, elle ne pourrait pas refuser son invitation, quoi qu’il doute fort de ce potable rejet. Il avait bien remarqué son comportement, elle n’était pas insensible à ses attention, encore moins à ses baisers. Ils étaient compatible et il commençait à croire que ce n’était pas que physiquement parlant. C’était loin d’être déplaisant et il repéra une petite boutique de vêtement féminin. Les mannequins à l’avant boutique portaient toutes des robes, sobre mais élégante, assez courte pour la plupart et jetant un regard à An, il sourit à nouveau.

    « Vous aimez me résister mais vous viendrez jeudi et avec plaisir. »

    Sa confiance avait de quoi faire grogner, elle aurait probablement repoussée la jeune femme en temps normal mais son attitude savait atténuer le coup et visiblement satisfait de sa petite tirade, il l’entraina dans la boutique. Deux vendeuses s’y trouvaient, l’une occupée avec une cliente et l’autre tapant des articles dans l’ordinateur de la caisse. Elle leur sourit gentiment mais le sourit rapide de Lynton parlait de lui-même; ils n’avaient pas besoin d’aide. Pas pour le moment du moins. Avançant lentement, il observa les masses de vêtement et un sourire étirant le coin droit de sa bouche uniquement, il laissa tomber un petit ‘hm’ de satisfaction. Attirant Lily-An avec lui près d’un mur, il attrapa une robe et la tendit devant la jeune femme. De fine bretelle retenait le tissu satiné, laissant clairement savoir qu’il serait moulant une fois sur le corps féminin. D’un violet foncé frisant le noir, la robe de style corset était toute prête à mouler la fine poitrine de la jeune fille d’une part, pour ensuite enserrer le reste de son corps d’un grand pan de tissu. Devant Lily-An, elle terminait à mi-cuisse, une longueur respectable selon Lynton. Souriant alors qu’il appuyait le vêtement contre elle, il souffla tout bas.

    « Peut-on réellement porter des sous-vêtement avec pareil vêtement ? »

    Il aurait dit que non et c’est bien ce qui retenait son attention. La délicatesse du tissu, sa légèreté et sa prédisposition à enveloppé intimement le corps de sa compagne était loin de lui déplaire. Si elle enfilait pareille tenue pour l’accompagner ce jeudi, il savait d’avance qu’il attirerait les regards envieux et la jalousie. Ce fut pourtant la vendeuse occupée plus tôt, ce qui n’était visiblement plus le cas, qui lui répondit en souriant; seulement une culotte. Elle indiqua alors que la robe comportait un corset intérieur qui soutenait suffisamment la poitrine. Souriant au couple, elle évalua la femme du regard puis détailla Lynton, qui semblait satisfait par la réponse. Pourtant, ce n’était pas une robe convenable pour un premier rendez-vous et il la rendit à l’employée. Il ne tenait pas à sauter sur An dès le premier rencard, parce que cette petite virée dans les boutiques n’avait rien d’un rendez-vous hein. La jeune femme fit pourtant remarquée que ce n’était pas un mauvais choix, le corsage mettrait la poitrine délicate de sa compagne et la longueur flatterait ses jambes. Tout sourire, elle tentait de les convaincre mais Lynton hocha simplement la tête. Elle tendit alors la main pour attraper une robe mais il l’arrêta, un petit sourire contrit aux lèvres. Il voulait trouver lui-même et la vendeuse souffla un mot d’excuse pour attendre sagement. Sa main parcourut l’enlignement parfait de tenue alors qu’il cherchait quelque chose et finit par attraper un tissu gris fumé. Après un rapide coup d’œil à la tenue, il attrapa le cintre et la souleva pour mieux l’examiner. Une mini robe bouffante avec un haut bustier *, un excellent choix à son avis. Il se tourna alors vers Lily, souriant alors qu’il lui tendait la robe.

    « Mignon, court et jeune… ça a quelque chose de tentant et d’à la fois innocent, non ? »

    La vendeuse sourit à nouveau et acquiesça, poussant déjà presque la jeune femme vers les cabines. Elle s’empressa d’ajouter qu’ils avaient la même avec motif si jamais le cœur lui en disait mais Lynton se passa se commentaire. Il avait simplement choisit le vêtement le plus approprié pour une princesse lors de son premier vrai rendez-vous avec un prince déchu. Il voulait qu’elle s’amuse lorsqu’ils sortiraient et si possible, pas en retirant ses vêtements. Les robes moulantes, ce serait pour plus tard. Si ce plus tard arrivait à venir un jour, ce qu’il se surprenait à espérer d’ailleurs. Croisant les bras, il sourit à An.

    « Les jeunes princesses devraient être vêtues comme telles… Je me garde la surprise de vous découvrir jeudi, bien entendu. Sinon ce n’est pas drôle. »

    C’est lui qui le disait et avec un petit air joueur mais à l’intérieur, une petite voix le traitait de sombre imbécile. Il voulait voir n’est-ce pas ? Bien entendu ! Il aurait adoré pouvoir évalué le résultat, s’assurer de ne pas avoir eu tort mais il savait que sa patience serait récompenser. S’il attendait jeudi pour la voir, il pourrait alors lui dire qu’elle était magnifique avec les yeux pétillant et en toute honnêteté, pas parce qu’il avait déjà passé la semaine à rêvé qu’il la lui retirait. D’ailleurs il valait mieux qu’il mette une croix sur cette idée, il ne lui retirerait absolument rien, sauf peut-être son numéro de téléphone. Ça c’était une nécessité bien entendu. Du reste, les vêtements restaient. Sur lui et surtout, sur elle. Il attendit donc sagement, parce qu’il était certain qu’elle ne rejetterait pas son choix avant d’avoir au moins essayé la dite tenue. Alors qu’elle était dans la cabine, il s’adossa à la porte voisine pour souffler doucement.

    « Bien sur, si elle ne vous plait pas, je suis d’accord pour que vous faisiez votre propre choix. Il y a longtemps que je n’ai pas fait les boutiques avec et pour une femme… »

    Au timbre de sa voix, ce n’était pas par manque d’envie. Il y avait quelque chose de joyeux dans ses paroles, il appréciait le moment présent, il ne voyait pas leur présence ici comme une perte de temps.
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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyMar 4 Mai - 16:12


    Un sourire fut sa seule réponse au sujet des dépenses. Cela lui semblait être un échange intéressant. Sauf qu'il n'y avait pas de robes, au prix des consommations. Elle n'était donc nullement perdante. L'offre resterait donc très symbolique mais Lynton avait mentionné le dîner et s'il désirait décider de tout autant qu'il choisisse sa tenue. An passa légèrement à côté du sous-entendu préférant se dire qu'ils ne se verraient plus après cette soirée. Ce serait le point d'orgue d'un agréable après-midi. Sa tête se tourna vers l'homme pour lui rappeler ce que comportait sa tenue, au cas où son esprit dévie vers les sous-vêtements mais à son geste, la petite brune cligna des yeux. Surprise par le baiser, ses ongles se plantèrent rapidement dans la main de l'homme. Il était entrain de prendre de mauvaises habitudes. Il ne manquait plus qu'ils soient perçus comme un couple. Était-ce qu'il avait l'intention de faire ? Le blond lui paraissait être capable d'avoir toute sorte d'idée aussi farfelue les unes que les autres. Mais An doutait qu'il aille jusque là. Après tout, il avait aussi sa réputation de dragueur en jeu. Ce genre d'hommes aimait la maintenir, non ? Pour le moment, elle se contentait de profiter dans l'instant. Ses doigts s'entrelaçant aux siens, elle sourit. Depuis combien de temps n'avait-elle pas eu une après-midi comme celle-ci ? Être bien avec quelqu'un, se laisser porter sans passer au lendemain. Elle ne râlait plus, temporairement, aux paroles de Lynton. Les hommes n'aimaient pas qu'une femme dépense pour eux. Question de fierté masculine, à moins qu'ils ne soient des gigolos ou que ce soit le jour de leur anniversaire.

    Dans quel genre de boutiques allait-il l'emmener ? Quel vêtement choisirait-il ? Ces interrogations n'étaient pas anodines car cela se reportait à l'image qu'il avait d'elle ou qu'il souhaitait lui donner. Et s'il faisait une projection de son ancienne fiancée sur sa personne ? Une moue anima son visage à cette idée. Il n'y avait rien de pire que cela. Même si Lynton semblait avoir dépassé ce stade, l'inconscient pouvait se révéler imprévisible. Une fois, devant la boutique, Lily-An songea qu'elle n'avait qu'à attendre. La longueur des robes la laissa perplexe. Moins il y avait de tissu, mieux c'était ? Aux paroles de l'homme, un rire s'envola. S'approchant de lui, elle planta ses yeux dans les siens. Le contact fut rompu et elle lui souffla à l'oreille.

    « - Mais vous aimez que je vous résiste, hm ? » Plus malicieusement, elle ajouta « Peut-être que je vous ferais mariner jeudi... Ce ne serait pas drôle sinon... »

    Et ce serait trop facile. Hors, elle voulait garder cette promesse de jeu. Et puis quand bien même, sa confiance méritait d'être mise à l'épreuve. Les enfants gâtés ne donnaient rien de bon. A l'intérieur, son regard se porta sur les vêtements. Une étrange sensation la parcourut. La jeune femme entretenue par un homme plus âgé. Le coin gauche de ses lèvres se souleva un instant. Elle avait beau être dans une loge au-dessus de la sienne, elle n'était qu'une assistante et le salaire de Lynton devait valoir largement le sien. Mais elle était indépendante. Alors pourquoi ce déplaisant sentiment ? La tête ailleurs, bien trop absorbée par ses pensées, Lily ne prêta pas attention à l'échange entre la vendeuse et Lynton. Ce ne fut que lorsqu'il la tira près de lui, qu'elle réalisa. Sa tête se pencha pour regarder la robe. Sa mère aurait appelé cela une tenue de chasse. Uniquement pour attraper la chasse aux gros gibiers. Bien que peu convaincue par cette robe, An souriait tranquillement. Elle tenait le rôle de la sage poupée. Mais les paroles de l'homme lui firent plisser les yeux. Souhaitait-il encore vivre jusqu'à jeudi ? Si non, elle pourrait s'arranger pour s'occuper rapidement de son cas. Se retenant de tout commentaire devant l'employée, son regard n'avait pour sa part rien de très amical. Il était censé lui choisir une robe. Est-ce qu'un homme ne pouvait pas faire cela sans penser à après ? Cela sonnait ainsi aux oreilles de la brune. Et la vendeuse répondait. Roulant des yeux, An regarda ailleurs. Elle ne tenait pas à voir son expression. Et s'il l'imaginait avec juste cette tenue et une petite culotte ? Pourquoi certains employés prenaient leur travail trop à coeur ? Heureusement, le blond décida de choisir une autre robe. Qui, cette fois, était davantage dans ses goûts. Un sourcil se haussa au commentaire. Il fallait vraiment qu'elle lui trouve un surnom qui sous-entendait une certaine relation intime tout en mettant l'accent sur la différence d'âge. Elle se promettait d'en chercher un et tout en attrapant le cintre, la jeune femme souffla.

    « - Vous sonnez comme un pervers, Lynton... »

    Cela l'amusait et le son de sa voix le laissait entendre. La vendeuse voulait conclure cet achat au plus vite en la pressant du côté des cabines. Elle devait se dire que l'achat était certain, pas question de le laisser s'échapper. Le soupir d'An fit pourtant comprendre à la femme, qu'elle se montrait impatiente et que cela l'agaçait profondément. Elle se tourna en direction de Lynton et lui sourit. Garder la surprise ? En avait-il réellement envie ? Disparaissant derrière la porte, elle posa le cintre et commença à se changer. La robe retenue ne nécessitait pas vraiment le port d'un soutien-gorge. Lynton aimait-il les épaules dénudées ? Ou était-ce l'idée d'un vêtement en moins à retirer ? La jeune femme rangea son sous-vêtement dans son sac et grimaça. Le miroir de cette cabine n'avait rien de pratique. Elle aurait préféré se voir avec plus de recul mais la voix de Lynton lui suggérait qu'il se trouvait à côté. N'était-ce pas mignon son aveu ? Ouvrant un peu la porte, elle tendit une main puis un bout de jambe apparut. La robe était adorable mais il y avait un détail à régler.

    « - Lynton, n'avez-vous pas oublié un détail ? » Son index pointa les orteils qui s'agitèrent gentiment. « Il me faudrait une paire de chaussures pour aller avec... »

    Sa jambe disparut et elle ouvrit un peu plus la porte pour laisser passer sa tête. Elle avait un de ces sourires adorables. Ceux qui vous faisaient réfléchir deux fois avant de refuser. Si elle devait être une jeune princesse, elle voulait bien tenir momentanément le rôle de Cendrillon. Mais c'était très embêtant d'acheter une robe sans être chaussée en conséquence. Peut-être qu'elle avait quelque chose dans sa garde-robe une paire qui se marierait bien avec le futur achat, cependant ce n'était pas la même chose. Lynton ne les aurait pas choisies. Ce jeudi, elle voulait arriver entièrement habillée par ses soins. Un caprice ? Sans doute. Toutefois n'était-ce pas flatteur pour un homme ? Cet investissement serait le gage d'une excellente soirée. Elle lui promettait. Sur un ton joueur, trouvant qu'il mettait un peu de temps, la brune lança.

    « - Vous défileriez-vous ? »

    C'était amusant de le pousser à bout, bien qu'elle doutait y arriver. La vendeuse ne savait pas trop quoi penser. Le couple agissait d'une façon bien étrange mais au fond, le plus important était qu'ils achètent, non ? Peut-être même qu'ils choisiraient plusieurs robes. Monsieur avait l'air d'avoir de l'argent et prêt à n'importe quoi pour les jolis yeux de sa compagne. Étaient-ils fiancés ? Un jeune couple ? Elle observait les cabines avec curiosité. Pendant ce temps, la brune attendait le moment opportun. Dès qu'An aperçut Lynton passer devant la cabine, sa main sortit et se referma sur son haut l'attirant dans le petit espace. L'employée écarquilla les yeux manquant au passage de faire tomber le pantalon qu'elle tenait. Ils se trouvaient dans un établissement respectable tout de même ! Lily-An affichait un sourire adorable et leva légèrement sa jambe.

    « - Il faut que vous regardiez ma taille avant... » Et au cas où, il pensait à autre chose, elle lui montra son pied. « Ce serait dommage que vous vous trompiez... »

    La vendeuse, nerveuse, s'agitait derrière la porte. Et s'ils faisaient ce à quoi elle pensait ? Non, impossible, ils avaient l'air d'un couple tout à fait respectable. Mais cela ne voulait rien dire. Ils étaient jeunes et pouvaient être tentés de faire de nouvelles expériences. En plus l'homme s'était intéressé aux robes où seule, une culotte suffisait. Tout en allant et venant, la femme tortilla ses doigts. Elle hésita et finit par plaquer une oreille contre la porte. Aucun bruit. Enfin aucun de ces cris si suggestifs. Peut-être qu'ils s'embrassaient ? Son regard croisa la poignée mais elle craignait de les déranger en pleine action. D'une voix suppliante, elle finit enfin par dire.

    « - Vous... Vous ne pouvez pas faire ça ici ! »

    An cligna des yeux et regarda Lynton. Pardon ? Elle et Lynton ? Est-ce qu'elle s'imaginait que... Lui et elle...
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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyMer 5 Mai - 4:42

    Est-ce qu’il aimait qu’elle lui résiste, voilà ce à quoi il songeait depuis leur entrée dans la boutique. Elle savait bien que oui et il n’avait fait aucun effort pour cacher ce fait, à son plus grand malheur d’ailleurs. Après tout, avec son expérience de coureur de jupon, il savait bien qu’il ne devait jamais laisser paraître la vérité. Cela dit, Lily-An n’était pas une victime, il n’avait pas à se cacher d’elle. Enfin, il préférait le voir ainsi plutôt que d’avouer que la jeune femme l’avait suffisamment surprise pour qu’il en oublie la base même de son attitude permanente. Il valait donc mieux ne rien ajouter à ses paroles de plus tôt, à l’extérieur de la boutique, lorsqu’elle lui avait chuchotée qu’elle savait. Avait-elle aussi comprit qu’il avait un penchant masochiste ? Probablement pas. Peut-être n’aurait-elle pas même le temps de le découvrir, le temps filait tellement vite et elle était si jeune. C’était surement mieux ainsi, il n’aurait pas pu s’empêcher de lui montrer le revers de la médaille. Après tout, son côté masochiste était accompagné par un sadisme qu’il aimait afficher au lit. Mais ils étaient loin d’en être là, peut-être même ne l’atteindraient-ils jamais. Ce qui valait mieux pour elle mais surtout pour lui.

    Acceptant finalement son caprice, il se mit à chercher LA robe, qu’il dénicha au deuxième essai. La vendeuse était un peu collante mais il ne s’en inquiéta pas outre mesure, après tout il n’hésiterait pas à lui donner son congé si elle devait se montrer trop envahissante. Ce qui bien sur, arriva beaucoup plus tôt que prévu, visiblement on fonctionnait à la commission ici et elle était pressée d’atteindre son chiffre du jour. Heureusement, Lily-An n’eut aucun mal à lui transmettre son agacement face à la pression qu’elle tentait d’exercer sur eux, pauvres clients. De toute manière, Lynton n’avait-il pas la gueule d’un bon acheteur ? Elle dut le comprendre car dès qu'elle aperçut le regard noir décoché par la petite brune, elle battait en retraite, la laissant jouir d’un peu de solitude dans la cabine d’essayage, que lui, n’aurait jamais même songé à pénétrer. Bon d’accord, il y songea un instant mais repoussa bien rapidement l'idée et l'envie. Et puis, ça aurait été pour rire mais il doutait fort que la jeune femme soit de cet avis, son humour ne faisait pas unanimité. Il valait donc mieux se cantonner à lui voler de rapide baiser ici et là, plutôt que de se retrouver avec une amende pour harcèlement sexuelle sur les bras, ce qu'il supposait qu'elle était capable de faire. Il tenait au rendez-vous de jeudi après tout !

    Il en était encore à repousser cette idée stupide lorsque la porte de la cabine de sa compagne s’entrouvrit. Rien de bien vilain, juste de quoi laisser passer sa main. Il tourna aussitôt la tête vers celle-ci, se trouvant dans le sens opposé à l’ouverture bien sur. Que ce passait-il ? Elle avait besoin d’un peu de compagnie ? Allons, il ne fallait pas fantasmer. Franchement, il était temps qu’il parte à la chasse, depuis quand n’avait-il pas fait l’amour à une femme ? Trop longtemps ! C’est là que ses réflexions s’arrêtèrent, ses yeux dardant aussitôt la jambe exposée au regard, du sien. D’accord, il n’était qu’un pauvre petit humain, un homme de surcroit, il ne pouvait pas réfléchir sérieusement à son dernier dessert ou même à son goût, si elle utilisait des moyens pareils. La question le laissa stupéfait. Qu’avait-il donc oublié ? Mais surtout, et plus important d’ailleurs, combien de point venait-il donc de perdre avec ce fameux oubli ? Le bout des orteils se mit à bouger et un petit sourire étira ses lèvres. S’il fut tenté un moment de répondre qu’il allait chercher des bas, il comprit rapidement la véritable raison. Pourtant, l’idée des bas ne lui déplaisait pas du tout hein ! Enfin bref, la jeune femme comptait bien en profiter au maximum et elle exigeait maintenant des chaussures. L’argent n’était bien sûr pas un problème et amusé, il se redressa pour acquiescer, la vendeuse le fixant avec attention, prête à se lancer sur la première boite de chaussure s’il le fallait.

    « Mais bien entendu, princesse. »

    Lynton n’eut pourtant pas le temps d’approcher la porte que déjà la tête adorable de Lily-An émergeait de son embrasure. Le sourire de la jeune fille avait tout pour le convaincre, quand bien même il aurait été pauvre, personne ne pouvait résister à un sourire pareil, n’est-ce pas ? Probablement pas. Se laissant à rire, il l’évalua du regard, tentant de voir un bout de tissu mais n’apercevant toujours que son adorable frimousse. Les yeux plissé, il secoua doucement la tête.

    « Non, bien sûr que non. Cela dit, je pourrais vous prendre des chaussures terriblement inconfortables pour seulement insinuer que je porte un défaut aussi terrible que celui-là. »

    Il la taquinait bien entendu, il s’abstiendrait de mettre à exécution une idée aussi stupide. Après tout ils avaient dépassés le stade de se faire suer mutuellement, non ? Lui il pensait que si. Prêt à combler tous ses désirs, et même plus si elle le voulait, il passa devant sa cabine. Hors, la main de la jeune femme sortie dès qu’il fut à porté de main et lui agrippa sa chemise pour le tirer dans la cabine. S’il avait tenu un pantalon, lui aussi l’aurait probablement échappé. Occupant maintenant la cabine avec Lily-An, il écarquilla les yeux un instant, ne croyant pas à sa chance, pardon à la situation. Il ne restait plus beaucoup de place dans la cabine mais Lynton n’avait pas de réel problème avec les endroits étroits, il avait d’ailleurs beaucoup aimé jouer à 7 minutes au paradis à une époque, les garde-robes en manque d’espace, ça le connaissait bien donc. Baissant les yeux sur sa compagne, il laissa son petit sourire en coin refaire surface, étirant lentement le coin droit de sa bouche. Le sourire adorable de la jeune femme ne l’aidait en rien et il effleura la jambe coquine, qui se redressait doucement. Sans réellement réaliser ce qu’il faisait, agissant plutôt par instinct, l’une de ses mains glissa contre le satin de sa peau, approchant la jambe de son corps. Mais ils n’en étaient pas encore à danser le tango et Lily-An reprit la parole. Elle parla de taille et il sourit avec encore plus de plaisir pour souffler tout bas, à son tour, ignorant le signe en direction de ses pieds.

    « Oh mais je ne fais que ça en ce moment vous savez… - Oh, vos pieds, bien sur. »

    Une lueur de malice dans les yeux, il effleura sa taille d’une main avant de ne la poser derrière elle, contre le mur du fond. Il fit reculer légèrement son corps du sien alors qu’il se baissait devant elle. La proximité de leurs corps ne changea pourtant pas, il fit bien attention à ce détail et attrapant l’une de ses chaussures, un genou à terre, il en chercha la taille. Complètement inconscient du drame que vivait la pauvre employée, il prit son temps, ses yeux passant avec plaisir de la chaussure aux jambes de sa compagne. Délaissant le mur d’une main, il osa même effleurer le galbe parfait de son mollet à l'aide de celle-ci. Redressant la tête, un sourire charmeur et charmé aux lèvres, il souffla tout bas.

    « Je vais nous ramener ce qu’il faut... »

    L’employée se mit alors à les supplier depuis l’extérieur et l’homme leva un sourcil, alors que son expression passait de la tentative de séduction à l’amusement. De quoi diable parlait-elle ? À voir le regard que Lily affichait, ce n’était rien d’innocent et il se redressa lentement, rétrécissant la distance les séparant. C’était presque vexant maintenant, la jeune femme ne s’imaginait donc pas même un instant dans ses bras ? Elle n’affichait pas de dégout mais il supposa que sa réaction venait de leur différence d’âge et pour Lynton Ashlow, il n’existait pas pire fléau en ce monde que la vitesse à laquelle sa jeunesse lui avait échappée. L’envie de blaguer, de laisser insinuer quelques situations délicates entre lui et sa jeune compagne, s’envola aussi vite qu’elle lui était venue. Ce n’était plus drôle et il se recula sans plus attendre, lentement et avec calcul. Il avait toujours été doué pour cacher ses faiblesses, pour se détacher de celles-ci et c’est exactement comme cela qu’il réagissait en ce moment. Un sourire poli aux lèvres, il ouvrit sans plus attendre la porte, faisant face à la femme inquiète. Indiquant Lily-An de la main, il sourit avec une teinte d’amusement à la vendeuse, qui les détaillait avec une frénésie presque pathétique. Ils avaient tous leurs vêtements ? Oui, visiblement.

    « Faire quoi ? Cette jeune femme se porte très bien et je peux vous assurer que son seul trouble du moment, est du à vos insinuations. »

    Attendant donc que la femme en ait terminée avec sa panique chronique, il tourna la tête en direction de sa compagne. Avec toute cette histoire, il avait complètement oublié de regarder l’effet que la robe avait sur elle. Se détendant légèrement, il sourit avec plus d’honnêteté. La robe lui allait à ravir, épousant sa forme et rehaussant la délicatesse de son corps, elle était tout simplement parfaite et il l’admira un instant alors que l’employée reprenait un peu de contenance. Des excuses furent bien soufflées mais Lynton ne s’y intéressait pas, le mal était déjà fait comme on dit si bien. Il s’adressa donc uniquement à Lily-An, un léger sourire flottant encore sur ses lèvres.

    « Vous êtes magnifique … »

    Ce jeudi, elle serait encore plus époustouflante, il en était certain. Maquillée en circonstance, parfumée aussi, elle serait la tentation même mais il repoussa cette idée. Le plaisir s’était estompé un instant, l’amertume prenait le dessus. Il regrettait son âge, encore et toujours, une obsession contre laquelle il ne connaissait pas d’arme solide. Il pliait devant ses attaques, ne sachant pas se défendre et détournant la tête, il referma presque complètement la porte derrière lui. La magie c’était envolée, il n’était plus un prince déchu contant fleurette à une princesse meurtrie, il était redevenu le vieux page rêvant de son passé de prince. Il fallait croire que son penchant masochiste surpassait son sadisme finalement. Il souffla alors tout bas, à l’intention de Lily-An.

    « Je vais chercher les chaussures. »

    Il l'abandonna alors avec la vendeuse, toujours inquiète. Après tout, elle venait peut-être de faire une grosse gaffe et ils n’achèteraient rien. Lynton se glissa dans le coin chaussure, étudiant les modèles des yeux. Il cherchait quelque chose de féminin, de chic mais pas trop et puis qui ne lui tuerait pas les pieds dès la première heure. Attrapant une paire d’escarpin gris légèrement métallisé, il chercha un autre modèle, plus léger, des yeux et attrapa une sandale noire avec une bride pour le haut du talon, le reste de l’arrière du pied se retrouvant libre. Il rejoignit alors la cabine et un petit sourire aux lèvres, entrouvrit un peu plus la porte de la cabine pour tendre les deux paires de chaussures à Lily-An.

    « Voilà princesse, essayez celles-là. »

    Il avait l’air calme, sur de lui mais à l’intérieur, il ne pouvait pas s’empêcher de se mitrailler de question. Elle avait comprit qu’il était beaucoup trop vieux pour elle, non en fait, elle le savait depuis le début, elle avait seulement préférée se montrer courtoise. Mais non, ça ne faisait pas de sens, elle l’aurait immédiatement jetée dans ce cas, après tout c’est ce qu’elle cherchait depuis le début. Oui mais peut-être n’avait-elle pas remarqué jusqu’à ce qu’il l’embrasse et se montre trop familier ? Une ride lui barrait peut-être le front et lui, pauvre fou, se baladait en souriant, tout pour faire de cette fichue ride un pli horrible. Lily-An avait bien entendue, décelée le gouffre qui lui décorait le front et elle avait donc été choquée que la vendeuse puisse insinuer pareille situation entres-eux, alors qu’elle le considérait un peu comme un père. Paranoïaque ? Mais pas du tout ! C’était un problème chronique chez lui et il croyait fermement que la jeune femme avait découvert son âge, ou un approximatif du moins. La nervosité lui crispait l’estomac et même s’il affichait le même air posé, son sourire faiblissait doucement, tout comme son teint palissait. Et si elle avait pitié ? Ça il ne l’aurait pas accepté ! Bon dieu, non.

    Il existait bien sur des femmes ne se préoccupant pas de son âge, elles préféraient de loin se concentrer sur la marchandise offerte et de ce point de vue là, le médecin ne s’inquiétait plus depuis fort longtemps. Sauf qu’il existait aussi des femmes à qui on ne peut pas mentir, celles-là il préférait normalement les éviter. Parce que lui-même ne pouvait pas faire face à son âge, à ses problèmes et surtout, que son assurance ne concernait en aucun cas son âge. Mais il était piégé maintenant. Que pouvait-il donc faire, face à la jeunesse de Lily-An ? Il aurait pu fuir, s’excuser, trouver un prétexte mais il n’en avait pas la force, encore moins l’envie. Il désirait sincèrement l’accompagner à l’Astrid ce jeudi et il comptait manger à sa faim en sa compagnie, la dévorer des yeux tout le long du repas et redresser le menton avec amusement lorsqu’un voisin de table lui enverrait un regard envieux. Puis qui sait, il la ferait peut-être danser. Oui, ils pourraient monter au bar et danser sur un air de jazz, s’enlacer et alors ses lèvres se perdraient dans sa gorge. Oh oui, sa gorge blanche si tendre, si invitante et ses yeux suivirent la chaire délicate du regard. Il ne pouvait pas jeter cette soirée, leur soirée, aux oubliettes. Il voulait la ramener chez elle, l’entendre lui chuchoter qu’elle avait appréciée sa compagnie, que tout avait été parfait et alors il l’embrasserait. Sur le pas de la porte bien entendu et très lentement.

    Avalant sa salive, il soupira doucement, se passant une main à la base de la nuque. Il devait se calmer, tant pis si son comportement était risible, il était loin d’être vieux. Il était encore digne d’un jeune premier ! Les mensonges le calmèrent doucement et il se glissa dans la cabine avec Lily-An pour s’agenouiller devant elle, ayant reprit presque toute sa rigueur de plus tôt.

    « Laisse-moi vous aider Cendrillon. »

    De plus en plus confiant, il attrapa gentiment son pied gauche et le fit glisser délicatement dans l’escarpin gris. Bientôt sa main jouait la même scène avec le droit et il se redressait, un petit sourire accroché aux lèvres.

    « C’est confortable ? Parce que nous danserons vous savez... »

    Et voilà, il décidait encore tout seul ! Le seul avantage à être un vieil homme probablement…
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Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] Vide
MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyMer 19 Mai - 16:31


    Si Lynton pensa immédiatement à l'heure différence d'âge, An songea surtout qu'il était culotté de lui prêter une relation avec un homme aussi facétieux. Cependant la brune remarqua bien le changement de comportement du blond. Quelque chose s'était passé mais quoi ? Les paroles de la vendeuse lui avaient-elles déplu ? Non, le médecin lui paraissait être homme à s'amuser avec cela. Etait-ce son regard ? Peut-être aurait-il souhaité qu'elle endosse le rôle de sa compagne ? Une moue perplexe aux lèvres, elle regarda le blond sortir de la cabine. La vendeuse n'avait pas bougé comme pour attendre de confirmer ee qui avait lieu. Lily-An aimait guère cela. Elle n'était pas ce genre de fille mais la femme ne pouvait savoir qu'ils venaient tout juste de se rencontrer. À croire que leur comportement avait prêté à confusion. Doucement, son corps s'appuya à l'entrée de la « cabine ». Ses yeux allaient de Lyn à l'employée. Troublée ? Non, cette sensation était passée pour laisser un étrange songe. Détaillant longuement le blond, elle s'interrogeait sur la possibilité d'une telle situation. Eux, tous les deux dans un endroit si confiné entrain d'oser. Stupide. Voilà ce qu'elle récoltait à être trop sage ! Sa tête se secoua oubliant un instant la présence des deux autres personnes.

    Ce fut les yeux bleus qui lui rappellèrent où ils se trouvaient. C'était l'heure du verdict. Comme une jeune fille sage, elle glissa ses mains dans son dos attendant sagement l'approbation de monsieur. Son sourire la rassura. Pas question, qu'il regrette son achat en l'apercevant jeudi. Ses pupilles sombres fixèrent longuement les lèvres étirées. Aucun mot ne s'envolait. Des mots que bêtement, elle espérait. Ceux qui flattaient. Ceux qui empourpraient les joues. Mais sa patience fut récompensée et un sourire adorable apparut. Jeudi, elle redoublerait d'effort pour l'éblouir. Elle sentait cette étrange envie de plaire réapparaître à nouveau.Voir le sourire d'un homme, sentir son regard sur son corps. Même pour une courte durée. Car la séance d'approbation se finit rapidement laissant une Lily-An perplexe alors que la porte se refermait devant elle. Elle comprenait parfaitement que l'effet de surprise avait été gâché mais la porte refermée ainsi lui donnait l'impression d'être une poupée rangée à nouveau dans sa boite. Lynton lui annonça partir chercher les chaussures et la jeune femme entrouvrit légèrement la porte pour l'observer. Il lui paraissait changé. La vendeuse se tenait non loin d'elle se confondant à nouveau en excuse. Lily soupira puis esquissa un vague signe de main. Il était nécessaire de réfléchir avant de parler maintenant cela s'avérait trop tard.

    Le corps de la jeune femme disparut dans la cabine. Tout en jouant avec une mèche de cheveux, elle attendit l'arrivée du blond. Deux paires en main, ce dernier fit son apparition. Ses yeux se posèrent sur les chausures. Elles lui plaisaient. Loin de se douter des tourments qui habitaient Lyn, An le fixa l'air songeur. Il n'avait pas bonne mine. Où sa joie s'était-elle envolée ? Se laissant faire, elle sourit pendant qu'il lui mettait ses chaussures. Elle marcha un peu dans la cabine et se tourna vers l'homme.

    « - Très, elles sont parfaites... »

    Danser ? Etait-il bon danseur ? En tout cas, il semblait plus joyeux. Une hésitation fila dans le regard de la brune. Entrecroisant ses doigts, elle se mordit les lèvres. Ce n'était que Lynton, elle pouvait bien lui demander. Ses pupilles sondaient celles du médecin en vue d'y déceler son trouble. Un exercice difficile avec une personne méconnue.

    « - Quelque chose ne va pas Lynton ? Vous semblez... différent. »

    Par différent, la brune entendait plus calme, plus sage, moins exhubérant. Elle s'approcha de lui. Il pouvait bien lui dire si quelque chose l'avait mis mal à l'aise. Etait-ce à cause de la vendeuse ? Etait-ce à cause de sa réaction ? La jeune femme réalisait que son comportement avait peut-être été déplacé. Certes, elle n'avait rien dit mais son regard avait pu blesser l'homme. Mais justement, étant donné qu'elle n'avait rien dit et que Lynton appartenait aux hommes persitants, il n'y avait pas lieu de se poser des questions. Enfin si. Normalement, l'homme aurait du s'amuser de son expression, la taquiner avec et profiter de la situation pour l'embarrasser davantage. La faire rougir même ! Hors rien de tout cela n'était arrivé. S'était-elle trompée sur son compte ? Sous le prince joueur se cachait sûrement un homme plus sensible.

    « - Je ne voulais pas vous blesser, toute à l'heure... » Un timide sourire apparut sur ses lèvres. « C'est juste que nous nous connaissons à peine alors j'ai été un peu surprise par la supposition de l'employée... Ce n'est pas que vous n'êtes pas charmant ou gentil mais nous sommes encore des inconnus. »

    Il comprenait, n'est-ce pas ? D'un coup, elle se rendait compte qu'elle tenait à leur rendez-vous de jeudi. Elle voulait savoir ce qui l'attendrait, ce qu'il préparerait. Lynton semblait être un homme plein de ressources et la jeune femme songeait que ce dîner n'aurait rien à voir avec ce qu'elle aurait connu avant. Timidement, elle tendit une main pour effleurer le visage du blond.

    « - Ce n'est pas en faisant la tête que l'on réussit à plaire à une jeune femme, vous savez... » Elle ajouta plus malicieusement. «  A moins que suite à une prise de conscience brutale, vous ne souhaitez annuler notre petit rendez-vous ?»

    Ses lèvres se pincèrent. Elle ne faisait que supposer mais cela lui déplaisait. Après s'être imposé comme il l'avait fait, monsieur n'avait pas intérêt à revenir sur ses paroles. Au lieu d'être contente, An se voyait déjà l'harceler en lui rappelant qu'il avait brisé leur plan, qu'un homme se devait de tenir paroles. Un brin peste ? Si peu, il ne fallait juste pas changer d'idées trop rapidement. Ses prunelles s'assombrirent. Ses doigts se refermèrent sur le haut de l'homme. Au fond, An était qu'une girouette. Elle criait non mais pensait oui. Elle voulait mais craignait. Tout cela était la faute de Lynton, cela ne pouvait être autrement.
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Lynton Ashlow

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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyLun 31 Mai - 22:27

    Les yeux rivés sur ses chaussures, tentant de ne pas songer à leur différence d'âge, parce qu'il ne savait toujours pas quel âge elle avait, il se contenta de sourire sous sa question. C'était d'une telle innocence, d'une telle gentillesse, en fait c'était la question d'un enfant et ça lui mettait du baume au coeur. Un peu, pas une grosse couche comme Esma lui en badigeonnait toujours les genoux petite, non non. Juste un peu. Assez pour étouffer la voix malsaine qui lui rappelait mentalement qu'il avait peut-être l'âge d'être son père. Délaissant ses chaussures, qui lui allaient très bien d'ailleurs, il planta ses yeux bleu dans les siens. Son sourire n'était pas encore stabilisé, il craignait encore de le perdre mais ça irait, il s'accrochait. Les bips revenaient avec force sur l'écran vitale de celui-ci. Après tout, il prenait la vie avec légèreté, il n'était jamais malheureux plus de deux secondes, pas avec de la compagnie. À la maison, lorsque les lumières seraient éteintes, que ses patients seraient au repos, les infimières en train de rire de ses quelques malheureux essais de drague et Esma à border les enfants qu'ils n'auraient jamais eu, là il pourrait être malheureux. Ce soir, peut-être grognerait-il doublement sur sa solitude, maudirait-il son âge et enverrait-il même balader les années qui s'enfuyaient en se moquant de sa gueule. Après tout, celle-ci leur échappait toujours, elles n'avaient donc pas le choix. Les années sont viles. Vraiment. Et toutes.

    « Tout va bien princesse, les chaussures vous vont à merveille. »

    Il n'y avait pas plus vrai que ça. Parce qu'il valait mieux se concentrer sur ce qui se tenait debout devant lui que sur les maux qui le troublait depuis l'intérieur. Il se connaissait trop bien, il préférait tout nier et ignorer le problème. Il se connaissait trop bien, il y avait pas à redire. Inspirant doucement, repoussant encore la satané voix qui lui parlait de cette faille qui lui barrait le front, il effleura sa tête pour laisser quelques mèches blondes retombées devant ses yeux. Là, va te faire voir saleté de pli ! La jolie brunette ne sembla pourtant pas satisfaite et le page qu'il était devenu, au cours de sa quête des chaussures sacrées, étira les lèvres dans un sourire plus concret. Là, elle le croyait ? Il savait mentir, il avait toujours su, elle ne pouvait quand même pas faire exception. En ce moment ça n'allait pas mais ça irait mieux, évidemment. Ça allait toujours mieux. Pas le choix, sinon il ne travaillerait plus. Qui voudrait être opéré par un médecin avec une tête d'enterrement. Non non, il ne voyait pas déjà ses patients comme des cadavres et quand bien même, il n'assisterait pas à l'enterrement. Il savait mentir, pas le choix. Sauf qu'il avait réussit à inquiéter Lily-An au point de lui soutirer des excuses et là, il oublia de mentir, de continuer du moins. Ça ne lui disait plus rien finalement et une subtile grimace lui passa sur le visage alors qu'il se redressait entièrement, secouant doucement la tête, les mèches blondes lui effleurant la mâchoire.

    « Non non, tout va bien Lily-An, je vous rassures. Ne me sortez pas des excuses, je vous en supplie. »

    Ça devenait gênant, très même. Il se sentait comme un gamin mais ce n'était pas aussi déplaisant que de se sentir comme un vieux. Pas mal comme technique en fait. Il en vint à oublier son malaise de plus tôt, la fissure de son immense front disparut sous la couche blonde n'étant plus un problème, il ne songeait pas plus du tout à leur différence d'âge. Parce que même si de craindre son âge était pathétique, parce qu'il allait devoir y faire face un jour ou l'autre, laisser une jeune femme s'inquiéter de ses propos dans pareille situation était beaucoup plus inquiétant. Quel idiot il faisait, il n'aurait pas du se laisser atteindre, il aurait du la traiter comme toutes les autres et alors peut-être, ouais peut-être mais il n'y comptait pas trop, elle n'aurait rien décelé de différent chez lui. Sauf qu'il n'en avait toujours pas envie. Et puis, c'est sa mère et la sienne, accessoirement, qui les avaient présentés donc. Enfin bref, il était trop tard et il devait faire face à sa stupidité, un grand sourire aux lèvres.

    C'était le plan du moins. Le seul. Il aurait du en avoir d'autre en réserve mais lui et les traffiques divers, il ne traffiquait que les coeurs et encore, ça ne faisait pas bon ménage. Il aurait peut-être pu être son père mais quel mauvais père il aurait fait. Lily-An avait été épargné ! La délicate main lui effleura la joue et toutes ses pensées s'envolèrent, emportant son sourire avec elles. Pas la peine de réfléchir, un joli minois comme celui de la demoiselle valait bien d'être con. Ouais, devant pareille scène il voulait bien redevenir la stupidité masculine à son apogée. Il aimait le contact de ses doigts sur sa peau, la pression subtile qu'elle leur permettait d'avoir mais surtout, il aimait sa chaleur. Voilà qu'elle le sermonnait et lui, pauvre fou, laissa ses lèvres s'étirer lentement, dans un petit sourire presque niais. Presque. Alors elle lui faisait une leçon de drague ? D'accord, il laissait peut-être un peu trop d'espace à ses hormones, parce qu'il voulait bien qu'elle lui en montre davantage. Peut-être un petit cours 101 sur la meilleure façon de lui retirer sa robe ? Une main invisible lui tapa les doigts et il eut une grimace invisible. Tout doux médor. Oui maître. La suite des paroles de sa nouvelle maîtresse ne le percuta pas immédiatement donc mais il revint à lui assez vite.

    Annuler leur rendez-vous ? De quoi diable parlait-elle ? Son sourire ne le quitta pas mais ses sourcils se froncèrent doucement, comme pour souligner la réponse négative qu'il comptait bien lui servir. Il se demandait seulement avec quel accompagnement. Lily-An méritait les meilleurs aliments sur le marché non ? La question ne se posait pas et il baissa les yeux sur la main qui en ayant quittée sa joue, c'était refermée sur sa chemise. Intéressant. Sa voix traina lorsqu'il osa enfin l'utiliser, un petit accompagnement qu'il voulait presque raffiné.

    « Je n'oserais pas, ne craignez rien princesse. Aucun homme n'oserait poser de lapin à Cendrillon et je ne fais pas exception. J'ai dis que nous irions au bal, eh bien au bal nous irons. »

    Ça avait l'avantage d'être clair, n'est-ce pas ? Il trouvait que si. En attendant, sa main se fichait bien de ses histoires de bal et glissa contre la sienne, sur sa chemise alors qu'il se penchait sur elle, l'étudiant des yeux. Son âge était le dernier de ses soucis maintenant, elle acceptait d'aller diner avec son père, c'était mieux que rien. Il ne restait plus qu'à voir ce qu'elle voulait faire de plus avec son père. C'était presque odieux. Coquine va. Une jolie qualité pour une femme, surtout avec une paire de jambe pareille. Ses yeux furent bien tentés de leur jeter un autre coup d'oeil mais il se contenta plutôt de ses lèvres. Sa fille hein ? Impossible. Il n'aurait jamais été capable de réaliser pareil chef d'oeuvre, aussi mignonne ait été Esma. Son sourire s'étira encore un peu, l'élastique tenant bien alors qu'il se penchait sur elle.

    « Mais dite moi... cette moue, est-ce une menace ? Parce que je pourrais être sincèrement flatté par votre intérêt, sans aucun artifice, quant à m'accompagner ce jeudi. » Cette femme ne lui apporterait rien de bon, il le voyait dans ses yeux. Mais il continua. « Cela dit, ce rendez-vous n'aura rien de 'petit'. Il sera grandiose, vous verrez. »

    Trop confiant ? Il fallait calfeutrer la ride de son front et il ne connaissait pas meilleur ongant que celui-là. Son sourire s'étant finalement bien ancré dans son visage, son esprit ne craignant pas une soudaine rechute, Lynton plia encore un peu plus son corps sur le sien alors qu'il faisait remonter sa main sur son poignet délicat. Ses lèvres effleurèrent simplement les siennes au tout début puis, y semèrent un chaste baiser. Le pas de la vendeuse lui vint alors aux oreilles et il se recula de deux pas, ses doigts jouant encore un petit moment avec le poignet avant de ne l'abandonné. Il valait mieux jouer la carte du mystère, un prince est toujours plus charmant quand il vous trimballe sur son cheval blanc, fouette l'air de son épée et vous promet un royaume brillant de joyaux. Elle n'avait pas à savoir que la salle du trone était froide, le trône inconfortable et les domestiques d'une hypocrisie. Enfin, il se perdait dans son histoire de prince visiblement et il la laissa retirer sa main d'elle-même alors qu'il tournait la tête vers la sorcière, aka vendeuse.

    « D'ici là, il vaudrait surement mieux que vous remettiez vos vêtements... »

    Son sourire diminua alors légèrement, jusqu'à prendre une courbe malicieuse, presque diabolique. Presque. Il avait entendu la femme retenir son souffle, craignant probablement encore qu'ils ne soient occupés dans un quelconque jeu odieux. Lynton doutait qu'un jeu puisse être odieux mais visiblement, son avis ne valait pas grand chose dans cette boutique. La femme attendait de l'autre côté de la cabine, ses doigts s'accrochant à une robe qu'elle tenait comme si sa vie en dépendait. Que faisaient-ils encore ? Elle avait des doutes mais elle ne voulait pas se montrer grossière et les accuser à nouveau. Ce qu'elle n'avait malheureusement pas prévu, c'était la meilleure humeur et le tempérament joueur du médecin. La porte fit un petit clic, se refermant entièrement avant qu'il ne tourne de nouveau le visage vers Lily-An. Sa main gauche remonta et il posa un doigt sur les lèvres de la jeune femme, faisant de nouveau un pas vers elle. Ils allaient jouer un peu.

    « Hm non, ne remettez rien... »

    La femme laissa tomber un petit hoquet de surprise. Non, elle devait encore rêver, elle interprétait mal à nouveau. Sauf que Lynton comptait bien en profiter. Plus tôt, il n'en avait pas eu la chance mais cette fois il ne ferait pas la même erreur. On ne voyait plus son front, son sourire était présent et elle était à croquer dans sa robe. Il ne manquait rien à la scène, sauf un autre baiser, qu'il se fit à plaisir à lui voler l'espace d'un instant. Déjà ses lèvres bifurquait vers sa gorge, qu'il effleura du bout des lèvres, son souffle caressant la peau avant que sa bouche ne s'écrase contre la chaire palpitante. Sa langue effleura la gorge et il aspira tendrement, presque délicatement, sa peau. Il ne comptait que marquer légèrement son territoire, très légèrement. Sa main libre vint effleurer un genou, remonta lentement et il soupira tout bas. Ça y est; la vendeuse commençait à s'inquiéter, la peau de Lily-An à rougir et Lynton à se trouver génial. Le jeu lui plaisait mais son portable se mit en route, emplissant la cabine de sa sonnerie. Il grogna alors tout bas et se recula à peine, sa main libre s'emparant de l'appareil pour le mettre à son oreille alors qu'il ne quittait pas sa compagne des yeux. Un bleu gourmand.

    « Oui ? ... Déjà ? ... » Il fit une pause et délaissa son téléphone pour regarder l'heure, un fantome de soupire s'échappant d'entre ses lèvres encore humides. « Commencez sans moi. Je suis plutôt... » Un petit sourire étira le coin droit de sa bouche. « Occupé. Oui, c'est ça. »

    Il n'aimait pas mentir au travail, jamais. Sa main se resserra alors sur le haut du genou de la brunette et il referma son téléphone, captivé par ses lèvres entrouvertes. Sa poitrine se soulevait à un rythme qu'il appréciait, elle le captivait à nouveau et il rangea le portable sans plus d'inquiétude, ses ongles effleurant la peau nue de sa jambe. Il n'en aurait fait qu'une bouchée en temps normal mais il ne comptait pas la dévoré. Il jouait. Avec ses nerfs, sa patience, son envie, le feu en somme. Mais personne ne se brulerait, il y avait un extincteur à deux pas de là. Il l'avait vu avant de se glisser du côté des cabines.

    « Ou en étions nous déjà ? »

    Serait-il assez fou pour l'inciter à continuer ? Mais bien sur ! C'était tout à fait dans ses cordes. Même plus ! Et puis, c'était un espèce de test stupide, le meilleur moyen de connaître son avis sur leur petit jeu et sur son envie de le continuer. Malsain ? Si peu.
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Lily-An McIssac

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MessageSujet: Re: Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ]   Précepte n°1 : Se méfier de sa mère [ Lynton ] EmptyMer 9 Juin - 16:23


    « - Aucun homme ? En êtes-vous certain ? »

    An doutait fortement des mots de l'homme. Les Cendrillons étaient légion dans leur loge, bien que certaines tenaient davantage de la belle-soeur jalouse. Ce défaut ne s'était jamais ancré elle, au plus grand soulagement de son père. Il aurait trouvé ridicule ce genre de démonstration. Il aimait répéter qu'il fallait se satisfaire de ce que la vie nous accordait et ne pas se plaindre. La brune ne comprenait pas comment ses parents avaient réussi à rester ensemble pendant autant de temps. Là, où un se contentait de peu, l'autre voulait toujours plus. Quant à elle, elle oscillait entre les deux. Si dans la vie, elle ne demandait pas grand chose, elle attendait beaucoup sentimentalement parlant. Peut-être que naître dans la Lux créait des besoins plus grands que chez les autres ? Etait-elle réellement différente des autres ? Ses yeux observaient le sourire de Lynton. Lui, pourrait lui dire. Ne connaissait-il pas très bien leur milieu ? Ses sourcils se froncèrent doucement alors que le sourire de l'homme s'étirait. À quoi pensait-il ? Rapidement, elle le sut et se retint de rire. Lorsqu'elle lui criait dessus, le blond ne voyait aucune menace mais il en décelait une derrière une moue. Roulant des yeux, Lily-An préféra souffler.

    « - J'espère bien... »

    Elle se demandait tout de même ce qu'il entendait par son affirmation. Avait-il l'intention de jouer le grand jeu ? Que signifiait grandiose pour Lynton Ashlow ? S'il lui promettait quelque chose de sublime, il avait intérêt à tenir parole sinon son dépit s'exprimerait. Il n'y avait rien de pire qu'une enfant gâtée déçue. Mais An ne se sentait nullement mal à l'aise. Après tout, elle ne l'avait pas forcé. Il fallait que le blond assume ses promesses, s'il ne voulait pas qu'elle le considère comme un menteur. Cependant Lynton prenait beaucoup de liberté. Son corps contre le sien, elle jeta un discret coup d'oeil sur le côté, cherchant des yeux la vendeuse. Le baiser l'interrompit dans ses recherches. Ses lèvres faillirent s'entrouvrir pour protester mais elles finirent par se contenter d'apprécier. Leurs corps se séparèrent et elle cligna des yeux, surprise par le mouvement. Sa main se détacha immédiatement de celle du médecin. La vendeuse n'avait pas intérêt à récidiver. Son sourcil gauche se leva et elle lança malicieusement à l'homme.

    « - Et que vous pensiez aux vôtres. »

    Pour la soirée, évidemment. Néanmoins An se doutait qu'il ne devait pas penser au même moment qu'elle. Son expression se fit plus innocente que celle de l'homme. Bien décidée à se changer, An se tourna ramassant ses affaires au passage. La prochaine fois, elle se rendrait dans une autre type de boutique. Cependant la prochaine fois, elle ne sera pas forcément accompagnée du blond. Le bruit la fit sursauter et son visage se tourna en direction de Lynton. Elle ouvrit la bouche mais resta interdite sous son geste. Ses yeux louchèrent sur le doigt. Ne rien remettre ? Devait-elle le mettre à la porte ? Sa main se posa sur son torse prête à le repousser cependant le baiser la calma. Ses joues s'empourprèrent alors que ses lèvres disparaissaient vers sa gorge. Elle était une jeune fille de bonne famille, qu'était-il entrain de faire ?! Un gémissement s'envola. Un voile troublé glissa dans ses prunelles. Ses doigts se crispèrent sur le tissu. An s'apprêtait à lui intimer l'ordre d'arrêter quand le téléphone sonna. Considérant cette manifestation comme une pause, Lily-An reprit ses esprits. Malheureusement sa respiration s'accéléra alors qu'elle prenait conscience de a main de l'homme sur sa jambe. Elle n'avait pas l'intention de le laisser continuer. Gentiment, elle le fit reculer.

    « - Lynton... » Elle eut un faible soupir. Il allait très vite savoir où ils en étaient. « Un homme qui préfère batifoler dans une cabine au lieu de se rendre au bloc ou à une réunion... » Elle souffla lentement en appuyant sur chaque mot. « N'est pas très sérieux. »

    Brusquement elle le mit dehors et referma sans attendre la porte. Pas question que la vendeuse voit la trace dont son cou devait être parsemé. Changer de vêtements. Elle devait faire vite, très vite. Sans réfléchir davantage, elle quitta les futurs achats pour passer sa tenue du jour. La porte s'ouvrit sur une An vêtue comme à son arrivée. La robe sur un bras, les chaussures dans l'autre. Elle s'approcha de la vendeuse et lui tendit les objets.

    « - Monsieur se chargera de régler avant de retourner travailler... » Elle pencha légèrement la tête. « N'est-ce pas, mon chéri ? »

    Ses lèvres faillirent esquisser une grimace. Chéri. Ils venaient de se rencontrer, il y a quelques heures à peine et elle l'appelait chéri. Mais qu'avait-elle comme choix pour donner une bonne raison d'exister à la marque, qui elle n'en doutait pas, rougeoyait de plus belle ? Pas question de se faire épingler comme jeune fille de mauvaise vie à cause de monsieur. Déjà qu'elle imaginait sans
    peine le sourire satisfait qui devait se dessiner sur les lèvres de l'homme. La femme disparut et d'un
    coup, Lily-An fixa le blond. Elle croisa les bras tout en plantant ses yeux dans les siens.

    « - Vous. » Ses bras se décroisèrent et il lui fit signe d'approcher. « Vous allez me déposer chez moi et ensuite vous irez à l'hôpital. » An passa une main dans ses cheveux. « Sauf si vous êtes attendu pour une opération. Il vaut mieux que vous partiez immédiatement.... »

    Capricieuse probablement mais pas au point de le détourner de son travail. La vie d'autrui était importante et elle ne voulait pas monopoliser Lynton. Cependant si rien de très important ne l'attendait à l'hôpital, ils pouvaient peut-être s'arranger...

    «  - Mais s'il n'y a de très urgent, vous pourriez... Me déposer chez moi, hm ? » Lily-An lui offrit son plus beau sourire. « Vous connaîtriez déjà le chemin et... » Elle s'approcha et passa un bras autour du sien. « vous savez, j'ai pensé crier au viol dans la cabine mais pour un médecin être arrêté par le NSS, c'est une bien mauvaise publicité... »

    Trainant Lynton dans le magasin, An esquissa un sourire adorable. Peut-être qu'elle allait lui indiquer le bureau plutôt... Ce serait fâcheux si le blond décidait de lui rendre une visite impromptue. Ce n'était pas nécessaire, qu'il la connaisse avant jeudi. La brune songea à deux autres endroits où elle pouvait demander à être déposée. Mais une autre interrogation surgit. Et si Lyn demandait à monter chez elle ?!

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