Leonard W. Sharp

we're watching you **Leonard Sharp** Messages : 3

{ LEONARD SHARP , GENTLEMAN - THIEF

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• Nom : Sharp
• Prénom : Leonard Winston
• Âge : 24 ans
• Métier : Cambrioleur
• Lieu de vie : Raimyo
• Lieu de travail : Votre piaule bien cossue, le coffre-fort de votre loft, la poche arrière de votre pantalon...
• Loge : Ios

{ TALES OF THE THIEVING MAGPIE

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Ça commence toujours par une petite dose de kleptomanie volontaire.

Des doigts agiles, prédestinés à l’art de la pige-à-la-tire, s’aventurent du côté de la cuisine. On chippe un bout de ce que M’man prépare pour dîner. On le bouffe en cachette jusqu’à ce qu’on se fasse pincer les mains dans le sac et la bouche toujours pleine. Aïe. Je recommencerai plus! Il y a de ces trucs indémodables, peu importe l’époque. La ceinture de Papa en fait partie. Plus jamais, c’est promis!

Mais ce sont des salades qu’on raconte et qu’on se raconte, parce que du moment où on naît du côté des paumés, la Faim devient comme une espèce de mauvaise marraine-fée qui promet de nous tenailler du berceau jusqu’à notre lit de mort. Pour la contrer, le vol se fait nécessité.

La Faim et sa copine la Pauvreté façonnent un gamin. On mange juste assez pour momentanément faire taire notre estomac contrarié, juste assez pour que tout le monde ait droit à un morceau, du grand frère mécano à la petite dernière, la pleurnicharde… mais pas assez pour faire de soi un mec à la carrure d’un joueur de rugby. Non, le Leo, môme comme adulte, tient plutôt du machin maigrichon à la silhouette dégingandée. Le visage est angulaire, le nez long et la bouche trop grande, une bouche gourmande, marquée d’une balafre, souvenir d’une bagarre de ruelle. Son regard pers est aussi expressif qu’alerte; il est accoutumé à remarquer le moindre détail, à repérer gardien de sécurité et porte de sortie, sac-à-main hors de prix et bracelet si faciles à dérober. Les os saillent par endroit, sans jamais le faire paraître délicat. Cabossé plutôt, comme une vieille bagnole retapée mille et une fois. Leonard a la gueule d’un survivant, le mec qu’on balance sur une île déserte et qu’on retrouve quinze ans plus tard, vachement barbu mais toujours en vie.

Leonard, la médiane entre ses quatre frères et soeurs, semble se plaire dans cette position de pivot. En véritable juste milieu, il hérite des qualités et des défauts d’un peu tout le monde. Il possède, par exemple, la débrouillardise du grand frère, qui réussit à se faire embaucher comme réparateur sur le Basha. L’aîné, c’est la fierté de la famille. Un haut-gradé lui aurait même garanti que, s’il continue son bon travail, il pourra peut-être se faire admettre à l’académie militaire et monter en grade; ramper péniblement hors de la horde de la IOS pour rejoindre les rangs plus brillants de la SAYEH.

Du côté du second frère, le dealer, il développe comme lui un goût pour l’illicite et l’argent facilement gagné. À l’inverse de lui, par contre, Leo est assez prudent pour éviter la prison, les histoires de nanas vouées à l’échec, les beuveries dans des endroits chelous, les trucs malavisés comme se balader avec des fringues trop chères pour ne pas attirer l’attention. La règle d’or de la pie voleuse : tout rapporter à son nid et en aucun cas, en faire étalage. Leo ne porte d’ailleurs que des T-shirts défraîchis, des jeans troués, des Converses violettes devenues grises avec l’usure du temps… Quand on en vient à son physique, la seule fantaisie qu’il s’est permise se limite à ses tatouages, inspirés du test de Rorschach.

À l’image de la quatrième, Leonard est un malin. S’il n’avait pas décidé de quitter St. Adrian’s, sans doute que lui aussi, il aurait pu décrocher son diplôme sans grande difficulté. L’idée de gaspiller une année entière au service d’un régime pourri lui donnait l’envie de gerber; il a décidé de se barrer à la fin de sa troisième année. La pie est pourtant une pie curieuse. Il ne faut pas se fier à ses airs nonchalants, à sa chevelure en bataille ou à son sourire doucement ironique, qui semble vous envoyer promener sans vraiment d’agressivité.

Se tenant loin des institutions académiques officielles, Leo s’instruit en autodidacte, ce qu’il faisait déjà entre les murs de St. Adrian’s, bonifiant son éducation par des lectures de son choix. La bibliothèque d’Arkmeen ne connaît plus de secret pour lui. De plus, lorsqu’il s’introduit chez des gens de la haute, il se lance à la recherche de babioles qui lui rapporteront de quoi manger pour le reste du mois, mais aussi d’objets plus précieux à ses yeux : des livres. On trouve dans l’une de ses innombrables planques secrètes sa collection personnelle de trésors allant d’un Dickens publié par la Folio Society à un Canterbury Tales aux pages jaunies qu’il feuillette avec la plus grande des précautions.

Comme la cinquième, la toute dernière, Leo jacasse. S’il le faut, il saura se la boucler, se faire plus discret qu’une petite souris jusqu’à ce qu’on en oublie sa présence. Mais de nature, la pie est bavarde. Elle peut causer de tout et de rien et on s’étonne de son érudition comme de sa volubilité. Derrière son apparente désinvolture s’esquisse une certaine sensibilité qui n’ose pas tout à fait se déclarer, sachant le monde trop dur pour laisser place à la sentimentalité. La voix est brumeuse, l’effet de la clope comme l’habitude d’un mec qui n’a pas besoin d’hausser le ton pour se faire entendre.

Malgré toutes ces comparaisons, Leo est unique. Comme tout le monde, dira-t-on. N’empêche qu’on retrouve rarement chez qui que ce soit une telle ténacité, un tel désir de ne jamais abandonner, de se battre bec et ongles pour ne pas se laisser abattre. Laissez Leo sur une île déserte et vous verrez bien…

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