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 Lipstick Story • [Cherry]

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Dalila Laerte

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Lipstick Story • [Cherry] Vide
MessageSujet: Lipstick Story • [Cherry]   Lipstick Story • [Cherry] EmptyVen 14 Mai - 22:56

I wanna be a girl like you,
I wanna wear my face like you ~

Sérieusement, Lila se sentait très mal à l'aise quand elle n'était pas maquillée. Un truc qu'elle refoulait depuis son adolescence, ce besoin de se tartiner la face de cosmétiques, c'était presque si elle l'avait toujours eu. Quoi que, dans sa petite enfance, elle était limite garçon manqué, prête à se battre avec n'importe quel autre gamin du jardin d'enfant ou parfaitement capable d'essayer de se couper les cheveux avec des ciseaux en plastique. A vrai dire, elle avait toujours aimé ces objets, que ce soit pour des menaces de suicide ou pour découper des sachets quand elle avait la flemme de les ouvrir par là où y avait gentiment marqué 'ouverture facile'. Mais là on s'éloigne un peu du sujet vu qu'on était partis avec le maquillage au départ. Donc, revenons en à nos moutons, le maquillage. Lila avait besoin d'en porter, mais vraiment, comme on a besoin de boire, manger, ce genre de choses quoi. Surtout le rouge à lèvres, elle était arrivée à un stade où elle ne pouvait plus s'en passer, pour agrandir sa petit bouche toute ratatinée. Mais il se trouvait, malheureusement, que tous les rouges étaient trèèès chers, même certains l'étaient plus que les parfums ou les bottes en cuir. Par conséquent, c'était difficile de s'en procurer pour Lila qui se faisait sans arrêt sortir de force des magasins... Enfin c'est ce qu'elle aimait faire croire. La réalité, c'est qu'elle n'avait pas vraiment assez d'argent, mais elle ne l'avouerait jamais, elle était bien trop fière pour faire ça, pour montrer ses faiblesses. Et être dealeuse, c'est comme être mannequin, c'est faire croire au monde que t'es parfaite alors que tu l'es pas du tout, so, tu te débrouilles. Donc l'éternelle solution de dernière minute, c'était d'en choper à ses copines qui se débrouillaient toujours pour en avoir, par on ne sait quel moyen. C'était de vrais pro pour ça, en plus elles en avaient vraiment de toutes les couleurs. N'entendez pas par là que Dalila aurait finalement voulu se reconvertir en prostituée, oh que non, mais elle trouvait quand même que ce métier avait certains avantages, dont le rouge à lèvres. Mais bien entendu elle ne le dira jamais haut et fort, trop fière de son métier pour ça.

Et vous savez quoi? Et bien ce jour là, il se trouve que Dalila n'avait pas -ou plus- de rouge à lèvres sur la bouche, ce qui l'incommodait fortement. Tout remontait au début d'après-midi, là où elle avait encore du gloss qu'elle s'était mis le matin même. Elle était allée se baigner dans la mer artificielle avec trois de ses copines (en passant clandestinement bien sûr), elles avaient fait les imbéciles, avaient tenté de se noyer mutuellement etc. et sans s'en rendre compte, Lila avait perdu la couleur étalée sur ses lèvres, son gloss n'étant en rien waterproof. Quelle triste tête elle avait fait quand elle était sortit de Flinzam, qu'elle avait regardé son reflet dans un miroir qui passait par là et qu'elle s'était rendue compte de la tête qu'elle avait. Son mascara dégoulinait de partout, ses cheveux étaient pleins de sable, son nez était tout rouge, mais ça, c'était sans importance. Le plus frustrant, c'est que son gloss framboise à paillettes s'était envolé. Plus rien. Apocalypse now. Elle avait bien essayé d'en soutirer à ses amies, mais celles-ci lui avaient répondu qu'elle n'en emmenaient avec elles quand elles étaient hors service. "Pas nécessaire.", répondaient-elles. Lila était dé-goû-tée. Elle avait besoin d'avoir une tronche présentable pour ce soir, et sans rouge, elle ne ressemblait à rien. Elle n'avait pas le temps de repasser par les décombres non plus, et ses amies étaient reparties chacune de leur côté, pour aller se préparer pour le soir qui arrivait, en effet, la nuit tombait. Lila avait alors chopé un bus pour Downtown: la seule solution était d'aller là bas, croiser une amie par hasard et se mettre à genoux devant elle pour qu'elle lui prête un peu de gloss ou un truc dans le genre.

Dalila marchait donc dans la rue, telle une véritable pommée, avec une tête d'enterrement, les vestiges de son maquillage dégoulinant sur sa figure. Je vous épargne la description de sa tenue vestimentaire qui tenait plus du maillot de bain que de la tenue normale. Bon, en fait, elle avait mis précipitamment (même si elle avait eu largement le temps de se rhabiller dans le bus) son petit gilet noir, n'avait pas pensé à remettre un t-shirt en dessous et avait par conséquent le haut de son maillot, soit une sorte de soutien-gorge rose bonbon. En bas, elle avait un mini-short en jean et des chaussures à talons compensés mais pas trop. Elle aurait été mignonne si elle avait été dans un décor vacancier mais là en l'occurrence... Finalement, vous n'avez pas été épargnés. Donc elle marchait non gracieusement comme ça, dans les rues de Downtown. A cette heure là, il n'y avait presque plus personne, la nuit, la belle nuit se préparait pour le coucher du soleil.

Lila déambulait en regardant ses pieds, la tête baissée, mais comme instinctivement, elle releva la tête juste à ce moment là. Juste au moment où une envoyée du ciel marchait dans le sens inverse. Elle avait l'air super clean, et surtout, surtout elle avait un de ces rouges. Elle était à trois mètres de la dealeuse, et pourtant, celle-ci distinguait nettement cette magnifique teinte sur les lèvres de la fille. Cette fille, qu'elle avait déjà croisée quelque part, mais elle ne savait plus où exactement, ni quand, c'était trop lointain, trop flou. Elle voulait son rouge à lèvres, même si ça foutait en l'air son plan, même si c'était pas du tout une de ses nombreuses amies du trottoir, même si elle avait pas l'habitude de demander à des inconnues. Donc sans hésiter, peur de rien, naturellement, elle se lança, accourut vers elle en ne manquant pas de trébucher deux ou trois fois, la fatigue se faisant de plus en plus difficile à supporter.

Hého toi là bas, ouais toi, la fille là. Tu... t'as... je-j'aime trop ton rouge à lèvres. Mais genre je... Ouais, tu vois. Tu peux me le prêter steuplaît? Une minute, juste le temps que je m'en mette quoi. Steuplait.

Lila n'aimait pas particulièrement être polie comme ça, mais là, vu qu'elle ne connaissait pas son interlocutrice, elle était bien forcée de ramper un peu. On aurait dit une mendiante, elle était un peu trop près de la dame. Un peu trop près du genre la fille qui a trop bu et qui arrive plus à calculer la distance qui la sépare d'un être matériel. Lila en profita pour remettre une de ses mèches de cheveux noir en place, puis secoua son gilet pour enlever le sable dessus. N'empêche qu'on aurait dit que la fille qu'elle avait devant elle n'avait pas franchement l'air de venir de la Ios... Lila allait peut-être en profiter pour faire un peu de discrimination si elle appartenait à la Pooja, tiens. Après avoir obtenu ce qu'elle voulait, bien entendu.
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Melissa Zwölle

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MessageSujet: Re: Lipstick Story • [Cherry]   Lipstick Story • [Cherry] EmptyLun 17 Mai - 20:01

Un client satisfait et 1300 koruna pour Cherry. Monsieur avait doublé la mise comme petit cadeau. Ces messieurs savaient que l'agence prenait un pourcentage au passage, alors des fois, ils faisaient leur bonne action du jour. En gros, 850 disparaissait dans sa poche. Ni vu, ni connu, 100% bénéfique. C'était comme du travail au black quelque part mais ça faisait plaisir à tout le monde. Monsieur après avoir eu droit à sa gâterie rentrerait tranquillement chez lui. Le coeur léger et le compte en banque aussi. Et puis il n'avait pas de problème de conscience. Il n'aimait pas une autre femme donc il ne trompait pas réellement la mère de sa progéniture. Pour certains, voir une prostituée, c'était aussi normal qu'aller au restaurant. Ça permettait de se détendre et de ne pas avoir droit à des scènes de couple. Sans compter un très net avantage. Quand leur épouse leur disait non, elle pouvait aussi leur coller une gifle pour faire bien comprendre qu'elle refusait de subir leur petit jeu. Hors une femme de petite vertu ne pouvait pas. Le client est roi après tout. Pour le meilleur et parfois pour le pire. Surtout pour le pire. Il signe pour un service qu'il exige avoir. Enfin heureusement, la popularité permettait des avantages. D'où l'importance d'être dans le top 10 de l'agence. On pouvait choisir ses clients, ce qui signifiait éviter les tordus. Fallait pas croire. Y en avait toujours un pour demander des trucs louches.

Enfin après une bonne douche et une nouvelle couche de maquillage, histoire d'avoir l'air présentable, Melissa s'était empressée de faire un tour à la banque. Elle n'était pas suffisamment inconsciente pour se trimballer avec une telle somme sur elle. En plus, il n'était pas trop tard. Toute pimpante, la jeune femme s'entretint avec son banquier dont le regard glissait sur son decolleté. De temps en temps, il soufflait des ''hm hm'' mais ce ne fut que lorsqu'elle déposa la demande de virement sous son nez qu'une réaction apparut. Parce que monsieur avait bien fait les choses ! Il avait séparé les deux paiements. Lui, elle l'adorait déjà. Que vouliez-vous ? Si c'était comme ça à chaque fois, elle ne refuserait pas de l'avoir dans ses clients réguliers. Cette idée la mettait en joie même évidemment ce n'était pas très bien pour la femme de monsieur. Melissa compatissait sincèrement. Si si, elle était une femme tout de même ! Enfin ce n'était pas elle qui avait épousé cet homme et puis, elle n'était pas allée le chercher non plus.

En ce début de soirée, la jeune femme songea qu'un cocktail ne ferait pas de mal. Un verre au Rêves puis retour à la maison. D'habitude, Mel ne se rendait pas trop à Downtown. En tout cas pas sans s'être changée. Exit les jupes courtes, les objets de valeur et tout ce qui pouvait attirer l'oeil. Mais cette fois, c'était exceptionnel. Alors en petite robe noir, des escarpins champagne -elle ne savait pas pourquoi on utilisait ce terme pour la couleur mais peu importait, les chaussures lui avaient tapé dans l'oeil- aux pieds, Melissa déambulait tranquillement. Ce territoire ne lui aurait pas plu pour travailler. À moins d'être bien protégées, les filles devraient être à la merci de toutes les petites crapules du coin. Les mêmes que ceux qu'elle avait côtoyés à St Adrian's. Ils faisaient les fiers devant les filles, parfois les attiraient dans un coin quand la résistance leur déplaisait. La loi du plus fort valait pour tout le monde. S'en sortir sans grand frère ou grande soeur pouvait être compliqué. Un lien de sang n'était pas nécessaire. Du moment que quelqu'un de respecté vous prenait sous son aile, tout allait bien. Une question de chance ? Ouais, sûrement. Ce passé ne la rendait pas nostalgique. C'était pas ce qu'on appelait le ''bon vieux temps''. Loin de là. Mais des fois errer dans le coin lui rappelait pourquoi elle avait voulu s'échapper de ce monde. Même si c'était pas mieux ailleurs.

Est-ce que les immeubles étaient plus délabrés ? Est-ce que le sentiment d'insécurité se trouvait toujours là ? Oui. Inconsciemment, sa main gauche se leva pour saisir la visière d'une casquette invisble. Baisse les yeux. Tais-toi. Ici, elle ne s'était jamais affichée comme une fille. La meilleure façon pour qu'un mec vous mette la main dessus pour vous offrir un bout de trottoir. Oui, oui, elle appartenait à la même espèce que ces filles. Sauf qu'elle ne connaissait que les endroits classes d'Arkmeen ou de Flinzam, si un client décidait de s'amuser dans sa villa. Il disait aux filles de prendre ça comme des vacances. Ah oui, généralement les propriétaires de villa adoraient s'entourer de 4 ou 5 filles pour passer leur week-end. Ils pévoyaient pour leurs amis. Le reste ne fut qu'un enchainement d'images. Melissa calée contre un coussin à siroter une boisson d'un vert fluo presque douteux. Des corps qui s'entremêlaient. Des gens qui étaient déjà loin, très loin, dans un monde que personne ne pouvait atteindre. Ils planaient en cherchant une extase qui lui paraissait incompréhensible. Son verre, elle quitta l'endroit pour se remettre à marcher dans les rues sombres. Il était tard et ça n'avait rien de rassurant. Pour faire taire sa peur, Melissa se mit à récapituler son emploi du temps. Ses lèvres s'agitaient. Non, elle ne parlait pas toute seule même si on pouvait le croire.

Évidemment. Une voix la perturba alors qu'elle réfléchissait à son planning. Un instant, Melissa pensa à accélerer le pas. Du genre, rien entendu, je savais même pas qu'on m'adressait la parole. La familiarité, c'était bien une caractéristique du coin. D'Arkmeen où on pouvait avoir droit à ''Mademoiselle'', on passait à ''toi''. Non, elle ne jouait pas la pimbêche parce qu'elle ne fréquentait plus le même univers. Elle avait toujours détesté être interpellée ainsi. Sauf que pas de chance, l'inconnue courait suffisamment vite pour apparaître à ses côtés. La métissa cligna des yeux et recula. Son rouge à lèvres ? Pas question ! Est-ce qu'elle avait une tête à prêter son matériel ? Mais l'argument monétaire ne lui vint pas à l'esprit. Aujourd'hui, elle portait celui que Monsieur Cadeaux -surnom dont il avait été affublé par les filles- lui avait offert. Le pro pour ramener un petit quelque chose aux filles qu'il sélectionnait. Du parfum, du maquillage, des babioles pour décorer. Trois fois rien, voilà ce qu'il disait. Ah il n'était plus tout jeune Monsieur Cadeaux. La petite cinquantaine, souriant et bon vivant. Pas le genre de petit vieux à les fixer avec des yeux lubriques. Quoiqu'il en soit, elle pouvait passer son chemin.

- Non, désolée ! Y a des choses qui se prêtent pas !

Melissa la fixa un instant. L'inconnue lui évoquait vaguement quelqu'un. Mais qui ? Ses yeux se plissèrent. Ses épaules se haussèrent vaguement. Non, rien de rien. Elle avait sans doute la confondre avec une autre personne. Le temps passait, les gens changeaient. Quoique ici, c'était à se demander. Malheureusement, quitte à passer pour une imbécile, la brune n'aimait pas rester avec une impression floue, un doute. Poser sa question aurait été simple, sauf que Melissa passait toujours par des moyens très détournés, tellement détournés que seule, elle savait où elle voulait en venir. Pas toujours, d'accord. Un de ses sourcils se leva. C'était suspect tout ça.

– Pourquoi t'en as besoin ? T'as pas l'air d'aller à un rencard...

Parce qu'à la rigueur, elle voulait bien faire un effort dans ce cas-là. Sauf qu'elle n'avait pas l'air d'être habillée pour voir un garçon, où séduire quelqu'un. Dans la tête de Melissa, on ne pouvait pas avoir besoin de maquillage sans bonne raison. Quand elle ne bossait pas, elle n'en mettait pas. Elle croisa les bras et jeta un regard curieux à la jeune femme. Où avait-elle trainé ? Mel avait bien remarqué le sable qui était tombé. Où en trouvait-on dans le coin ? Elle essaya de se souvenir tout en détaillant l'intéressée. Bon, sa mémoire lui faisait défaut ce soir. À croire qu'elle n'aurait pas du se laisser aller à un petit verre d'alcool. Elle se pencha légèrement et prit une mèche noire dans ses doigts. Il lui semblait avoir déjà aperçu quelqu'un avec de tels cheveux mais quand et où ? Bonne question.


Dernière édition par Melissa Zwölle le Lun 21 Juin - 16:17, édité 1 fois
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Dalila Laerte

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Lipstick Story • [Cherry] Vide
MessageSujet: Re: Lipstick Story • [Cherry]   Lipstick Story • [Cherry] EmptySam 29 Mai - 21:40

Si on suivait la logique de Dalila, tout ce qui avait le malheur de croiser son chemin dans Downtown lui appartenait. Que ce soit une jeune fille ou un bout de papier par terre, elle considérait que c'était à peu près à elle. Peut-être que ça la mettait en sûreté, allez savoir. Par conséquent elle était très vexée quand on refusait de lui prêter quelque chose. Même si Lila n'était pas vraiment le genre de personne à qui on faisait entièrement confiance quand on lui prêtait quelque chose, on faisait souvent attention à exaucer ses prières, aussi impolies fussent-elles. Surtout quand on était une prostituée et qu'on la croyait des siennes, on lui prêtait n'importe quoi. Même si vous saviez pertinemment qu'elle n'allait pas vous rendre ce qui vous appartenait, parce que Reine Lila allait oublier ou allait perdre ce qui était momentanément à elle. Bref. Dans l'esprit de Dalila, on ne devait rien lui refuser, encore moins des choses futiles comme les rouge à lèvre, ce qui était le cas ici. En plus la fille pouvait être sûre que la dealeuse n'allait pas faire n'importe quoi avec, elle était là, devant, sous ses yeux. Quand bien même elle partait en courant avec le rouge à lèvres, la fille n'allait pas en crever sur place, ça va.

Dalila était d'ailleurs sûre à présent que la fourmis non prêteuse devant elle venait de la Pooja. Elle parlait trop bien. Une fille de la Ios, une vraie, une pure, ça aurait éclaté de rire au nez de Lila et ça aurait sorti un truc du genre 'Ah, dans ta face, crève, je l'ai payé trop cher pour te le prêter !'. Mais là, ce... 'Il y a des choses qui, gnagnagna...', ça puait la politesse. Dalila, en entendant ce terrible refus de se rendre service entre filles, afficha une expression qui vacillait entre le dégoût et l'étonnement. Un peu quand vous arrivez devant un magasin et qu'on vous dit gentiment 'Désolé, vous devez revenir demain, nous fermons dans dix minutes.', vous voyez ? Lila faisait ce genre de tête dépitée.

Pour une raison qui lui était inconnue, elle commença à paniquer de ne pas avoir son rouge. Une dealeuse pas féminine du tout, c'était normal. Pour les autres. Dalila avait besoin d'agrandir sa foutue bouche. Et elle arriverait à ses fins, par n'importe quel moyen, peut importe ce qu'elle devrait faire pour soutirer l'objet de son désir à la fille devant elle. Elle tira sur sa manche de gilet en se tortillant les jambes.

Mais heu, vas y, t'es pas sympa. T'as peur que je mette des microbes dessus, hein, c'est ça ? Regarde je suis pas malade, je vais bien. J'vais pas le bouffer, ton truc. J'ai déjà essayé, c'est dégueu, je recommencerai pas.

Bon. Le coup de j'ai-déjà-gouté, c'était pas vrai, hein. Un peu de dignité. Mais c'était juste histoire de convaincre la petite dame qu'il n'y avait aucune raison pour qu'elle ne prête pas son agrandisseur de bouche. Dalila mit ses doigts dans sa tignasse brune et regarda par terre. Comment allait-elle faire pour vendre ses trucs ce soir si elle n'avait pas de rouge sur les lèvres, hein, comment ? Elle allait devoir mentir, une fois de plus, comme elle le faisait si souvent. Elle allait encore s'inventer une vie où avoir du rouge aux lèvres était quelque chose de fondamental. Sauf que là, tout de suite, elle n'avait pas d'idée qui lui venait.

Puis la jeune fille devant elle lui donna, sans faire exprès, l'idée. Du siècle. Faire croire qu'elle avait un rendez-vous avec un garçon. Et pas n'importe lequel. Elle allait raconter qu'elle avait un rancard avec, suspense... Detlev ! Le grand, le fort, le blond Detlev qui provenait tout droit des lointains rivages de l'imagination de Lila. En plus elle ne manquait jamais d'inspiration pour parler de lui, bien qu'elle ne l'ait en réalité jamais rencontré. Et c'est pour ça qu'il était super, parce qu'elle pouvait raconter absolument n'importe quoi à son sujet, personne n'irait jamais vérifier. Et gare aux âmes téméraires qui osaient ne pas croire à ses saintes paroles. Detlev, c'était le mec parfait, c'était le mec qu'elle voulait. Parfois, aussi étonnant que cela puisse paraître, elle le voyait dans des sortes de rêves éveillés durant lesquels elle pouvait l'apercevoir en chair et en os, devant ce bar qu'on appelait le Rêve, justement. Mais elle se disait souvent qu'elle avait trop bu et repartait aussitôt, oubliant qu'il existait effectivement quelqu'un qui ressemblait à son copain imaginaire.

Quand elle entendit la question, Dalila releva les yeux et sourit joyeusement de toutes ses dents. La jolie jeune fille allait avoir droit à une description détaillée du rendez-vous fictif. Et elle allait être forcée de prêter son maquillage.

Nan, trop, ouais, j'ai un rancard. Avec mon copain. Et tu vois il s'appelle Detlev, il habite pas loin de chez moi, il a vingt-cinq ans, il est blond et heu... il m'aime trop comme un fou, haha. Sauf quand je mets pas de rouge à lèvres. Il m'fout des baffes des fois, tu vois ? J'ai pas envie de me faire taper, pas que ça à faire de me faire passer pour une victime.

Detlev. Physiquement, il était toujours pareil dans la tête de Dalila. Après, niveau personnalité, il changeait selon la situation. Tantôt prêt à venir vous tuer en vous fracassant la tête contre le trottoir si vous aviez eu le malheur d'agresser la gente demoiselle, tantôt violent avec les femmes, tantôt alcoolique. Il servait aussi bien à faire peur aux gens qu'à les apitoyer. Vraiment très utile. Bien sûr, Dalila ne savait pas mentir et là, en l'occurrence, ça se voyait. Mais elle vous forçait tellement à croire ce qu'elle racontait qu'à la fin, vous ne doutiez presque plus d'elle. Logiquement. C'est ce qui se passait en général avec ses amies prostituées. Qui savait si elle avait vraiment une super cave dans son taudis ? Personne. Personne pour s'attarder sur ce genre de futiles détails à la noix. Puis Lila s'était rendue compte avec le temps, que plus elle croyait elle même à ce qu'elle racontait, plus les autres la croyaient, malgré son manque de talent pour la comédie. Par conséquent elle avait du mal à faire la différence entre les propos réels et les propos fictifs qu'elle pouvait tenir.

Oh, et Lila était toujours autant persuadée de l'avoir vue quelque part, cette fille. Si, elle l'avait croisée, obligé, sa mémoire n'était pas défaillante à ce point. Où ? Ça, elle ne savait plus, il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin. Mais ça allait revenir, ça revenait déjà. Elle devait sûrement l'avoir croisée il y a longtemps... peut-être lui avait-elle vendu des trucs ? Non, sûrement non, elle n'avait pas une tête à se droguer, la fourmi. Les drogués, ils étaient prêteurs, Madame ! Mais si, elle avait déjà vu cette tête. Ah. Si, c'est bon, elle savait maintenant. Les couloirs du collège. Là où... Lila n'aimait pas se rappeler cette époque de sa vie, la période de toutes ses faiblesses, de toutes les fois où on l'avait soumise. C'était les professeurs, les autres. Le collège est peut-être un des endroits les plus mesquins du monde. Ce n'est pas que dans la rue que Lila a eu ses premières expériences avec la drogue, ce n'est pas que dans les décombres qu'elle a effleuré l'illégal pour la première fois. Les premières personnes à qui elle avait vendu sa marchandise n'était pas des adultes, vous savez ? Vous ne saviez pas, ce n'est pas grave.

Bref. Elle avait été avec cette donzelle au collège. Remarquez, il n'y en avait pas trente-six, des écoles, sur le vaisseau : soit vous étiez pété de thune et vous alliez aux Meagna, soit vous étiez pauvres ou normales et vous alliez à la St Adrian's ou soit vous vouliez vous lancer dans le militaire et vous alliez à l'Himmel, point barre, y avait pas d'autres issues possibles. Par conséquent, comme la dame n'avait ni l'air d'un militaire, ni d'une riche, elle y avait forcément été. Dieu, Dalila venait d'avoir un raisonnement logique, incroyable. Elle savait aussi que la fille n'était sûrement pas une des ces jeunes délinquantes que Lila s'efforçait de suivre comme un petit chien au collège, celles-là, la dealeuse n'oublierait jamais leurs visages, leurs faces de fouines, elles les reconnaitrait entre milles.

Han, en plus, t'sais quoi ? Je suis sûre que je t'ai déjà vue. Donc tu vois, ça veut dire qu'on est potes si on sait déjà vues, t'es ma copine quoi. Enfin je sais pas. T'es peut-être allée à une soirée où j'étais aussi tu vois, j'organise des fiestas des fois chez des copines. Puis on invite des gens puis après on s'en rappelle plus. C'est marrant, hein ?

Oui, Dalila n'aimait pas parler du collège, donc il fallait mieux tout de suite emmener la fille sur un autre chemin, lui faire croire autre chose. Dans la suite des évènements, Lila allait sûrement connaître son petit nom, puis comme ça elle pourrait savoir avec qui elle trainait au collège et ainsi déterminer toute seule si elle était de la Pooja ou non. Un vrai travail d'investigation, ça lui en donnait mal au crâne à la Lila. La douce et gente demoiselle, stressée qu'elle était, avouons le, décida de s'allumer une cigarette. Cigarette qu'elle n'avait pas. Elle pourrait peut-être en demander une à... Non, rouge à lèvre d'abord, on reste concentrée sur le rouge, le rouge.
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Melissa Zwölle

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MessageSujet: Re: Lipstick Story • [Cherry]   Lipstick Story • [Cherry] EmptyLun 21 Juin - 16:16

Mel se redressa aux paroles de la jeune femme. Les microbes, c'était pas mal comme idée, elle aurait du y penser ! Mais la suite la laissa sans voix. Ses sourcils se soulevèrent alors qu'elle fixait son interlocutrice. Que venait-elle de dire ? Bouffer du rouge à lèvre ? Soit elle se moquait, soit elle était grave. Une grimace à moitié dégoutée, à moitié perplexe se dessina. C'est vrai que dire ce genre de chose donnait très envie de prêter ses affaires. Là, l'image du bâton mangé en partie apparut comme un flash dans son esprit. Pendant ce temps, la miss se tortillait sur place et Melissa ne put se retenir de lui jeter un coup d'oeil exaspéré. S'il voulait parler dire quelque chose qu'elle le fasse.

Il y avait bien une façon d'envoyer un message subtil. Celui écoute cocotte, je suis pressée, tu me lâches, hm ? Et le moyen restait le téléphone portable. S'apprêtant à fouiller dans son sac pour mettre la main dessus, la métisse se figea sous le nom de Detlev. Ça lui disait quelque chose. À Saint Adrian's, plusieurs fois un type nommé ainsi avait été mentionné. Ce n'était pas très commun en plus. Qui en parlait tout le temps ? Une fille. Elle l'avait croisé à nombreuses reprises mais elles ne se frréquentaient. Disons qu'elles ne traineaient pas avec les mêmes personnes et ne partageaient pas les mêmes aspirations. Il lui avait toujours semblé que cette élève était membre de la petite mafia locale. Quand on commençait le trafic de drogue au collège, on pouvait difficilement considérer le contraire. Ses amis ressemblaient à des mecs qui tapaient sur tout ce qui les gênaient. Certains mêmes n'hésitaient pas à forcer la main aux filles faisant valoir la loi du plus fort. Quant aux adolescentes, il devait s'agir des dealeuses déjà présentes. À part leur visage, Mel ne savait rien d'elles et encore. Même en les croisant, elle ne saurait les reconnaître.

Cependant l'impression de déjà vu lui paraissait partager. Sa main droite finit par plonger dans le sac pour en sortir un appareil pas plus grand que sa paume. Sur l'écran de veille, des images abstraites défilaient. Elle le regarda pensivement pendant que l'inconnu pas si inconnu que ça lui faisait part de ses pensées. Mel n'aurait pas dit qu'elles étaient potes mais si l'autre voyait ça de cette façon pourquoi pas. En plus, la métisse doutait fortement que leurs soirées soient les mêmes. L'idée de finir une soirée sans se rappeler de quoique ce soit la répugnait totalement. Est-ce que de l'alcool ou de la drogue circulait ? Probablement. Allez en activant ses neurones, la réponse finirait bien par se former. Brune. Detlev. Déjà croisée. Detlev. Mec violent. Drogue. Ses sourcils se froncèrent. Non... Elle ? D'une voix hésitante, la jeune femme finit par souffler.

 - Dalila... Laerte ? 

Il n'y eut pas de simulation de joie ou de manifestation excessive de contentement. Vous savez les comportements dont certaines filles vous gratifient après de longues années lorsqu'elles vous tombent dessus. Comme si vous aviez été les meilleures amies du monde. Passant une main dans ses cheveux, prise au piège maintenant qu'un prénom avait été lancé, Melissa hésita. Elle devait attendre une réponse au moins par politesse. Après elle pourrait filer discrètement en trouvant une bonne excuse. Peut-être même que rentrer serait une bonne option. Mais elle ne put pas s'empêcher de lancer une phrase.

 - Alors tu, hm, deales toujours ?

Simple supposition bien que ça ne l'intéressait guère. Quand on commençait très jeune dans le secteur, on sortait rarement du système. À moins de faire une overdose. Mel finit par ranger l'appareil, ses doigts cherchant autre chose. L'objet tant convoité. Elle pouvait bien faire un effort. Quoique, même s'ils allaient dans un même établissement, il y avait toujours eu certaines tensions entre la Ios et la Pooja. Elle le savait parce qu'elle l'avait vécu. Pour être acceptée, il fallait finalement faire comme eux, suivre le même chemin. Ce que Melissa avait toujours évité avec soin mais le temps l'avait rattrapé. Maintenant, elle s'était faite une raison drogue et prostitution allaient de pair et c'est pour ça qu'il n'était pas rare de voir les filles se fournir auprès des dealeurs. Les différents produits leur permettaient d'oublier leur quotidien et rêver du meilleur. En parlant de meilleur, la métisse songea au petit ami à la fois si parfait et si timbré de la jeune femme.

 - Hey, il existe vraiment ce Detlev ? On t'a jamais vu avec...

Ça se ne faisait pas de remettre en cause la parole de quelqu'un mais il fallait être honnête. À Saint Adrian's, on avait plus entendu parler de lui qu'on ne l'avait vu. Alors évidemment, il y avait de quoi se poser des questions. Mais Mel ne voulait pas paraître déplaisante. Etait-ce mal poli d'exprimer du scepticisme ? En même temps, on ne prenait pas de gants entre personnes du même établissement. En plus c'était une question qu'elle avait toujours voulu lui poser. Le rouge à lèvre ? Plus tard allons...
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